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Port-de-Paix: Radiographie d’une ville haïtienne en détresse

Port-de-Paix, tel est le nom de cette commune de 462 000 habitants ( depuis 2015). Chef-lieu du département du Nord-ouest, cette ville s’est pourtant faite oublier par l’Etat central. Toujours loin des centres de négociations et de liquidations d’avantages, de projets du pouvoir central, elle se trouve aujourd’hui dans un état qui devait interpeller les autorités, qu’elles soient locales ou nationales.

Son entrée principale est une longue allée en terre battue bourrée de boue, d’eau à odeur puante, de maisons mal construites, sans espace entre elles, non-peinturées, qui font penser à des habitats non fréquentés. Pourtant, sont en surnombre les gens qui s’accroupissent tous les jours à l’intérieur des quatre murs placés aux abords de cette rue dénommée Rue Dumarsais Estimé.

Les incontrôlables constructions dans les mornes sont malheureusement cause de l’érosion, du glissement de terrain et de la portée excessive des bouts de terre au coeur de la ville lors des pluies diluviennes. Ainsi, les quelques routes bétonnées sont presque toutes remplies d’amas qui encombrent la circulation, et qui produisent de la poussière, quant c’est ensoleillé.

Donc, aucun temps ne fait pas du bonheur au Chef-lieu du département du Nord-ouest. Le soleil donne lieu à la poussière. La pluie, quant à elle, enfonce les port-de-paisiens dans leur marasme. Inondation, glissement de terrain, font partie des problèmes qui attendent chaque personne qui tente de se faire une vie dans la commune.

L’espace qui était longtemps considéré comme camp d’aviation et qui porte encore ce nom, est le lieu désastreux où les déchets toxiques sont jetés sous le nez de plusieurs églises chrétiennes et écoles de renommée. C’est là que sont logés plusieurs animaux, comme des porcs pour déchirer les restes de bananes, d’ignames, de patates et d’autres produits agricoles utilisés couramment en cuisine.

La rivière qui sépare la ville en deux, considérée comme poubelle depuis belle lurette, est tellement remplie qu’elle déverse non seulement les déchets qui sont trop et qui empêchent l’aisance passage de l’eau, mais aussi une odeur qui tend à contaminer. La fatigue olfactive constitue l’imminent obstacle reculant les autorités devant l’odeur puissante.

À Grigris, une zone située au Nord’Est du centre-ville, des maisons sont englouties dans le sol. Une ravine non drainée, non orientée par les autorités, fait des milliers de victimes à chaque moment d’intempérie. Elle ramasse tout ce qu’elle trouve sur son passage, inonde des maisons de pauvres gens et réside pendant un bon moment dans la cour de divers habitats, les rues, jusqu’à ce que les rayons du soleil se montrent assez puissants pour sécher les eaux.

L’électricité se fait rare au jour le jour. Pour pallier à ce problème majeur, chaque citoyen ayant la capacité, se fait procurer d’énergie renouvelable. Le toit d’une pléiade de maisons est occupé de panneaux solaires, quelques uns éoliens. Parfois, cette ville perdue, pendue, passe près de six mois sans connaître où sont passés les services de la direction communale d’Électricité d’Haïti. Pour les fêtes de fin d’année de 2019, de longues séquences de rationnement sont observées, juste pour pouvoir couvrir cet événement annuel.

Cette portion de terre qui renferme et produit de belles têtes fait face à une insécurité qui ne se qualifie pas encore. Plusieurs usagers de la route menant au camp d’aviation témoignent avoir été victimes de braquage. Dans la nuit du 24 décembre, un jeune a failli perdre sa vie lorsque des individus non-identifiés lui a blessé pour qu’il laisse son vélo entre leurs mains. Beaucoup de jeunes se disent menacés par le fait qu’il y a une forte quantité d’armes de poing en circulation dans la ville. Alors que les dispositifs de sécurité ne sont même pas compatibles au nombre d’habitants que renferme la ville.

Port-de-Paix est cette ville qui attend de nouvelles élections avec des candidats qui chantent à gorge déployée la cantique coutumière avec laquelle tout le monde est habitué, sous de la boue, dans la poussière et de l’eau contaminable.

Un vent de division entre leaders met la ville sur un échelon misérable où certains refusent de participer aux activités d’autres, par prudence, mépris ou refusent d’afficher de comportement d’adhérence. Les leaders y sont extrêmement orgueilleux. Alors que, la ville s’oublie dans un jardin de haine, de jalousie, de malheur et d’hypocrisie.

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