Opinion

Soit l’Haïtien se révolte ou il choisit de mourir comme un imbécile

La première république noire du monde se meurt, par faute d’autorités intègres, morales et compétentes (lenational, 2019). Fragile à tous les points de vue, 60 % de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté (Franceinter, 2020). Sans services publics, on assiste à l’asphyxie du monde rural. Quant au monde urbain, il est pris au piège des bidonvilles dans lesquels l’humanité haïtienne s’écroule en silence.

Outre plus, les élites sont pourries jusqu’aux moelles. Les paysans ne récoltent que la misère. Les grands manitous se sont accaparés des terres cultivables pour asseoir et justifier leur grandeur et ouvrir le ventre du pays à l’importation. La bourgeoisie haïtienne est improductive. Les forces morales de la nation ont fui leurs responsabilités. Les jeunes n’ont que trois possibilités : la prostitution, le banditisme ou l’exil. La justice crie à ce qu’on lui rende justice. La majorité des coopérations sont moribondes. Face à ce constat d’échec, quelle voie arpenter pour espérer des jours meilleurs ?

La société haïtienne nécessite une modernisation en profondeur. Convaincu du rôle capital des paysans, de l’armée, de la police et de la justice dans ce processus, voilà pourquoi je fais appel à toutes les forces vives de la nation en vue d’une mobilisation en faveur de la refondation de la classe paysanne, de la création d’une armée à tâches spécifiques, de la réforme de la police et de la réhabilitation de la justice.

Qu’est-ce que j’entends par la refondation de la classe paysanne ? Étant donné que le premier rôle de la terre est de faire vivre l’être humain et de produire de la nourriture, si vraiment nous voulons produire à grande échelle afin que le plus petit des Haïtiens soit à l’abri de la faim, les terres cultivables doivent changer de main. C’est-à-dire, s’engager dans une grande campagne de réappropriation de ces terres et de leur redistribution au monde paysan. Ce dernier s’engagera à travailler pour des terres collectives qui seront propriété de coopération agricole. D’où la création de fermes agricoles collectives.

Relative à l’armée, aucun pays ne peut aspirer à la grandeur sans une armée forte. Dans le cas d’Haïti, je fais référence à une grande armée de l’agriculture avec un fort rôle économique. Elle aura pour mission première d’assurer le contrôle des frontières et de l’espace aérien. Deuxièmement se concentrera sur la construction de routes et sur des programmes d’irrigation et d’assistance agricole. Troisièmement garantira la sécurité des espaces cultivables et la distribution des produits dans tous les coins et recoins du pays. Plus tard si besoin est d’autres fonctions peuvent lui être attribuées.

En ce qui a trait à l’institution policière, depuis un certain temps elle est minée d’une part par les agissements d’individus trop dévoués à tout gouvernement en place, d’autre part par des policiers qui pour assurer le quotidien est obligé de viser le privé. La faute est à la lutte des classes à l’intérieur de cette institution : ceux qui grâce à leur position dans la police mangent bien et qui s’en foutent pas mal des autres et de la population ; ceux qui mangent plus ou moins bien grâce aux entreprises privées et qui font preuve de laxisme dans leur travail et qui n’aspirent qu’à remplacer les premiers ; ceux qui mangent mal (ils constituent 80% de l’institution policière), ont la volonté d’exercer leur profession dans l’honneur et la dignité, mais à qui l’on ne dispose pas de moyens. Donc la réforme aura à lutter contre la collusion entre dirigeant politique, policier et bourgeois.

Pour ce qui est de la réhabilitation de la justice, nous pouvons suivre à la lettre le modèle chinois. Il nous faut lancer une campagne anti-corruption sans précédent, ceci en s’attaquant aux juges et aux avocats. Je vois cette attaque dans le sens d’une conscientisation passant par la mise à pied des incompétents et la mise à disposition des moyens nécessaires pour que justice soit rendue à qui elle est due. Ce qui nous permettra de gagner haut la main la lutte contre la fraude fiscale et la corruption et nous ouvrira les portes du développement.

L’heure est donc venue pour l’Haïtien de bouleverser les bases de la société haïtienne. Sinon, il continuera à végéter. Soit il se révolte ou il choisit de mourir comme un imbécile. Qu’importe le choix je suis sûr d’une chose, une élite patriote doit venir. Je ne sais quand mais elle va venir.

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