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Une décennie noire pour les victimes du 12 Janvier 2010

Haïti s’apprête à commémorer ce 12 janvier 2020, le dixième anniversaire du passage du tremblement de terre de 2010. Ce phénomène naturel a emporté sur son passage plusieurs centaines de milliers de vies et laissé derrière des séquelles indélébiles. Certains ressassent les instants douloureux vécus cet après-midi du mardi 12 janvier et portent encore des cicatrices corporelles et psychologiques éternelles. Dix années plus tard qu’avons nous fait de la mémoire des disparus?

4h53 pm, Port-au-Prince est ses environs fonctionnent comme à l’accoutumée, les activités marchent à l’ordinaire et la fin d’après midi s’annonce tranquille. Soudain, survient cette énorme sensation, cette étrange vibration qui fait peur et provoque la panique générale. La terre a tremblé, la terre a secoué sous nos pieds. Aux premiers instants, les cris retentissaient dans le ciel noir du pays, plongé dans le chaos et ce tableau remonte des souvenirs de ruines d’un espace ravagé après une guerre. Les maisons s’écroulent, des vies ont été emportées sous les décombres de bâtiments impuissants face à la magnitude 7.3 sur l’échelle de Richter de ce cataclysme.

Dans l’angoisse et le désespoir, des entrailles se déchirent, des familles sont anéanties, des foyers sont disloqués. En moins de 45 secondes, nous avons perdu mère, père, frère, sœur, ami, confrère, des êtres qui nous ont été chers. Ce triste mardi du 12 janvier a plongé encore plus dans l’abîme un pays qui peine à se relever. Les bâtiments publiques n’ont pas su résister, le palais national, le palais législatif et le palais de justice sont effondrés, la cathédrale de Port-au-Prince, les écoles, les hôpitaux n’ont pas été épargnés. À chaque coin arpenté dans la capitale, les cadavres asphaltaient notre chemin et l’odeur puante enterrait l’envie de partir désespérément à la trousse d’un proche et augmentait la fissure morale.

Plusieurs années se sont écoulées depuis et les dégâts provoqués sont considérables. Plusieurs bâtiments endommagés dans cette catastrophe s’érigent encore comme pour nous rappeler l’état de notre fragilité. Le centre-ville de la capitale fonctionne toujours sous la cadence sismique où chaque vibration ressentie crée la pagaille.

Dix ans plus tard, le pays trotine encore et se heurte constamment au défi de faire revivre ses fils plongés dans l’attente d’un ouf de soulagement. Les gouvernements se sont succédés, les promesses coulent à flots mais hélas ! Rien n’est fait, aucun effort réel nest consenti afin de redresser la barre. Les nombreuses familles qui croupissent jusqu’à aujourd’hui sous les tentes, ont été les proies d’une vague d’organisations venues pourtant à leur rescousse. Ces missions humanitaires majoritairement occidentales ont, pendant longtemps, profité de cette misère atroce pour asseoir leur capital au détriment de cette couche vulnérable. Ces déshérités qui sont gardés prisonniers de leurs misères croupissent dans la crasse et assistent au jour le jour avec impuissance le délabrement de leur situation sociale. Des rêves s’éteignent à petit feu.

La terre s’est nourrie de la chair humaine jetée dans les fosses communes, des corps ont retourné dans la poussière. Le laxisme criant des autorités insouciantes, incapables d’adresser les problèmes de logement et de construction hante constamment les esprits. Combien de cadavres doit-on dénombrer de plus? Combien de personnes amputées devons-nous continuer à supporter? En dépit des multitudes journées de prière organisées dans le but, dit-on, de remettre le pays à Dieu, Haïti n’a pas encore connu ce miracle tant espéré. Les haitiens croisent encore leurs doigts et se livrent sans arrêt à la mercie des dizaines de chapelet récitées ou les requêtes de prière adressées au souverain créateur. Des voix se sont élevées pour alerter la population sur la nécessité de se préparer en cas d’un éventuel cataclysme.

Face à ce danger imminent, l’état ne devrait-il pas tirer la sonnette d’alarme et mettre les bouchées doubles dans la dynamique de sauvegarde des vies et des biens? Quel est le rôle des instances telles que L’UCLBP ou encore L’EPPLS dans cette bataille? Nous avons tous été victimes de ce tremblement de terre. Nous devons tous ensemble former ce faisceau pour dire, qu’il est grand temps que l’état cesse d’agir en pompier. Nous ne devons plus nous contenter à rendre hommage aux personnes disparues tous les ans sous les ruines du site saint Christophe car peut-être un jour, nous serons à notre tour l’objet des hommages à titre posthume.

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