La dépigmentation de la peau devient aujourd’hui un fait qu’on ne peut ignorer, car de plus en plus de gens s’éfforcent de devenir blancs en utilisant tous les moyens possibles et disponibles pour y arriver. Elle consiste à enlever le pigment noir de la peau(mélanine) afin de faire apparaître la couleur blanche. Elle implique du coup la disparition des mélanocytes, cellules qui se chargent de la production de la mélanine. La dépigmentation de peau peut- être due par des maladies ou infection de la peau comme le vitiligo, sauf que,là où nous parlons, elle est plutôt une quête de beauté et de validation de soi. Elle est volontaire.
Personne n’est sans savoir que la race noire, selon les délires des Européens, est une race laide, sauvage, damnée, etc. Par contre, la race blanche est une race intelligente, inventive, belle, etc. Ces délires viennent de la conception Eurocentrique (Européocentrique) prônant la suprématie des blancs à partir des stratégies, des méthodes élaborées pour inférioriser les noirs. Parmi elles, la crapulocratie. Cette dernière serait d’un impact considérable sur le fait que les noirs se dépigmentent la peau d’où l’intérêt de voir en quoi consiste cet impact.
La crapulocratie, selon l’auteur guadeloupéen Jean Philippe Omotunde ,est la science caucasienne (des blancs) utilisant de nombreuses variables de la communication orale, écrite, audio -visuelle et artistique de façon plus ou moins péjorative, infantilisante voire méprisante du monde noir dans l’ensemble.
Discours Afrocentrique sur la crapulocratie
Impliquant des stratégies pour inférioriser l’Afrique et tout ce qui est d’origine Africaine, elle désacralise et dévalorise la culture, l’histoire, la couleur, les croyances et les techniques des noirs.Outre cela, cette science ou méthode est véctrice de la négation du peuple Africain, de génocide, d’ethnocide (meurtre culturel) et de pillage des ressources Africaines. La crapulocratie est en fait le carburant du concept Eurocentrique (Européocentrique), idéologie selon laquelle les cultures,les valeurs de l’Europe sont considérées comme uniques, universelles, le modèle parfait; elle bipolarise le monde, toujours est-il qu’il faut tout voir sous un angle dominant/dominé, civilisé/sauvage,religion/superstition, blanc/noir, lettré/illétré afin de disqualifier les noirs, et placer les Européens au centre de tout, le point de départ de l’histoire de l’humanité. Ainsi l’on voit l’Africain comme un mineur, un miséreux, un ministre du diable(expression chère à l’Occident). Et le continent est sous- développé, pauvre. C’est paradoxal! l’Afrique est reconnu pour être une terre prolifique, de richesse avec toutes ses pierres précieuses (or,minerais, etc.).Toujours dans cette même perspective de salir ce continent et les noirs, des médias ne cessent de caricaturer l’Africain, de véhiculer des images dégradantes et de construire des clichés. Malheureusement, cette politique de dévalorisation de la race noire atteint son summum à la faveur des discours et manoeuvres éhontés des blancs. Toutefois, la religion et la science n’en sont pas moins responsables. Le christiannisme, nous affirme l’auteure guadeloupéènne Ama Mazama dans son livre intitulé Impératif Afrocentrique, est devenu intrinsèquement lié à l’Occident après que l’empereur Constantin lui fût proclamé religion officielle de l’empire Romain. Avec le christiannisme, dit-elle, les autres croyances sont des superstitions, les autres religions sont condamnées comme fausses… En fait, le gommage de la profonde influence Africaine sur le Christiannisme s’accompagna, par la suite, d’une véritable démonification de tout ce qui est noir. Un scientifique Français répondant au nom de Paul Broca avait déclaré et je cite, “la couleur plus ou moins noire de la peau, l’état laineux de la chevelure et l infériorité intellectuelle et sociale sont fréquemment associés, tandis qu’une peau plus ou moins blanche, une chevelure lisse…sont l’apanage le plus ordinaire des peuples les plus élevés dans la série humaine… Jamais un peuple à la peau noire, aux cheveux laineux