Sécurité

En Haïti, faut-il avoir peur des bandits ou de la Police? Ou les deux?

Il est un fait certain: Haïti est livrée aux commandes des groupes armés. Face à cette situation, les forces de l’ordre du pays, dont La Police, devrait être le seul recours de la population. Pourtant, cette même force se trouve mêlée à des actes de banditisme, plongeant ainsi le peuple haïtien dans le doute total.

Le pays a toujours eu de troupes armées éparpillées dans divers quartiers. La Saline, Bel-Air, Cité-Soleil, «Lame Ti Manchèt» à 5e Avenue Bolosse et Martissant 1, les «Rat Pa Kaka» en peu partout dans le Pays ou «Gran Ravin» entre autres, font à tour de rôle là Une de l’actualité. À la fin du mois d’avril 2018, la situation s’était dégénérée. Les troupes armées se multiplient. Plusieurs quartiers, que ce soit à Port-au-Prince ou en province, ont leur propre gang armé. L’État, incompétent, n’arrive pas à gérer la situation. Avec une armée en construction, la Police Nationale d’Haïti devient l’unique force légale de sécurité du pays. Force qui, elle aussi, participe à deux nombreux actes de désordre.

Pas besoin de le rappeler, les bandits ont causé du tort à toute la population. Aussi, du côté de la Police, les cas sont nombreux. Que ce soit les bavures de certains particuliers de l’institution, impliqués dans des actes d’insécurité, que ce soit l’excès de pouvoir de certaine patrouille ou chef de poste (bastonnade, injures, contravention, etc.), que ce soit dans leur lutte récente pour réclamer de meilleures conditions de travail, la liste d’injustices est plutôt longue.

Tout près de nous, des policiers se réclamant du groupe «509 Fantom», de janvier jusqu’à ce lundi 27 avril 2020, ont incendié plusieurs véhicules, vandalisé plusieurs bureaux d’institutions publiques sans compter la saisie de clé de voitures privées. Il n’y a pas moins de trois semaines, des policiers affectés au Sous-Commissariat de Delmas 33 ont tabassé «K-Mike Vil La», animateur de compas sur la RCH 2000. Un acte que plusieurs organismes de défense de droits humains et de la liberté de la presse ont condamné. Hier encore, soit ce mardi 28 avril dans la soirée, Georges Emmanuel Allen, journaliste à Radio Télé Caraïbes, a subi le même sort que «K-Mike». Des policiers l’ont tabassé, bléssé et même tenté de l’assassiner selon ce qu’il a rapporté. Malgré que les deux victimes s’étaient identifiées avec leur carte de presse, cela n’a pas freiné la course des agents de l’orde malheureusement.

Ces actes regrettables mettent d’abord l’institution policière à nue, mais aussi, mettent la population haïtienne en insécurité. La Police qui devrait les protéger contre les bandits devient les principaux bandits qui les attaquent. Faut-il avoir peur des bandits armés et se fier aux policiers? On en doute fort. Faut-il avoir peur les deux à la fois? Cela semble être, malheureusement, la seule chose possible.

Dans la lignée, soulignons que «Kris La», le chef de «Ti Bwa», Barbecue, le chef de bas Delmas ou Arnel Joseph lorsqu’il était en activité, mais remplacé par Manno et Izo, Djouma à Simon Pelé, Isca et Gabriel à Cité Soleil entre autres sont des chouchous des habitants de leur quartier. Alors que des policiers qui sont placés pour garantir la sécurité des citoyens, agrandissent la liste des ennemis du peuple à cause de leur mauvais comportement.

Ce qui nous arrive ne date pas d’aujourd’hui et est le résultat de plusieurs années de mauvaise gouvernance et d’insatisfaction. À quoi doit-on s’attendre? À qui doit-on se fier? Faut-il se doter de ses propres moyens de défense en passant outre des autorités de la Police? Des questions dont leur réponse nous montrera une fois de plus combien on patauge dans la merde, et qu’on se dirige droit vers l’abîme.

Haïti, la République où tout est possible. Le Pays où les gangs armés imposent leur loi en mettant au défi les autorités concernées et dénoncent des policiers qui sont de mèche avec eux. Voici notre Haïti !

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