Opinion

Misère et Insécurité: Si c’était à l’ère d’Aristide, les médias se déchaîneraient déjà

Entre l’insécurité et la misère, les haïtiens cherchent à compter leurs jours. La gourde devient insignifiante par rapport au dollar, les quartiers populaires sont majoritairement transformés en zone de non-droit, toujours en la faveur d’un clan dont on ignore encore, malgré les rumeurs faisant croire que ce serait dû à l’approche des élections. Toujours est-il, les promesses de Jovenel Moïse ne sont jusqu’ici et majoritairement pas respectées. En dépit de tout, il bénéficie d’une complaisance médiatique inimaginable. La plupart des analyses (assez biaisées) des journalistes des grands médias (Radios et télévisions) traditionnels lui sont favorables. Qu’est-ce qui en est à la base?

En 2004, la petite histoire raconte le déchaînement de la majorité des grands médias de la capitale haïtienne et quelques villes de province contre le Président haïtien Jean-Bertrand Aristide. Si une grande partie de la bourgeoisie a presque tout manigancé pour que son mandat n’arrive pas à terme, cette bourgeoisie avait quand-même besoin d’un moyen pour instrumentaliser la population. Ce qui ne serait propice que par les médias traditionnels. Les réseaux sociaux n’étaient pas en vogue. Les plus visités aujourd’hui n’existaient même pas. Étant majoritairement commerciales, il est probable qu’elles (Radios et télévisions) aient orienté leur position en fonction de celle de leurs patrons. D’où leur déchaînement contre Aristide en mettant sous le feu des projecteurs même les manifestations les plus minimes en fonction du nombre de participants.

La thèse selon laquelle la communauté internationale était un bras de fer qui ne cessait de conduire Aristide vers une pente glissante, malheureuse pour ses différends avec les États-Unis et la réclamation de la dette de l’indépendance de la France peut être toujours maintenue. Là encore, il faut le moyen d’instrumentaliser la population. Et les médias traditionnels étaient à l’époque le plus sûr. Donc, il est probable qu’une forte somme ait été décaissée et acheminée aux journalistes pour orienter l’opinion publique contre Jean Bertrand Aristide.

Que ce soit un soulèvement financé par les bourgeois haïtiens, qu’il ait été financé par l’international ou les deux confondus, il a fallu quand même l’implication des médias pour renverser Aristide. Mais ce qui reste comme constat : En 2004, les médias se déchaînaient contre Aristide en se basant sur le fait qu’il ne devrait pas avoir cette misère sur le sol de Dessalines et que l’insécurité était à un niveau inadmissible.

En 2019, alors que tout devient extrêmement difficile, la situation est plus que chaotique comparativement à 2004, les médias s’adonnent à une complaisance démesurée avec le président, étonnant ! Mais, voyons!

En 2019, les scandales de corruption impliquant journalistes et hauts dignitaires de la fonction publique sont nombreux. Certains sont étouffés. D’autres sont morts à l’oeuf. Ce ne sont que des pistes qui montrent que les médias s’entendent très bien avec l’exécutif, et au détriment de la Population. Puisque ceux qui ont pour mission d’informer la population sont de connivence avec ceux qui sont appelés à la desservir, il est fort probable que cette population soit dépouillée de tout ce qu’elle devrait avoir, et ce, sous le silence complice des informateurs qui seraient même impliqués dans la dépossession.

Cette technique d’utiliser les médias pour berner la population, la maintenir dans une situation précaire , n’était peut-être pas un point fort pour Aristide. Sinon, il aurait probablement bouclé son mandat. René G. Préval a bouclé le sien, mais a initié une subvention allouée à certains médias, qui n’a pas continué à cause du tremblement de terre de 2010. Michel Joseph Martelly a utilisé les médias à plus grands spectateurs pour couvrir ses activités (pleins de soupçon de corruption à propos). Jocelerme Privert en a fait pareil, il a utilisé certains patrons de médias et quelques journalistes afin de garder le mutisme sur le gaspillage de certains fonds dont PetroCaribe.

Jovenel Moïse, nèg bannann nan a fait de même pour des projets non réussis. Alors, les médias sortent grands bénéficiaires et le peuple grand perdant. Travaillent-ils au détriment de la population ?

Étant sponsorisés par des groupes d’intérêt, les médias marchent au pas de leurs grands bailleurs, l’international et la bourgeoisie qui (sans retirer le fait que ce pouvoir soit aussi directement favorable aux médias) se sentent confortables avec la gouvernance de Jovenel Moïse et optent pour qu’il termine son mandat, quelques soient les circonstances.

Dans cet article, nous n’avons du tout pas l’intention de soulever la population contre les médias, mais nous voulons juste attirer son attention sur certains faits troublants pendant qu’elle plonge dans un sommeil de bronze. Faut-il se rappeler que les médias ont été créés pour défendre les plus faibles ? La voix des sans voix ?

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