n’a pu s’élever spontanément jusqu’à la civilisation”. L’anatomiste Allemand Carl Vogt, de son côté, avait déclaré que la race noire n’a jamais, ni dans le passé ni dans le présent accompli quoique ce soit qui ait contribué au progrès de l’humanité ou qui mérite d’être conservé. D’après Carus un savant Allemand, les blancs seraient des enfants du jour tandisque les noirs des enfants du soir.Tout ceci étant lié à la colonisation et à l’esclavage ayant enlevé tout ce qui est inhérent à l’humain en le faisant devenir Homme-objet, bien meuble sur une plantation.Tous ces discours malhonnêtes ont finalement atteint les noirs jusqu’au for intérieur d’où la raison de certains comportements commele fait de se dépigmenter. La colonisation fige, bloque et compartimente le colonisé qui, plus tard par cette compartimentation deviendra aliéné, il ne pense que comme un autre. Frantz Fanon ,psychiatre Martiniquais, ayant perdu tout le contrôle de soi, ses valeurs et principes après que le complexe d’ infériorité et le larbinisme lui ont été inculqués, il (le colonisé) se recherche en essayant de s’accommoder avec ceux de la métropole du moins l’ancienne métropole. La colonisation a laissé ses marques dans la dignité et l’identité des nègres. Ainsi la seule issue est de devenir blanc non seulement par langage et comportement, mais également à travers un Processus de dépigmentation de la peau. <>, Frantz Fanon ,Peau noire,Masques blancs (1952). Revenons à la crapulocratie. Elle est une violence symbolique donnant recours à d’autres formes de violence. Elle désamorce au tout début la cohésion sociale et renforce les abus, les injustices et la ségrégation raciale. Les dires autour de la question de race ne sont que des idioties. Des idées farfelues défendues par des arguments fallacieux. Mais il est un fait que nombreux sont ceux qui y croient obstinément. Ils y croient tellement que l’utilisation des produits susceptibles au cancer n’est pas un souci. Outre cette quête de beauté et de validation susmentionnée, la dépigmentation de la peau est pour les noirs un moyen de s’affirmer, de se sentir fiers, de s’aligner au côté de ceux qui, par la couleur blanche, se disent supérieurs car ils se sentent inconfortables, ils croient qu’ils sont inférieurs. Donc, ce phénomène (La dépigmentation de la peau) est lié à une occultation du monde Africain.
La dépigmentation de la peau montre clairement que les sequelles postcoloniales sont flagrantes. Elle enlève toute estime pour ensuite nous flanquer dans le bovarysme, se voit autre que ce qu’on est vraiment. On ressasse par-ci et par-là les valeurs de l’Occident pour légitimer nos opinions, nos choix, nos positions et pour nous faire accepter en tant qu’humain. On dirait que c’est le néant en dehors des valeurs occidentales. Or, l’héritage artistique, littéraire, intellectuel qu’ont laissé les noirs, est incommensurable, en la personne de Jacques Roumain , Jean Price Mars , Dany Laférière , Franck Etienne , Anténor Firmin , Aimé Césaire , Frantz Fanon , Cheikh Anta Diop . Il fallait un rappel mais on ne va pas y rester sinon la liste serait interminable. Aucune race supérieure, aucune culture supérieure. <>, Anténor Firmin ,Anthropologue Haïtien, “De l’égalité des races humaines “. La dépigmentation de la peau relève d’une acceptation consciente ou inconsciente des noirs à propos des baratins qui font coire que la couleur noire est symbole de laideur, de damnation… De tous les termes racistes que les blancs ont pu véhiculer depuis des lustres. Elle plonge l’individu dans une illusion au sujet de la beauté, sa personne, sa vraie nature. Il se heurte contre la crise d’identité. Érrant, alié-né mais sans se rendre compte il continue à se noyer dans les abîmes de ses bourreaux quand il croit qu’il ne sera beau voire humain que lorsque sa peau deviendra blanche. Le nègre infériorisé va de l’insécurité humiliante à l’auto-accusation jusqu’ au désespoir pour reprendre les mots de Frantz Fanon dans ” peau noire, masques blancs.”
Amorse Jean JOSEPH
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