Ces assassinats dont on en parle peu

Cette insécurité grandissante qui règne en maître et seigneur depuis des mois dans le pays semble être la préoccupation de tout un chacun. Tout le monde en parle : la société civile ; les jeunes… la Presse en a parlé aussi au point que les autorités publiques concernées n’ont pas tardé à y piper mots. Néanmoins, il y a d’autres assassinats face auxquels ils restent tous muets. La société haïtienne tout entière pour ainsi dire.
Les 25 mai dernier, la mort de George Floyd, cet Afro-Amérticain de 46 ans, a secoué la presse parlée et écrite d’ici et d’ailleurs. Cet événement jouissait d’une couverture médiatique sans précédent à un tel point que la pandémie du Coronavirus ne semblait plus être à l’ordre du jour. Partout était jaillit sur la toile : “Black Lives Matter” ou en français “La Vie Des Noirs-res Comptent”.
Chez nous en Haïti, de nombreux assassinats ont eu lieu dans le pays aussi au cours de ces dernières semaines. On veut parler entre autres de : Norvella Bellamy, directeur adjoint de la Banque de la République d’Haïti (BRH), et de Nancy et Sébastien, ces deux jeunes danseurs disparus dont les cadavres ont été retrouvés calcinés à Tabarre le 26 juin dernier. Ces assassinats ont eux aussi retenu l’attention du grand public. Du coup, les autorités concernées ont fait sentir leurs mécontentements en disant comme d’habitude : l’enquête se poursuit. Attendons les résultats !
À la fin du mois de juin, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), soucieux de la sécurité de la population Haïtienne, a dressé une liste de 54 personnes assassinées dans le pays seulement dans l’intervalle du mois de mai à juin 2020. Pourtant, seulement les noms des personnalités qui ont plus d’écho médiatique ont pu parvenir aux oreilles de certains de nos médias et les autorités concernées.
Où est passé le meurtre par balle d’Auguste Richet, ce militant politique assassiné le 15 juin dernier ? Que dit la justice sur l’assassinat du militant politique, Jean Gana Joseph, tué par balle le 16 mai dernier ? Ou sont passé les mots de la presse et de la justice haïtienne concernant le meurtre par balle de Mamoune Régi, survenue le 19 juin dernier au Cap-Haïtien ? Il n y a pas que la vie de George qui compte. Eux aussi avaient une vie. En tout cas, aussi importantes que toutes les vies qu’on a perdues sous les balles des bandits armés, souvent cachés sous l’uniforme de nos agents de l’ordre.
Alors que les médias de la presse parlée et écrite sont nombreux à rester dans l’ombre sur l’affaire, l’équipe de TripFoumi Info (TFI) a été la première à produire des texte là-dessus. Pourquoi donc un tel silence de la part des autres ? En y restant indifférents, ne sont ils (médias) pas aussi devenus complices ? Comme le dit l’adage : “Pour triompher le mal a besoin de l’inaction des gens de bien”.
Mamoune Régi, cette jeune adolescente était une innocente. Elle avait que 14 ans. Mais c’est son avenir toute entière qui est parti en fumée ce 19 juin sous le Boulevard du Cap-Haïtien. Étant une enfant de rue qui souillait les voitures qui passent avec sa toile en main, en échange de 10 gourdes, elle serait peut-etre toujours en vie si l’État prenait en charge la vie de ses petits enfants. Combien d’enfants “kokorat” doivent mourir dans de telles circumstances avant que l’État dise un mot ? Comme tout enfant, ils sont aussi sortis dans les entrailles d’une mère endolorie.
La justice est toujours derrière les rideaux quand il s’agit de défendre les faibles dans les systèmes capitalistes comme Haïti, alors qu’elle est toujours présente pour défendre les forts. Ceux qui ont le magot. Ceux qui ont investi. Bien que les “Enquêtes se poursuivent” de l’État ne sont jamais abouties, mais cette jeune adolescente aurait pu en bénéficier une si elle était la fille d’un grand prélat. Ces militants politiques suscités auraient pu en bénéficier une aussi s’ils étaient proches du pouvoir PHTK. Mais, hélas ! C’est ainsi que sont les choses quand la société civile est hypocrite, quand l’État est fripon, quand la presse est maroufle et quand la justice est partisanne.