Jouthe avilit l’État haïtien, fait tomber le masque que portait encore Jovenel Moïse
« Si je pouvais détruire l’État, je le ferais déjà », affirme le Premier ministre, Joseph Jouthe, lors d’une rencontre privée au Plateau Central. Le chef du gouvernement menace de détruire le fondement même de l’État, tout en admettant que Jovenel Moïse et lui sont très loin d’être des « Hommes d’État ». Car, croit-il, l’État n’existe pas tout comme Haïti qui lui donne toutes les possibilités de devenir riche en peu de temps n’existe « ni sur papier, ni dans le réel ». Face à ces déclarations, combien choquantes, des citoyens avisés pensent que le ministre de la Justice, le parquet de Port-au-Prince ou de Mirebalais et l’Unité de Lutte Contre la Corruption n’ont pas pris note, ou ils les ignorent tout carrément.
Jouthe dénonce son Président qui, croit-il, n’a pas le profil d’un chef d’état, sans tenir compte que ses déclarations apparemment « confidentielles » livrées à des citoyens du Plateau Central, allaient être, quelques minutes plus tard, révélées au grand public dont les internautes. Joseph Jouthe a déclaré que s’il savait comment faire pour « détruire, éliminer l’État, il le ferait longtemps déjà ». Est-il sérieux ?
Le chef du gouvernement, pour justifier que l’État n’existe pas, a même osé citer l’exemple d’un vrai homme d’État, en prenant pour référence un paysan de sa ville natale du nom d’Elie… qui, selon lui, respecte toujours ses paroles et avec lui « Un Oui c’est un Oui et un Non, un Non ». « Il est un homme de parole, c’est bien ça un homme d’État », justifie t-il.
On se questionne sur la motivation réelle de ces déclarations. Jouthe, aurait-il fait allusion aux actes manqués de son président Jovenel Moise, l’homme des promesses sans toutefois parvenir à les tenir ? On peut citer (kouran 24/24 la, manje nan asyèt pèp la, lajan nan pòch pèp la, entènèt gratis pou etidyan yo ). On se rappelle encore de certaines promesses de Jovenel Moïse, le grand menteur par excellence: Exportation de bananes de sa compagnie Agritrans vers l’Allemagne, électricité 24/24 ; combattre la corruption, l’impunité et l’éradication des gangs armés qui sèment la pagaille partout dans le Pays. Donc, dans la deuxième partie de cette conversation privée enregistrée entre le Premier ministre et des employés qui réclamaient plus de 15 mois d’arriérés de salaire dans le Plateau Central, il s’est dit encore « étonné qu’après plus de deux semaines, il est encore PM » (Mwen sezi wè m pase yon semèn toujou, men m sou de (2) yo poko revoke m kòm Premye minis, pou janm frekan m wè m la a toujou). Jouthe a admis avoir en un an et demi occupé quatre postes au sein de l’administration publique sous le règne de « Tèt Kale », sans toutefois avoir la dimension d’un homme d’État, à la hauteur de ses responsabilités dans un « Pays qui n’existe pas ».
Par ailleurs, le chef du gouvernement en a profité pour traiter les habitants de Thomonde de « vagabonds et gens sans aveu, mauvais échantillons, illettrés et voleurs », tout en ravivant ses souvenirs d’enfance au cœur du paysage de sa ville natale avec des jolies filles de seins arrondis à la Choucoune. Une déclaration qui allait provoquer des remous au sein de la population de Thomonde. L’un des fils de cette ville, vivant en terre étrangère, le journaliste Wendy Phèle a dénoncé avec véhémence le comportement de M. Jouthe qui, selon lui, n’est pas digne d’être un chef du gouvernement. Il est une déception totale pour les citoyens de Thomonde. « Jouthe Joseph deklare Thomonde se kote ki gen plis Sanzave nan Plato santral… Mwen dakò avèk ou Jouthe. Ou pwouve l. Pou Jan w konpòte w nan tèt primati a depi lè w premye minis la kòm Nèg Thomonde, ou pwouve se jenerasyon pa w la, ou menm ak ansyen kondisip ou yo nan lekòl mè a, jenès Tomond la n ap swiv. M ap raple w se jenerasyon pa w la, ansyen kamarad klas ou yo ki kraze Tomond, ki detwi jenès la… Si malgre kote w rive la a ou konpòte w tankou SANZAVE, se pa ti jenn k ap suiv tras ou yo, ki fini lekòl, k ap fè efò, malgre peyi a mete pye sou kou yo ki ta ka fè pi bon pase w. Sanzave… » a écrit le journaliste, une victime par balle du régime Tèt Kale.
Le PM n’a pas arrêté dans ses déclarations-choc, où dans cette conversation privée, il pense qu’il rêve encore, le voyant à la tête de la primature car, dit-il, il ne s’attendait pas à être Premier ministre, ce poste qui ne lui ressemble pas. « M ap mande tèt mwen kòman m fè la a, bagay sa a pa sanble m », a-t-il avoué.
Face aux grognes des policiers et employés de certaines institutions de l’administration publique qui réclamaient plusieurs mois d’arriérés de salaire, Jouthe a déclaré que s’il avait l’autorité nécessaire, il aurait renvoyé toute l’équipe du ministère des finances pour incompétence, peu importe leur origine.
Pour Joseph Jouthe : « Haïti est un pays fictif qui n’ira nulle part. Il n’existe ni sur papier, ni dans le réel ». Pour certains, le Premier ministre de facto nous dit la vérité, car face à la mauvaise gestion de son équipe au pouvoir, il est clair que le Pays n’existe pas. L’État a failli à sa mission. Pour d’autres, c’est tout simplement un manque de respect non seulement pour le Pays, mais aussi pour tout le peuple haïtien. C’est une sorte de trahison et un complot contre la sûreté de l’état qui mérite d’être sanctionné.
À rappeler que l’un des chefs d’accusation de l’ancien député Arnel Bélizaire est bien « Complot contre la sûreté de l’état ». Comment Jouthe peut-il oser de parler d’un « Pays fictif, qui n’existe pas », alors que c’est ce même Pays qui lui offre toutes les possibilités pour vivre comme un prince ? Ce Pays appauvri qui lui paie régulièrement, lui a permis d’être multimillionnaire, avoir de belles maisons sur les hauteurs de la Capitale, des blindés, des privilèges, des cartes de crédit, des recharge téléphoniques, des bons de carburant, plusieurs agents de sécurité, assurance de santé etc. ?
Jouthe, est-il un traître, ou un homme de cœur qui nous dit tout simplement la vérité au péril de sa vie, ou il pratique la théorie du faire semblant?