Politique

Guy Philippe, déclare être victime d’un « complot général » et accuse Garry Pierre Paul Charles de faire partie de la conspiration

(TripFoumi Enfo) – L’élu de la Grand’Anse, Guy Philippe, dit être retenu illégalement aux États-Unis. Dans une interview accordée à une station de la capitale l’ancien putschiste affirme être victime d’un « complot général » administré par plus d’un au niveau du sénat notamment en accord avec le gouvernement américain. Ainsi, sans aucune preuve des accusations portées contre sa personne, les États-Unis le retiennent de force, déclarant « qu’il ne s’agissait pas d’extradition, mais de kidnapping », dénonce le sénateur élu Guy Philippe.

Langaj

De son arrestation, Guy Philippe était au courant. C’est en tout cas ce qu’il affirme. « J’étais au courant de l’attaque au moins 24 heures avant », nous apprend l’anciennement élu lors des dernières élections législatives de 2016. D’entre tous, le sénateur Richard Lenine Hervé Fourcand était l’un des rares ayant eu « la décence de m’appeler ». Il était entre 9 et 10 heures du soir, confie-t-il, quand son homologue lui avait invité à rester chez lui afin de déjouer ce complot.

L’en a même informé le commissaire d’alors, Michel-Ange Gédéon. Celui-ci, poursuit Guy Philippe, est passé outre l’ordre qualifié d’illégal qu’on lui a donné pour l’avertir de ce qui se tramait. Autrement dit, étant incapables de contrôler les faits et gestes de l’homme politique, ennemis et « soit-disant alliés » étaient de mèche pour l’éliminer.

Et pourtant, l’homme politique est resté. Un choix de ne pas fuir qu’il explique à travers ces simples mots : « Je ne pouvais revenir en arrière ». Mais encore, il était question d’un courage qu’il a toujours prêché. S’il répétait sans cesse au peuple de continuer à avancer, en dépit des difficultés rencontrées, c’était la moindre des choses que de donner l’exemple, juge-t-il. C’est ainsi qu’au lieu de prendre ses jambes à son cou, Guy Philippe affirme avoir préféré se préparer en conséquence.

Une stratégie de crucifié

Les premiers concernés par son plan furent ses propres agents de sécurité. Les plus impulsifs ont été écartés du lieu prochain des affrontements, soit du bâtiment de la Radio Scoop FM. À titre d’exemple, Philippe relate avoir envoyé les dénommés Sanon et Louis Jean Étienne s’occuper respectivement de l’achat d’un téléphone là où il n’allait pas le trouver, ainsi que d’un papier qui ne serait pas livré dans les temps. « Je n’avais même pas besoin du téléphone puisque j’en avais déjà trois autres », ajoute notre Sujet.

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S’agissant alors des hommes qui l’accompagnaient, le sénateur actuellement détenu par les autorités américaines informe avoir ordonné à trois de ceux qui étaient armés de s’assurer de la sécurité de sa fille restée à la maison, pour ne pas être entouré de gardes particulièrement armés.

Ses détracteurs prévoyaient des échanges de tirs desquels il sortirait victime. Lui-même averti par ses informateurs, dont l’ex-chef de la police, avait décidé de « respecter jusqu’au bout la responsabilité prise envers le peuple ».

Des informations communiquées pour aboutir au même résultat

Plus tôt dans la journée, le sénateur Philippe venait de rentrer en possession de son certificat au local du Conseil Electoral Provisoire, au cours d’une cérémonie organisée pour l’occasion. Puis, invité dans l’après-midi à l’émission Haïti Débat de Gary Pierre Paul Charles accusé de faire partie de la conspiration, il s’y est présenté comme convenu.

L’animateur de l’émission a joué à deux reprises l’hymne national, souligne M. Philippe, pour faire traîner les choses et « permettre aux comploteurs d’arriver à temps ». Une demi-heure après, le sénateur alors nouvellement élu dit avoir demandé de partir, mais celui-ci avait insisté pour qu’il reste encore un peu. C’est alors que Guy Philippe lui aurait laissé comprendre qu’il était au courant de tout d’un simple regard. « Tout le message à communiquer y était renfermé », lâche-t-il.

Après son intervention au micro du journaliste de Scoop FM, le concerné informe s’être lui-même avancé vers un policier, à sa sortie des locaux de la radio. « Même le policier mandaté n’était pas motivé pour accomplir sa tâche ». Lequel policier, il considère lui avoir sauvé la vie. Puisqu’à peine entraîné derrière une voiture par ce dernier, « des coups de feu se sont faits entendre ».

Et au terme de ces tirs nourris, la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS) a procédé, sous les ordres de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), à l’arrestation du sénateur élu de la République, Guy Philippe.

Des chefs d’accusation irréguliers?

Aux alentours de la Radio Scoop FM, le sénateur élu de la Grand’Anse est arrêté pour cause de drogue. L’ambassadeur américain Peter Mulrean a rédigé une lettre au ministère de la Justice haïtienne pour faire entendre que la Justice américaine avait émis un mandat d’amener contre Guy Philippe dont le nom figure dans l’enquête du Bureau des Affaires Criminelles (BAC), depuis 2005 à cet effet.

Justement, le 13 et le 17 janvier 2000, les autorités américaines affirment que deux bateaux ont quitté le Cap-Haïtien avec 80 kilos de cocaïne abord. Et le capitaine du navire accuse le citoyen haïtien d’avoir accepté des pots-de-vin en échange de la protection de ses envois de Colombie à Haïti vers les États-Unis.

