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Port-au-Prince, la capitale de la peur

Le Kidnapping est bien réel. Il touche toutes les couches. Et chacun a son prix de rançon. Il prend une allure de sprint. Le Kidnapping s’étend, à mesure que les jours passent. C’est une affaire juteuse pour ceux qui aiment l’argent facile.

Les kidnappeurs sont partout dans la ville. Ils sont prêts à tout, et pourraient venir de partout, de toutes les couches sociales. Les malfrats n’épargnent personne: commerçants, simples citoyens, étudiants, enfants, religieux… ils sont comme des lions affamés, chassant n’importe quelle proie.

On vit avec la peur dans le ventre. On s’inquiète pour le moindre retard de nos proches dans les rues de la capitale. Les numéros inconnus affichés sur les écrans de téléphone font craindre. On limite nos déplacements. Des messages de prudence circulent en boucle sur les réseaux sociaux. Parents, amis et collègues de travail s’appellent les uns les autres à la prudence. On ne sort que pour gérer les urgences et les indispensables. Certains employés ne vont pas travailler tous les jours. C’est une autre forme de “Pays Lock”. Pas de barricades, mais on ne veut pas sortir. C’est la peur totale.

À qui profite le Kidnapping?

Il pourrait être un moyen pour déstabiliser le pouvoir en place. Certains opposants, détracteurs farouches pourraient vouloir prouver que Jovenel Moïse n’a aucune capacité de diriger, d’avoir le contrôle du territoire. Et c’est déjà prouvé que le président de la république ne contrôle et ne dirige rien. Le Kidnapping, par contre, pourrait être une stratégie pour empêcher les protestations, en plus des assassinats lors des manifestations contre Jovenel Moïse.

Et si ceux qui alimentaient les gangs armés ne parvenaient plus à les entretenir? Sachant le lien étroit entre le pouvoir en place et les gangs, tenant compte de la police qui veut minimiser les faits, ne serait-ce pas un moyen de donner champs libre aux bandits afin de se nourrir? Et les membres de la classe des affaires? Le journaliste Luckson Saint-Vil avait réalisé un reportage enquête dans lequel il avait montré clairement le rapport ètroit entre l’Etat, des hommes politiques, la bourgeoisie et les gangs armés.

Quand on sait que chacun a son groupe de bandits, même les potentiels auteurs intellectuels des actes de Kidnapping pourraient, eux-aussi, être touchés de près ou de loin. Et malgré tout, on s’en fout. Qu’ils soient du pouvoir, de l’opposition et la classe des affaires, il y a cette tendance à agir en défaveur de la majorité. Voilà pourquoi hier certains appelaient au départ de Jovenel Moïse, sans dialoguer avec lui, prétextant défendre le peuple, mais sont pour le dialogue, aujourd’hui.

Les grandes victimes sont la couche la plus defavorisée et la classe moyenne. Ces gens n’ont ni blindés, ni agents de sécurité ou des policiers à leur disposition. Ils vivent au gré des bandits, et du “Bondye bon”. La vie continue dans la peur et l’inquiétude. Le peuple peut seulement compter sur les heures vécues sans être kidnappé, mais pas sur les efforts des responsables payés pour assurer la sécurité des vies et des biens.

Fanel Delva
Journalistelibre.com

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