Opinion

La concertation pour Haïti écrit au gouvernement canadien pour attirer son attention sur les dérives dictatoriales de Jovenel Moïse

(TripFoumi Enfo) – Des institutions dont celles qui travaillent à la défense des droits humains et des voix de référence de la société civile et surtout des dirigeants des partis politiques ; continuent de fixer leur position sur la fin de mandat du Président Jovenel Moïse. Les velléités du locataire du Palais National pour mettre en place une dictature ont été aussi dénoncées. Elles continuent de se positionner pour la mise en place d’un gouvernement de transition, le 7 février 2021.

Tel est le cas de l’organisation Concertation pour Haïti. En effet, pour se positionner sur la conjoncture actuelle, elle a adressé une lettre ouverte au gouvernement canadien pour l’inciter à changer de position par rapport à la Présidence de Jovenel Moïse dont le mandat arrivera à terme, le 7 février. Elle invite le gouvernement canadien à changer de stratégie à l’instar de la nouvelle administration américaine qui rentrera en fonction le 20 janvier par l’investiture de Joe Biden.

TripFoumi Enfo dans un souci d’objectivité, vous invite à lire l’intégralité de cette lettre ouverte.

Lettre ouverte au Gouvernement canadien

Le kidnapping est devenu inquiétant en Haïti et c’est désormais tous les jours que des personnes sont enlevées, séquestrées et libérées contre rançon, ou exécutées si la famille ne réussit pas à satisfaire aux demandes des ravisseurs. Les bandits opèrent sans crainte, les autorités faisant preuve d’un laxisme suspect. Ce n’est là qu’une des dérives inquiétantes de l’actuel régime qui devient de plus en plus autoritaire, ayant démoli au cours des dernières années les contrepouvoirs, aussi bien législatifs que judiciaires, et fonctionnant uniquement par décrets (une quarantaine au cours de l’année 2020).

Le parti au pouvoir fait tout pour prolonger son règne, en dépit du mécontentement de la grande majorité de la population. L’actuel président voudrait prolonger son mandat d’un an, en vertu d’une interprétation de la Constitution rejetée par les spécialistes. Il voudrait utiliser cette année supplémentaire pour adopter une nouvelle Constitution et procéder à des élections législatives sous son contrôle.

Les différents secteurs de l’opposition et de la société civile veulent plutôt la mise en place d’un gouvernement de transition à compter du 7 février 2021, date prévue par la Constitution pour le départ de l’actuel président. Ce gouvernement devrait avoir un mandat d’au moins deux ans pour travailler à l’adoption d’une nouvelle constitution selon les vœux de la population, préparer de nouvelles élections, adopter un plan pour soulager les misères de la population, commencer à remettre de l’ordre dans l’administration publique, et remettre en marche le système judiciaire.

Il est à noter que dans l’histoire récente d’Haïti, cette formule de gouvernement de transition a déjà été utilisée. Ainsi, les élections de décembre 1990 furent réalisées par un gouvernement de transition présidé par une juge de la Cour de cassation. L’actuel président est arrivé au pouvoir suite aux élections de 2016 qui furent, quant à elles, tenues sous le gouvernement d’un sénateur agissant comme président provisoire, son prédécesseur ayant négligé de tenir les élections législatives. Une transition sous l’égide de la société civile est donc parfaitement envisageable.

La nouvelle administration américaine, qui doit prendre le pouvoir à Washington le 20 janvier prochain, a annoncé un changement de cap en ce qui concerne la situation politique en Haïti. Des membres du Congrès des États-Unis ont déjà annoncé leur appui à cette stratégie d’une transition politique et déclaré leur intention de demander le soutien des alliés et des institutions internationales en vue d’appuyer le peuple haïtien dans ses revendications pour le respect de ses droits fondamentaux.

Nous demandons au gouvernement du Canada d’adopter également dans ce dossier une démarche conforme à sa tradition et à un axe fondamental de sa politique internationale.

Pour la Concertation pour Haïti

Elisabeth Garant
Hélène Gobeil

Jean-Claude Icart

Marie Marsolais

Marlène Rateau

Montréal, le 7 janvier 2021

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