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L’État haïtien et ses mesures irréfléchies pour combattre le COVID-19

Une fois confirmé dans le pays le 19 mars dernier, l’État haïtien se montre préoccupé par le COVID-19. Sans perdre de temps, les autorités ont annoncé diverses mesures pour éviter la propagation du virus. Des mesures, pour la plupart, qui tardent encore à se faire respecter. Non pas parce qu’elles sont mauvaises, mais plutôt pour étant mal façonnées.

L’État, se comportant en grand «eklere» et «jako repèt», se lance à prendre des mesures adoptées par les grands pays occidentaux. Parmi ces mesures, figurent le confinement, le télétravail, le port de masques, etc. Des mesures, certes, qui peuvent être respectées aux pays étrangers, mais vu la situation dans laquelle vivent les haïtiens, deviennent impossibles chez nous.

L’une des mesures a été de restreindre la circulation des gens. Pour cela, depuis le 20 mars 2020, un couvre-feu à partir de 20h jusqu’à 5h le lendemain doit se faire respecter. Aussi, la fermeture des écoles, des universités, des églises ou la restriction des rassemblements au plus de 10 personnes. Des institutions, à l’instar des banques commerciales et de certains centres de santé, ont réduit leur horaire de fonctionnement de 9h à 14h. Ce qui n’a rien changé dans la pratique puisque, dans les heures d’ouverture, ces institutions se font envahir par beaucoup plus de clients qu’à la normale. Ce qui provoque alors une forte concentration de gens aux heures d’ouverture. Ce qui peut aussi, malheureusement, provoquer une propagation à plus grande échelle du virus.

L’une des autres mesures est le «confinement». Confinement, ce mot, devenu très populaire et à la mode, est le fait de rester chez soi, d’éviter de sortir s’il ne s’agit pas d’une urgence. Mais, comment un État responsable peut demander à une population de rester chez elle alors que, une grande partie de cette même population vit au jour le jour? Les petits commerçants, les sous-traitants, les marchands de crédit téléphonique (pap padap, lapoula), les marchands d’eau, les cireurs de chaussures, les chauffeurs de taxi, les marchands de «chen janbe», entre autres, de quoi vivront-ils? Avec quoi nourriront-ils leurs enfants? Et ces enfants, que pourront-ils faire à la maison puisque nous vivons dans une société où les loisirs domiciliaires ont été longtemps bannis pour se faire remplacer par les smartphones? Et ces smartphones, à quoi serviront-ils puisqu’il n’y a de l’électricité nulle part? Ils auront alors à subir cette pression psychologique que nous apporte le COVID-19 chaque fois que l’on se rappelle qu’il n’y aucun centre hospitalier dans le pays, prêt à recevoir quelqu’un qui aurait contracté ce virus? Ce qui aurait signifié aussi qu’attraper le virus est la mort assurée? Sérieux!

Parlons maintenant du «télétravail». Que signifie ce terme messieurs les grands commis de l’État? Le doute total qu’ils connaissent la vraie définition puisque cela recquiert l’accès à un appareil technologique, à l’internet et à l’électricité. L’internet et l’électricité? Non non, n’en parlons pas. En attendant, on attend toujours l’accès gratuit à l’internet au Champ-de-Mars promis par le Président de la République. Pour quand ?

Par ailleurs, soulignons que, en dépit qu’il faut respecter la distance sociale d’au moins un mètre et le rassemblement de plus de dix personnes, la semaine dernière, les bureaux de service de l’ONI ont continué de recevoir les gens, entassés dans des lignes. Jusqu’à aujourd’hui encore, le transport en commun continue son chemin, une grande partie des marchés publics fonctionnent dans les mêmes conditions. Sans oublier que le PM Joseph Jouthe a annoncé que le port de masque sera obligatoire, mettant fin ainsi, implicitement ou peut-être , sans en rendre compte, au «confinement» et demandant à tout le monde de vaquer à leur occupation en utilisant des masques.

Tout cela nous montre que les dirigeants de l’État ne sont pas prêts à gérer cette crise ou tout au moins, sont encore dans les nuages, en train de tatonner sur le quoi faire. Pourtant, le virus n’épargne personne et continue d’attaquer. Presque tous les pays du monde sont déjà touchés. Déjà environ 16 cas officiel en Haïti. Ce qui revient à rappeler qu’il est plus que nécessaire de toujours respecter les mesures sanitaires afin d’éviter d’attraper la maladie. On le sait déjà, mais à titre de rappel, on n’a presque aucun saint à qui se vouer, sinon que de compter sur le Bon Dieu de l’univers, le Tout-Puissant.

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