Opinion

Haïti- Police : Fantôme 509, bras armé du syndicat de la police ou des frustrés?

“ Pour progresser, il ne suffit pas d’agir mais il faut savoir dans quel sens agir” Gérard Lebon

Le premier pas dans l’établissement de tout mouvement politique, social, ou professionnel c’est la création d’une vision, qu’il faut par la suite vendre pour attirer des supporteurs. En plus de cela, la présence et l’élaboration des objectifs précis, transparents, et réalisables sont des conditions sine qua non pour l’application de stratégies alignées avec la vision de l’organisation.

Les règlements internes de la police nationale interdisent la formation de syndicat, ce qui n’empêche pas, l’existence deux syndicats au sein de l’institution aujourd’hui.

Comme dit l’adage français, “le vin est tiré il faut le boire”.
Maintenant, le haut commandement de la police doit avoir un dialogue sincère quoique difficile avec les représentants des syndicats policiers pour créer des relations de travail et de collaboration aux bénéfices de la sécurité nationale et pour le bon fonctionnement de l’institution policière. Dans un pays normal, le but d’un syndicat est de protéger les droits des travailleurs et de faire recours au système judiciaire en place pour régler des contentieux de travail avec l’administration. Mais, étant donné qu’Haïti est un pays singulier qui échappe aux normes politiques, sociales, et juridiques, alors, à partir de cette prémisse on assiste à la naissance d’un syndicat muni d’un bras armé dans une force qui est responsable de la protection des vies et des biens.

Le terrorisme par définition est l’utilisation préméditée de la violence par des individus ou des groupes, pour atteindre un objectif politique ou social. Il y a deux ingrédients essentiels qui caractérisent cette définition : l’intimidation ou l’exercice de la violence (discriminée ou indiscriminée) et le motif politique ou social. Les actes de violence du 20 novembre 2020 orchestré par le groupe fantôme 509, portent à penser sur la dénomination du groupe.

Mon intention est d’offrir une approche salutaire au comportement du groupe face à la situation du pays. On doit se poser des questions sur son modus operandi.
Fantôme 509, est-il une réaction à la situation politico-sociale du pays ?
Est-ce un acte de légitime défense des policiers face au mépris intentionnel de la classe politique ?

Les actes de violences et de destructions des biens de l’État sont répréhensibles et ne peuvent être tolérés sur aucune forme. Mais, on doit être conséquent avec soi-même. La nation haïtienne est née d’une révolution sanglante et dès lors, à travers notre histoire de premier peuple noir indépendante de l’hémisphère , on s’est donné une mauvaise tradition de régler nos désaccords par la violence. Fantôme 509, qui s’érige en bras armé des syndicats de la PNH, est l’iceberg du déclin en chute libre du pays. Le groupe doit savoir que la violence est une forme d’expression des écervelés. Ces policiers doivent s’abstenir d’agir comme des philistins et prendre la voie du dialogue pour faire entendre leur demande de meilleure condition de travail. Il existe d’autres moyens pour forcer la main du pouvoir politique, mais cela doit se faire dans l’ordre et la discipline.

J’étais dans la même situation que les policiers, en décembre 1995, après la dissolution des FADH. Je faisais partir du vestige de l’ancienne armée qui jouait le rôle de police intérimaire, qui allait plus tard être remplacé par la nouvelle police nationale. La police intérimaire était une force pestiférée et rejetée par la population et le pouvoir politique de l’époque. Je n‘avais pas les moyens, et n’était pas rémunéré pendant quatre mois. En tant qu’officier sortie de la dernière promotion de l’académie militaire, tout ce que j’avais comme motivation c’était l’esprit d’honneur et de patrie. J’ai sacrifié ma jeunesse, j’ai connu des périodes en rouge et noire, mais j’ai acquitté de ma tâche qui était de sécuriser les vies et des biens dans le respect des lois et avec dignité. J’ai formé des formateurs de police, et entraîné la deuxième promotion de CIMO, c’eût été une fierté pour moi de servir mon pays dans le cadre mon travail.
Fantôme 509, tous les haïtiens sont des sacrifiés du système maladroit du pays. Mon frère que j’aime beaucoup est tombé sous les balles assassines des bandits politiques dans l’affaire du petro Caribe. Fantôme 509, je vous en conjure de prendre la voie de la réconciliation et du dialogue. Le nouveau Directeur de la PNH, est un leader conciliant malgré sa frustration de la situation, mais je suis convaincu, ensemble vous pouvez trouver une solution politique aux problèmes que le pays confronte actuellement en matière de sureté et sécurité.
L’évolution de l’environnement politique, économique et social du pays peint un futur triste et morbide. Le pays n’est pas en guerre et pourtant on a une économie d’un pays qui en est guerre. Le pays manque de tout et tout est rationné. Notre proximité géographique à l’Amérique du nord nous a évité la Somalisation. Haïti est traité en paria parce que nous avons refusé de prendre en main notre destin en tant que peuple soi-disant souverain et libre. On est à la croisée des chemins et c’est maintenant ou jamais de choisir entre la raison ou cet individualisme qui nous détruit à grand pas. Haïtiens mes frères, nous sommes un petit peuple d’un petit pays à grand destin.

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