Sécurité

Le Protecteur du Citoyen accuse le pouvoir en place d’être de mèche avec les gangs armés

Le Protecteur du Citoyen, M. Renan Hédouville, n’a pas passé par quatre chemins pour dénoncer la protection des gangs armés par les différents pouvoirs publics. Il appelle les plus hautes autorités du pays à assurer pleinement leurs responsabilités face à cet état de fait, rapporte Le Nouvelliste

La détérioration du climat de sécurité dans le pays interpelle toute la population. Des voix s’élèvent pour dénoncer le laxisme et la complicité des autorités qui permettent aux gangs armés de se renforcer et opérer librement à travers tout le territoire national et plus particulièrement dans la région métropolitaine.

Parmi elles, et pas des moindres, il y a celle du Protecteur du Citoyen, M. Renan Hédouville qui, brise le silence sur cette épineuse question devenue cruciale pour la population haïtienne. Il accuse les autorités d’être de connivence avec les bandits.

« Les bandits se sentent soutenus. Ils sont protégés par certaines autorités tandis que la population est abandonnée à elle-même», a déclaré M. Hédouville.

Le Protecteur se dit touché dans sa conscience d’homme et père de famille au-delà de sa fonction. « Le mot n’est pas trop fort, je suis en colère. Au-dela de ma fonction en tant que protecteur du citoyen, je suis un père de famille », a-t-il dit.

Au vue de la situation, M. Hédouville interpelle directement l’exécutif. « Comment se sentent-ils en tant que pères de famille?
Quelle serait leur réaction si c’était leur enfant ou celui d’un de leurs proches », s’interroge-t-il tout en arguant que la facilité avec laquelle les bandits opèrent dans le pays ne serait possible sans une bénédiction de l’Etat central.

Face à ce constat, le Protecteur du Citoyen appelle les autorités à assumer pleinement leurs responsabilités et demande aux forces vives de la nation de se reveiller avant qu’il soit trop tard. « Tous les secteurs vitaux doivent se sentir menacés et, par conséquent, se prononcer sur cette insécurité grandissante », avance-t-il

Voulant prouver qu’il est toujours au commande des affaires de la nation, le Président de la République, Jovenel Moïse, a ordonné que les bandits soient poursuivis dans leurs derniers retranchements en prônant la « tolérance zéro » pour ces derniers.

Cette démonstration survient quelques jours après que les membres du gang dénommé « 400 Mawozo » ont tué par balle Godson Joseph, âgé de 4 mois seulement, dans un autobus en compagnie de sa mère à Papaille, commune de Ganthier. Quelques jours plus tôt, une jeune femme de 27 ans, Gyrlande Polys, enceinte de 8 mois, a été tuée dans la commune de Cité-Soleil en proie aux violences mettant aux prises les gangs des quartiers de Brooklyn, Bellecourt et de Boston.

Ces actes barbares ont soulevé l’émoi de toute la population haïtienne. Toutefois, la sortie de l’ambassadrice américaine Michelle Sison sur les massacres dans les quartiers populaires au cours de sa rencontre avec la Ministre Jessie Menos constituerait cette levée de boucliers de l’exécutif pour se positionner sur cette question. Cependant, il reste à mesurer les propos du Président par rapport aux actions qui seront posées dans le futur.

Les contours du pouvoir n’ont jamais permis aux institutions haïtiennes de jouer pleinement leur rôle. La défense des intérêts particuliers ou de clan ont toujours remporté la mayolle (le dessus) sur le droit et l’intérêt Collectif. Pour ceux qui observent, M. Renan Hédouville essaie tant bien mal de proposer à la nation un autre récit qui serait de nature à garantir le droit à la justice et à protection.

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