Nations Unies

Haïti: La représentante permanente adjointe pour la France à l’ONU, Nathalie Broadhurst, prône un dialogue inclusif

Contrairement à la BINUH et l’ambassade américaine à Port-au-Prince, la France prend toutes ses distances à une quelconque résolution unilatérale.

Intervenant ce lundi 5 octobre auprès des Nations Unies au Conseil de Sécurité, Mme Nathalie Broadhurst croit que la résolution de cette crise ne pourra venir qu’à l’issue d’un dialogue national inclusif entre toutes les forces politiques du pays, notamment avec l’opposition, la société civile et le secteur privé.

Retrouvez en exclusivité le discours de la représentante adjointe.

Je remercie à mon tour la Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti Mme Helen La Lime pour sa présentation extrêmement complète et éclairante. Monsieur le Président, Haïti traverse actuellement une crise qui est avant tout politique. Nous observons, avec une grande préoccupation, la dégradation continue de la situation institutionnelle.
Je le rappelle en effet, faute d’élections, le Parlement n’est plus en mesure de siéger depuis le mois de janvier et le gouvernement nommé en mars n’a pas été investi. Nous déplorons que toutes les initiatives de dialogue aient échoué depuis deux ans.

Pourtant, la résolution de cette crise, nous le savons tous, ne pourra advenir qu’à l’issue d’un dialogue national inclusif entre toutes les forces politiques du pays, notamment avec l’opposition, la société civile et le secteur privé. Ce dialogue est indispensable pour garantir l’organisation crédible et transparente des prochaines échéances électorales et de la révision de la Constitution, si tel est le souhait des Haïtiens.

La France exhorte le président Jovenel Moïse à être à la hauteur des circonstances pour mettre fin à cette situation de blocage. Cet appel à la responsabilité politique est d’autant plus nécessaire que la crédibilité des institutions est profondément ébranlée en Haïti, ce par des affaires de corruption.
La société civile haïtienne réclame depuis de nombreuses années la transparence face à ces affaires qui détruisent la confiance de la population envers leurs institutions. Prendre en compte ces revendications est une condition essentielle pour renouer le lien de confiance avec la population haïtienne. C’est pourquoi la lutte contre la corruption doit être la priorité absolue de la classe politique haïtienne.

Enfin, la société haïtienne a des exigences tout à fait légitimes en matière de sécurité et de respect des droits de l’homme qui doivent être entendues par les autorités. Nous condamnons fermement l’assassinat de Maître Dorval, le bâtonnier du barreau de Port-au-Prince le 28 août dernier.
Ce meurtre est un symbole extrêmement inquiétant de l’augmentation de l’insécurité depuis le début de l’année et de la violence par les gangs qui sévissent en toute impunité. Je pense également aux massacres de La Saline et Bel Air qui ont donné lieu à des rapports accablants des Nations Unies. Face à cette situation, il est indispensable que l’Etat haïtien assure la sécurité de ses citoyens et garantisse que les responsables de ces violences répondent de leurs actes devant la justice. La Police Nationale d’Haïti se mobilise pour y faire face ; elle se doit d’être irréprochable pour faire respecter l’état de droit.

En outre, nous le savons, la pandémie de Covid 19 est venue peser sur une situation économique, humanitaire et sociale déjà extrêmement dégradée. Des millions d’Haïtiens vivent dans une précarité importante et cette tendance s’accentue. La France et l’Union Européenne continueront de se mobiliser pour apporter toute l’aide humanitaire nécessaire pour répondre aux besoins les plus urgents.

Monsieur le Président,
Nous sommes tous conscients que le caractère multidimensionnel de la crise en Haïti rend sa résolution particulièrement complexe. Le BINUH, un an après son institution, s’est mobilisé sans relâche, sous le leadership de Mme La Lime, pour accompagner Haïti. Le travail que le BINUH mène, en appui au dialogue politique et en matière de gouvernance et de renforcement de l’Etat de droit est absolument essentiel. Il doit être poursuivi et le BINUH se voir accorder tous les moyens de mettre pleinement en œuvre son mandat.

Monsieur le Président,
Notre Conseil continuera à maintenir toute sa vigilance et à prendre les mesures appropriées, notamment si la situation en Haïti devait continuer à se détériorer.
Je souhaite enfin réaffirmer que la France se tient plus que jamais aux côtés d’Haïti et des Haïtiens pour faire face aux défis de la crise actuelle et également pour construire l’environnement de stabilité et de prospérité auquel ils aspirent bien légitimement.

Je vous remercie.

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