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Haïti: Deux ans d’insécurité, de morts, de pauvreté extrême et encore

Les récentes turbulences politiques ne sont pas des produits du hasard. Bien au contraire, elles proviennent toutes de l’orientation des choix politiques de nos dirigeants. Les “à peine élus” en particulier.

Mis à part les multiples promesses qui ont été faites à la population haïtienne, le gouvernement haïtien n’a pas su assurer la sécurité de son peuple. Le chacun pour soi est l’ordre depuis plus de deux ans. Certaines zones restent et demeurent jusqu’à date de non-droit. Ce sont des bandits notoires qui les contrôlent sous les regards impuissants des forces de l’ordre. Une anomalie perçue malheureusement normale et acceptée par tous.

Le climat d’insécurité effraie davantage la population. Le cœur triste et de peur chacun soumis à l’idée de recul devant les dangers que nul ne peut braver. La police s’est vue à genoux. Martissant, Cité et Village de Dieu, Grand-Ravine, Carrefour-Feuille, La Saline, Savien, Ti Mache, Papay à Ganthier etc. sont échappés du contrôle des forces de l’ordre. Des petits États semblent être nés d’Haïti par des grands chefs de bandits qui décident qui doit vivre, qui doit mourir.

Plus fragile que jamais, la police touche à une vulnérabilité qu’elle n’a pas connu depuis 2004, où des civils armés déshabillaient les policiers pour contrôler des zones éloignées de la capitale. Depuis deux ans, Port-au-Prince connaît couramment la mort de policier. Et ceci, sous des projectiles des gangs qui sont le plus souvent des évadés de prison ou des amis-proches de quelques politiciens, députés et sénateurs surtout, souhaitant esquiver leur toutou de grand chemin des peines condamnées.

C’est ce mal qui ronge l’aise haïtienne. Les armes livrées à n’importe qui, qui ôtent la vie de n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. Un rythme qui progressivement éloigne tout du contrôle des autorités concernées. Le cas du journaliste Vladjimir Legagneur en est un exemple probant. Il y a plus d’un an, le journaliste est porté disparu. Le journaliste et co-propriétaire de RSF, Rospide Pétion a été lâchement assassiné au Bicentenaire le 10 juin 2019, Néhémie Joseph jeune journaliste de la radio Panic FM à Mirebalais et correspondant de Méga a été abattu toujours et encore par des bandits armés non identifiés le 10 Octobre 2019. L’enquête des hauts commandements de la Police continue à s’inscrire dans les archives de “l’enquête se poursuit”… tel est le cas pour plein d’autres. Une phrase qui devient sans sens quant à l’espoir de la famille des victimes en Haïti.

Après l’émeute du 6, 7 et 8 juillet 2018, du sang a coulé des yeux d’Haïti avec une déroute confirmée. Celle-ci, observée depuis plus d’un an par des économistes, sociologues, arrive à ce point où tout le monde se croise les bras et laisser les dirigeants plonger le pays dans l’abyme d’une crise aiguë évaluée à partir de la valeur de la gourde et du taux de l’inflation. Ce qui est probablement la cause de plusieurs morts lors des opérations de rançons par des hommes qui sont, d’après le Président, en quête d’emploi.

La cherté de la vie, ainsi que l’incapacité des jeunes à se procurer d’un boulot, conduit à la résignation de plusieurs à l’usage d’une arme de poing pour obtenir de quoi survivre. Un État absent, une bourgeoisie qui se tait et un peuple livré à lui-même. Pourtant, cette absence de l’État n’enlève pas les cas de corruption enregistrés au niveau du parlement. Alors que ses parages sont très fréquentés par des bandits notoires, causant du sang, ici, tout comme ailleurs.

Depuis 14 Août, date marquée par une prise de conscience populaire quant aux effets malencontreux de la corruption ; 17 Octobre et 18 Novembre, marqués par des soulèvements populaires avec pour requête le procès PetroCaribe; 7 Février et 9 Juin 2019, à cause du mépris du procès par le Président, son départ est alors recommandé dans les rues; pour arriver à aujourd’hui, où les mouvements populaires s’intensifient dans le pays tout entier avec le départ du Président comme condition sine qua non pour que le calme retourne en Haïti, il est clair que les ficelles qui relient les parties du système commencent à casser une par une. Mais, pas sans du sang et des morts. Surtout lorsqu’on reconnaît le cynisme de nos dirigeants faisant partie des gardiens du système.

Jamais un jour ne s’en va sans qu’une personne, au moins, ne parte vers l’au-delà. Aucune sympathie de l’État ; Les morts ne sont rien aux yeux des gens qui dirigent. Que tout le monde meurt, peu importe ! Aucune manifestation n’a eu lieu sans que le sang de quelqu’un ne coule. Si ce n’est pas de la faute des forces de l’ordre, c’est de celle des manifestants ou des proches du pouvoir qui sèment la terreur. Plus d’une centaine de morts sur tout le territoire depuis les récentes mobilisations. Ça ne veut rien dire. Le pire, aucune autorité ne réagit. Le sang continue à couler. Nous continuons de compter des cadavres. Ainsi va la République!

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