Les problèmes conjoncturels et structurels font rage, la République dans sa grande majorité lève la voix contre les festivités carnavalesques qu’elle estime inappropriées à ce contexte méphitique. Pendant ce temps, dans le département du Sud-est, Jacmel, une ville qui ne rate jamais son rendez-vous annuel avec le carnaval, est entrain, dans le mépris des problèmes quotidiens, de célébrer son caranaval habituel.
Si la ville de Port-au-Prince, des Gonaïves, des Cayes ainsi que celle du Cap-Haïtien sont en effervescence et refutent avec fougue et rigueur les festivités carnavalesques, la ville de Jacmel, malgré la pluie qui a failli tout gâcher en début de journée, s’est dirigée sans aucune retenue vers le caranaval.
Alors que des policiers protestent, des civils meurent, des militaires tirent à hauteur d’homme sur des foules de manifestants, des véhicules incendiés, la ville de Jacmel se tourne vers un autre horizon et n’accorde guère importance aux cris des différentes villes précitées.
16heures. Des chars musicaux testent leur sonorisation après le passage du groupe «Juif errant» qui a créé l’ambiance. Des gens qui, par manque de conscience nationale ou lassitude des situations de troubles à répétition, se lancent à la quête d’un plaisir. Un plaisir qui contribue malicieusement à leurs malheurs et surtout à garder le silence face aux graves problèmes que font face le pays et ses citoyens.
Cette commune du Sud-est, bien que réputée pour la beauté de son carnaval, a fait le choix de rester attachée à sa tradition en lieu et place de se solidariser avec les autres communes en vue de renforcer leurs messages qui, d’ailleurs, concernent le territoire tout entier.
