Justice

Cas de viols à l’Université chrétienne du Nord d’Haiti: le rectorat exige le silence des victimes

(TripFoumi Enfo) – En vingt-quatre heures, deux cas de viol ont été signalés à Limbé. Les victimes sont des étudiantes de l’Université chrétienne du Nord d’Haiti (UCNH) dont le rectorat interdit de contacter la presse pour « ne pas salir la réputation de l’université », dénonce une étudiante de l’université.

À Limbé, dans le quartier de Séminaire, elles sont deux étudiantes de l’UCNH à être victimes de viol. Entre lundi et jeudi, les jeunes femmes ont été agressées alors qu’elles revenaient de cours. Un acte horrible commis sur leur personne et qui a donné suite à une tentative d’assassinat le lendemain du vendredi 23 octobre 2020.

Effectivement, une ancienne étudiante devenue professeure à ladite université a failli se faire massacrer par des individus non identifiés. Attaquée par surprise, la dame qui attendait son fiancé en train de garer sa voiture, a reçu plusieurs coups de machette notamment aux bras et à la jambe. La professeure demeurée anonyme réussit à s’échapper de justesse.

Selon plusieurs témoignages, la victime grièvement blessée serait l’une des violées de la même semaine, mais aucune certitude n’est encore portée. D’autant plus que les filles sont dites défendues de contacter la presse.

Affirmé par des étudiantes de l’UCNH, le rectorat de l’établissement est accusé d’interdir les étudiantes violées de médiatiser l’affaire au risque d’entacher la réputation de l’université. Puisque averti de la situation, lui-même s’est révélé totalement impuissant. Surtout qu’en plus de ces cas en question, les étudiants de l’université capoise sont continuellement victimes de vol. Si certains regagnent leur demeure respectif après les cours, d’autres résident dans les campus de l’université, et se voient malgré eux victimes du vol de leurs effets personnels, à l’exemple de leur laptop.

Le tout serait dû au maintien de l’espace de l’université qui n’est pas du tout sécuritaire. Absence de caméra dans l’établissement, une sécurité assurée par deux barbons sans aucune formation en rapport à leur travail, une vaste cour privée d’éclairage et clôturée en partie… Toutes les conditions sont réunies pour permettre aux bandits d’agir à leur guise.

Ceci explique d’ailleurs pourquoi les victimes violées sont des étudiantes des dortoirs de l’université, avance une étudiante sous couvert d’anonymat. Occasionnant du même coup, la désertion massive de ces dortoirs par des étudiants qui s’en vont cohabiter avec des compagnons pour poursuivre leurs études. Et dans le pire des cas, ils s’en vont chez eux dans leur bled, forcer d’abandonner leurs études.

Aucune enquête n’est encore menée pour, si viol il y a, retrouver les malfrats concernés. Cependant, des étudiants attestent que c’est vrai et que ces cas de viol seraient le résultat « d’une insécurité planifiée par des membres de l’administration de l’UCNH » qui, jaloux de la position de l’actuel recteur de l’université veulent tout entreprendre pour l’écarter. Sauf que ce même rectorat est accusé d’avoir exigé le silence de la part de ses étudiants.

Des accusations témoignant d’une potentielle contribution de l’institution d’enseignement supérieur à la culture du viol déjà flagrante dans le pays.

Réagissant à l’encontre de la volonté de l’institut, une des étudiantes confie avoir déjà alerté les autorités locales des faits survenus à l’université. Mais rien n’a été fait pour les accompagner en tant qu’étudiantes victimes. En ce sens, elle dit crier grâce auprès des organisations des droits humains, en particulier celles féministes pour rendre justice à ces jeunes femmes violées.

Rappelons que l’Université chrétienne du Nord d’Haïti se donne une triple fonction : l’enseignement, la recherche et le service.

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