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Cireurs de chaussures à Port-au-Prince : Le parcours du combattant

La ville de Port-au-Prince foisonnent de jeunes et moins jeunes qui arpentent ou se tiennent dans les coins et recoins des rues pour cirer ou réparer les chaussures. Leur principal objectif, gagner leur vie et répondre aux besoins de leur famille.

Ils sont nombreux à pratiquer cette activité pour pouvoir répondre à leurs besoins. Beaucoup parmi eux sont des jeunes ruraux qui se ruent sur les grandes villes du pays à la faveur d’un exode rural difficilement maîtrisable. Mais très vite, ils se rendent comptent que la ville n’est pas ce lieu qui remplissait tous leurs rêves. Loin de la tranquillité de leurs familles, ils vont vite apprendre à se débrouiller, certains pour vivre, d’autres, pour survivre pour d’autres.

« A la mort de mon père, ma mère s’est appauvri. Un an plus tard, [voulant l’aider à subvenir aux besoins de la famille], je me suis lancé dans la rue, accompagné de quelques amis qui m’ont appris le métier de cireur de chaussures », lance Rosemond Pierre, 22 ans, qui a dû abandonner l’école en 6e année fondamentale à la suite du décès de son père.

Pour lui, il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que sottes gens.

Cadet d’une famille de sept enfants, Pierre parvient tout de même à payer la scolarité de ses jeunes frères ainsi que celle de sa sœur ainée. « Je suis fier de voir comment mes petits frères évoluent. Ils sont brillants à l’école. Cela m’encourage à travailler dure. Ma mère vend des produits de premières nécessités. Ce qui lui permet de répondre à certains besoins de la famille », confie-t-il tout souriant.

Certains cireurs de chaussures s’installent dans des endroits publics où la clientèle abonde. D’autres, vont à la chasse des clients et arpentent les rues et ruelles de la capitale. Leur cible, d’abord les élèves, ensuite les étudiants et enseignants avant le début des cours ou la rentrée des classes. Et ce, en attendant que les fonctionnaires des administrations publiques et privées se pointent à leur lieu de travail.

Dès son jeune âge, Pierre rêvait de devenir médecin. Mais hélas, le destin en a décidé autrement pour ce jeune homme qui se sacrifie pour offrir à ses frères et sœurs ce qu’il n’a pas pu réaliser dans le passé.

Rosemond Pierre n’est pas seul dans son chemin de croix.

Il y a des centaines d’autres dont Carlo Michel, 40 ans, père de six enfants, originaire de Kenscoff qui sillonne tous les matins, les différentes artères de la région de la capitale. Il dit gagner son argent dans la dignité en s’adonnant à ce métier. Mais, en raison du phénomène de pays lock qu’a connu le pays ces trois derniers mois les choses se compliquent. « Peyi a pa gen travay si’m pat fè aktivite sa a, se chen ki tap tranpe kasav pou mwen », soutient-il, visiblement frustré.

Un métier difficile !

Les pratiquants de ce métier confrontent d’énormes difficultés.

Au Carrefour de l’aéroport sous un soleil de plomb, nous avions rencontré Gary Jean, 30 ans, au milieu de plusieurs cireurs de chaussures cherchant un endroit frais pour échapper au soleil qui envahit leur espace de travail. Jean assure que devenu cireur de chaussures communément appelé Chany en Haïti, n’était pas son rêve.

Mais, la situation difficile de sa famille l’oblige. Issu d’une famille de huit enfants, Il devrait se démêler pour aider sa maman veuve. A côté de sa boite, il vend des boissons gazeuses. Malgré leur courage et leur détermination, les cireurs font face à d’innombrables difficultés, se plaint Jean.

« Nous sommes victimes parfois d’actes de banditisme. Certaines personnes refusent parfois de nous payer le service rendu », explique-t-il.
Certaines personnes pratiquent le métier de cireur de chaussures pour ne pas manquer de quoi à se nourrir. Parmi eux, il y a non seulement des cireurs et nettoyeurs mais aussi des cordonniers. Ils sont nombreux au centre-ville pour aider les passants et riverains qui n’ont pas eu le temps de nettoyer et cirer leurs chaussures à la maison. Ces jeunes s’y adonnent en raison de l’étroitesse du marché de l’emploi dans le pays.

Les jeunes cireurs de chaussures, au-delà des apparences, contribuent grandement au bien-être de leur famille et gagnent honnêtement leur vie grâce à une cloche dans une main et dans l’autre, une boîte de cirage contenant « noir d’aniline, neutre, black bold, plusieurs morceaux de tissus et une brosse ».

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