« Arrivé aux États-Unis, j’ai été d’accord pour aller au jugement puisque je n’étais pas le trafiquant de drogue dont on m’accusait ». C’est ce que déclare Guy Philippe. Le 10 et le 12 janvier sont les deux dates retenues pour avoir payé le capitaine trafiquant. Or, s’appuyant sur les données de son ancien passeport, l’accusé révèle avoir été aux États-Unis depuis le 3 janvier 2000 du fait que sa fille allait naître le 15 du même mois.

De surcroît, Guy Philippe rétorque pour dire qu’il n’a jamais été commandant de police au Cap à ce moment. Mais plutôt, « un directeur départemental chargé du département du Nord pour la police administrative ». En effet, le capitaine du navire de drogue a assuré avoir payé le commandant du Cap, ce qu’il n’était pas avant février 2000.

Cependant, deux jours plus tard, il allait être question de money laundering (blanchiment d’argent en francais). « Ils sont venus avec un chèque de 112 milles dollars américains pour dire que j’ai blanchi 3 millions et demi de dollars américains ». Toujours selon l’élu de la Grand’Anse, ses accusateurs ont soutenu que la Sogebank Haiti a confirmé un nombre suspect de dépôt effectué entre les années 2001 et 2003. Mais encore, Guy Philippe se défend pour dire que non seulement les chiffres sont incohérents, mais aussi, il n’a pas été au pays durant toute cette période de temps. « Ils ont oublié que j’étais en exil », martèle l’ex-commandant de l’armée rebelle contre le président Jean-Bertrand Aristide. Par conséquent, les possibilités d’effectuer des dépôts à la Sogebank Haiti étaient quasi inexistantes.

Guy Philippe condamné

La défense de l’ancien candidat malheureux des présidentielles de 2005 était compromise, selon lui. « Mon propre avocat était du complot », regrette-t-il. Sous pression, ce dernier ainsi que son avocat Philip Pitzer ont alors signé avec le gouvernement américain.

Le sénateur élu accusé de trafic de drogue a accepté de plaider coupable. Guy Philippe a reconnu avoir empoché environ 3,5 millions de dollars américains provenant de la drogue entre 1999 et 2003. Et a fini par se prendre 9 ans de prison par la justice américaine le 21 juin 2017.

Des 9 années de sa peine, Guy Philippe écoperait 7 et aurait droit de faire appel. Mais malgré l’arrangement signé avec le gouvernement, la juge fédérale Cecilia Altonaga a rejeté l’appel du condamné qui, transféré devant la Cour d’appel, n’a pas trouvé suite à sa requête.

Guy Philippe, prisonnier politique

À croire l’ex-chef de la police de banlieue de Delmas à Port-au-Prince, son emprisonnement était illégal. Quoiqu’ils n’ont rien eu comme preuve, cela ne leur a pas empêché de « retenir illégalement un sénateur de la République, sans respect pour la Constitution haïtienne, ni pour le Droit international, ni pour la convention de Genève…» Les États-Unis, la superpuissance critiquée qui ne cesse de claironner la démocratie à tout bout de champ a pourtant eu « le toupet » de déclarer qu’il ne s’agissait pas d’extradition mais de « kidnapping » sur la personne du sénateur.

Des sénateurs de la Chambre ont tout entrepris pour démontrer au juge concerné que les conditions de l’arrestation on été illégales, mais rien n’a réussi. Bien le contraire, certifie M. Philippe, on le lui a dit. Il n’a pas été arrêté, mais kidnappé. Montant tout un dossier à ce propos, poursuit-il.

Officiellement aux États-Unis, il a été arrêté à l’aéroport de Miami par un agent dénommé Amos Rojas. Et on s’appuie dessus comme motif de son emprisonnement, aux dépends des évènements du 5 janvier 2017, à Pétion-Ville.

Raison pour laquelle, le citoyen haïtien de 52 ans dit se considérer « comme un prisonnier politique des États-Unis d’Amérique ».

Toutefois, Guy Philippe veut que tout soit clair. Son arrestation ne vient pas de l’invitation reçue à la station de radio, mais plutôt du non-respect des lois du pays. L’article 95 de la Constitution stipule « qu’après publication officielle, les sénateurs rentrent immédiatement en fonction ». Ainsi donc, il n’était pas question de prestation de serment pour l’originaire de Pestel. D’autant plus que le 15 mars 2017, le Sénat de la République a voté une résolution condamnant son arrestation, et de manière générale, l’arrestation et la déportation vers les États-Unis de tout citoyen haïtien. Quoique « cette résolution n’a pas été accompagnée par l’ensemble de la Chambre ».

Élu sénateur du département de la Grand’Anse le 20 novembre 2016, Guy Philippe fut arrêté le 5 janvier 2017 à Pétion-Ville, non loin de la Radio Scoop FM de laquelle il ressortait. Deux autres charges furent ajoutées à l’acte d’accusation initial retenu contre lui.

Guy Philippe est donc accusé de trafic de stupéfiants, de blanchiment d’argent et de transactions financières sur des biens dérivés d’activités illégales. Trois accusations qui sans accord passé avec le bureau du procureur américain, auraient été suffisantes pour lui valoir une peine à perpétuité.

Le sénateur élu est sur sa troisième année d’emprisonnement.

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