La situation sécuritaire d’Haïti est cahotique, décrit le BINUH dans son dernier rapport

(TripFoumi Enfo) – Conformément à la résolution 2476 du Conseil de Sécurité(2019), le Bureau Intégré des Nations-Unies pour Haïti a présenté son dernier rapport le 25 septembre dernier au Secrétariat Général de ladite instance. C’est un rapport global touchant presque tous les secteurs de la vie nationale notamment sur le plan sécuritaire. Le BINUH note, en effet, une situation cahotique où les actes de violence se multiplient, les gangs armé en maître absolu.
Extrait du rapport :
«[…]. Le rapport ci-après est présenté en application de la résolution 2476 (2019) du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil a créé le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et m’a prié de lui rendre compte tous les 120 jours de l’application de la résolution. Il couvre les faits nouveaux d’importance survenus depuis la parution de mon précédent rapport (S/2020/537) et fait le point sur la mise en œuvre du mandat du Bureau alors que la Mission achève sa première année d’existence.[…].
Le G9, qui aurait été formé à l’instigation de l’ancien policier Jimmy « Barbecue » Cherizier, qui est soupçonné d’avoir été mêlé aux affaires emblématiques de Grande Ravine (2017), La Saline (2018) et Bel-Air (2019), est notoire par la diversité de ses membres, son influence sur de larges portions de l’agglomération de Port-au-Prince, et son image de mouvement social luttant pour l’amélioration des services et des chances offertes à la population des quartiers pauvres. L’apparition de cette nouvelle organisation a suscité des inquiétudes parmi les acteurs de l’échiquier politique et de la société civile quant à l’impact préjudiciable que les bandes partisanes pourraient avoir sur les institutions de l’État
La signature, le 22 août, par plusieurs chefs de gang de ce G9 d’une trêve avec leurs rivaux de la Cité-Soleil et les informations faisant état de tensions, fin août, au sein de l’alliance ont suscité des interrogations sur la solidité de sa cohésion interne. Néanmoins, le renforcement du contrôle du G9 sur certaines parties de l’agglomération semble avoir eu une incidence sur les grandes tendances de la criminalité au cours de la période à l’examen. Les homicides volontaires signalés à la police ont diminué de 12 % entre le 1er juin et le 31 août, et ont fait 328 victimes (dont 24 femmes et 9 enfants) contre 373 (dont 9 femmes et 12 enfants) au cours des trois mois précédents. Tout comme dans les périodes précédentes, 74 % de ces cas ont été enregistrés dans le département de l’Ouest, où vit environ 35 % de la population et où la violence en bande organisée est plus répandue. Un examen plus attentif des statistiques révèle cependant une flambée subite en juin (171 homicides volontaires signalés contre 132 en mai) qui coïncide avec la formation de l’alliance du G9 et correspond aux raids les plus meurtriers menés sur le quartier de Pont-Rouge et la commune de la Cité-Soleil à Port-au-Prince. Après quoi, on constate un déclin marqué de ces incidents après le mois de juillet (77 homicides signalés), une fois les alliances reconfigurées. À l’inverse, les enlèvements ont suivi la tendance inverse. Après avoir diminué régulièrement depuis mars pour atteindre une moyenne mensuelle de 3,5, le nombre d’enlèvements est passé à 19 en juillet, les gangs étant retournés à des activités plus lucratives après des semaines d’intenses négociations et d’affrontements. Au total, 32 personnes (dont 9 femmes et 3 enfants) ont été enlevées, contre 25 au cours des trois mois précédents (dont 7 femmes et 7 enfants), ce qui représente une augmentation de 28 %. Cette augmentation du nombre d’enlèvements semble toutefois avoir été contenue par les opérations de police menées dans la dernière partie de la période considérée, qui ont conduit à l’arrestation de 53 personnes soupçonnées d’avoir participé à des enlèvements et de 51 autres membres de gang
Une augmentation notable des incidents provoqués par les gangs a également été observée dans d’autres régions du pays, notamment au Cap-Haïtien (département du Nord) et à Petite-Rivière-de-l’Artibonite (département de l’Artibonite), où l’insécurité limite la circulation sur plusieurs axes importants. Tout comme dans la capitale, la violence des gangs pourrait s’intensifier avec la publication du calendrier électoral. Freiner le développement des gangs reste donc une priorité pour la Police nationale d’Haïti, qui a lancé, le 7 août, une nouvelle opération de police à l’échelle nationale et renforcé sa présence dans les zones sensibles, où ont été construits de nouveaux commissariats, à L’Anse-à-Veau (département de Nippes), Ganthier et Malpasse (département de l’Ouest).[…].
[…] Le BINUH a également continué à soutenir les autorités nationales dans la lutte contre la prolifération des armes et des munitions illicites en Haïti dans le cadre d’un projet spécial du Fonds pour la consolidation de la paix mis en œuvre par le PNUD et l’OIM avec le soutien du Département des opérations de paix et du Bureau des affaires de désarmement. Le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes apporte son concours à l’examen et à l’élaboration de la législation sur la maîtrise des armements. L’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement prépare une étude de la gestion des armes et des munitions en Haïti. Dans le cadre du projet du Fonds pour la consolidation de la paix, un appui est également apporté à la Police nationale d’Haïti pour lui permettre une meilleure maîtrise de son arsenal d’armes et de munitions ainsi que de celui du Service de permis d’armes à feu, dans le cadre de la gestion des permis civils de détention ou de port d’armes. Dans le cadre de ce projet, l’OIM a également dispensé une formation aux agents de la force publique et des douanes opérant à la frontière afin d’améliorer la gestion des contrôles aux frontières.[…].»