Politique

Que faut-il retenir de la déportation d’Emmanuel​ «Toto» Constant?

En dépit de toute chose, Haïti est notre pays. Quel que soit le temps passé dans un pays étranger, à n’importe quel moment, l’Eldorado peut vous refouler chez vous. Et vous n’aurez d’autres choix que de l’accepter, même si c’était le dernier de vos souhaits.

Emmanuel Constant, dit Toto Constant, est l’ancien fondateur et secrétaire général d’une organisation paramilitaire dénomée Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti (FRAPH). Entre 1993 et 1994, le FRAPH a participé à de graves actes de terreur et de repression en Haïti, aux côtés des militaires de la Force Armée d’Haïti (FAd’H). Ces actes étaient orchestrés notamment dans les quartiers populaires pour contrôler, à l’époque, les gens au dépend de Jean-Bertrand Aristide.

Selon les témoignages de plus d’un, les actes commis par le FRAPH et la FAd’H furent, à part la mutilation, le vol, la détention illégale d’armes à feu et d’autres violations des droits de l’Homme, la violence sexuelle. En 1994, Toto Constant a fui la justice haïtienne pour se refugier aux États-Unis. Par la suite, il allait être arrêté par les autorités américaines, puis libéré sous base d’un accord. En 2000, la justice haïtienne l’a jugé par contumace et l’a condamné à passer sa vie en prison. De 2008 à 2020, il a passé 12 ans en prison aux États-Unis pour fraude hypothécaire.

Le 22 décembre 2004, le CJA a déposé une plainte à la Cour fédérale du district sud de New York contre l’Haïtien Emmanuel «Toto» Constant, le fondateur et dirigeant du FRAPH, un escadron de la mort sous le régime militaire de 1991 à 1994.
Le 16 août 2006, la Cour fédérale de New York a émis un jugement par défaut contre Constant pour sa participation dans des tentatives d’exécutions sommaires, des actes de torture, des traitements cruels, inhumains ou dégradants, des violences contre les femmes et des crimes contre l’humanité. Les demandeurs ont reçu un jugement de 19 millions de dollars de dommages et intérêts compensatoires et punitifs.

Cet arrêt marque un tournant, puisque c’est la première fois qu’un individu est tenu pour responsable de la campagne étatique de violence sexuelle en Haïti. Pendant trois ans, ce régime a engendré l’une des périodes les plus sanglantes de l’histoire d’Haïti. Au moins 4 000 personnes ont été tuées pendant cette période, des centaines de milliers ont été torturées, emprisonnées ou contraintes à l’exil par les Forces armées d’Haïti (FADH) et l’organisation paramilitaire FRAPH.

Et voilà, environ 26 ans plus tard, Toto Constant est déporté en Haïti le 23 juin 2020 pour être appréhendé illico par des agents de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ). Il devait conduire directement en prison selon plusieurs hommes de loi dont l’imminent professeur Guerby Blaise.

Des haïtiens croient qu’il faut à tout prix détruire Haïti en croyant qu’ils ont un pays de rechange. Ils ne font que dilapider des fonds destinés à aider les pauvres, piétiner les institutions, maltraiter le pays pour aller se réfugier à l’étranger. Leur famille, leur construction, leurs comptes bancaires sont placés dans des banques étrangères. Pourtant, faut-il se le rappeler, «nul n’est chez soi ailleurs».

Qu’il soit en Haïti, au Chili, en République Dominicaine, en France, au Canada ou aux États-Unis, cela devrait donner de leçon à tout citoyen haïtien: on n’a qu’un seul pays et c’est Haïti. Quel que soit la position sociale, on doit faire quelque chose pour notre mère patrie. Comme le dit notre vieux proverbe: «Fèy bannann lan mèt lonje men longè men kou pou l mouri, se nan pye bannann nan pou l vin mouri». L’exemple a été clair avec Jean-Claude Duvalier et cette fois, avec Emmanuel Constant. Espérons que ce dernier purgera ses peines pour les crimes qui lui sont reprochées en Haïti avant de partir pour l’au-delà.

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