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Coronavirus: entre l’ère de Dieu et la fin de l’Homme, par Fritz-heriol Mitial

Le sujet humain n’était pas une nécessité historique. Comme la modernité, la bourgeoisie ou l’État, il a été une contingence historique. Il a eu son temps et il l’a vécu. Aujourd’hui, il s’en va. En fait, où va l’Homme ? Pourquoi part-il ? Je vais oser vous piper mot philosophiquement sur le questionnement du déclin de cet animal bipède de Platon ou ce produit de la matière de Karl Marx.

Je vous confirme d’abord que l’Homme a effectivement été. Son existence biologique se prouve par l’Histoire, cette sorte de mesure de la démesure. L’Histoire se veut mesure quand l’Homme se fait démesure. Cela signifie que l’Homme, tant par ses pensées que par ses actes, s’était toujours montré sous les signes d’un être déréglé, excessif et imprévisible qui a toujours voulu outrepasser les bornes naturelles et rationnelles de l’Histoire. Et il s’agit là d’un propos qui se fonde en véracité, car cet animal symbolique de Ernst Cassirer, qui n’aurait pas existé dans le monde des réalités concrètes, n’a jamais cependant cessé de s’ouvrir au désir de tout faire et défaire. Il a voulu tout faire: Dieu, la nature et l’Histoire. Il a voulu aussi tout défaire: Dieu, la nature et l’Histoire.

Cet animal bipède de l’auteur de la République n’est plus aujourd’hui. Il ne se fait plus remarqué dans les administrations publiques, encore moins dans les entreprises bourgeoises privées. Dans le commerce comme dans le secteur bancaire, sa non présence brille. On le cherche aussi dans les piscines, dans les plages et dans les restaurants dansants. Il ne répond plus à l’appel nominal des ports et des aéroports. N’en parlons pas des Églises et des Universités. En Orient comme en occident, on constate qu’il n’est plus. Depuis sa disparition, l’État n’est plus, l’économie n’est plus, la bourgeoisie n’est plus non plus. En effet, l’Homme a été l’artisan de l’ordre qui l’a déshumanisé. Cette déshumanisation qui s’impose désormais inaugure une nouvelle ère, celle du divin.

L’humain n’est plus, mais le divin s’impose désormais. Il s’impose au monde entier qui l’a tantôt posé dans les termes du non-être, du vide, du néant, ou tantôt comme invention de l’homme ou sujet historique. En fait, il s’impose aux athées, aux sceptiques, aux mécréants et aux agnostiques. Il se prouve aux scientifiques modernes qui habitent l’invisible, nouvelle demeure de l’Homme porté disparu. Là, ils tremblent de peur. Ils se confinent. Ils pensent. Ils réfléchissent. Ils sont sous la panique de la tanathophobie. Ils réalisent que la sagesse humaine n’est qu’une folie aux yeux de Dieu. Ils constatent l’insignifiance de la science et l’impuissance de la technologie. Voilà pourquoi ils crient au lavement des mains et au confinement total. C’est comme si se laver les mains et se calfeutrer serait la solution au corona-virus, sorte de colère de Dieu contre les excès de l’homme, ce devenu disparu.

Si l’Homme va à l’invisible, c’est qu’il n’est plus au monde. Son invisibilisation est l’équivalent parfait de la dégouvernementalisation du monde. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui le monde n’est plus humainement gouverné. D’où ce que j’appelle une vacance gouvermentale mondiale. Enfin, le covid 19 se veut la véritable cause occasionnelle justifiant apodiquetiquement cette invisibilisation humaine universelle. Donc, l’Homme part pour se sauver devant la mort? D’où le pourquoi de son départ pour l’invisible.

En bon Diogène, aujourd-hui je cherche l’homme dans le monde entier qui se marronne. Pourrait-on concevoir l’invisible comme le non-lieu de la mort?

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