Sécuritésociété

En Haïti, chaque secteur attend d’être lui-même touché pour protester contre l’insécurité

(TripFoumi Enfo) – Les cas de kidnapping et d’insécurité dépassent l’entendement humain en Haïti. À chaque jour son cas, l’un plus odieux que l’autre. Pourtant jusqu’à présent, une conscience citoyenne pouvant déboucher sur une révolte générale n’est pas encore remarquée. Chaque secteur semble vouloir attendre d’être touché avant d’exprimer son désaccord à cette pratique quotidienne.

Lors de l’affaire d’Evelyne Sincère en début de novembre dernier, la communauté haïtienne en générale s’était montrée concernée. Des élèves, des parents, des professionnels ont exprimé leur indignation face au départ tragique de cette jeune écolière. Pourtant, ce n’était qu’un mouvement cosmetique. Après l’arrestation d’Obed «Kiki» Joseph et ses acolytes, les élèves regagnent leur salle de classe, les autres citoyens retournent à leur activité quotidienne.

Pourtant, le problème reste et demeure. Le phénomène persiste jusqu’à l’enlèvement du Dr Hans David Thélémaque. C’est alors que les médecins de la capitale et des villes de province, ainsi que les étudiants en médecine, allaient se rappeler de l’existence du phénomène de kidnapping. Des mouvements de protestation un peu partout qui ont tenu que quelques jours après la remise en liberté du professionnel de santé. Après, tout le monde regagne leur base et ne se soucie presque plus du problème.

Magdala Louis, cette marchande de saucisse, a été enlevée le 6 décembre dernier à Pétion-Ville. Ses voisins et voisines de Nazon ont protesté. Après sa libération, tout est revenu à la normale. Même cas de figure lors de l’enlèvement de Betsaïna Louis Jean le 18 décembre et celui des professionnels travaillant dans le Laboratoire National de Santé Publique en fin de l’année écoulée.

Ces deux derniers jours, soient le dimanche 17 et le lundi 18 janvier 2021, parmi tant d’autres cas, l’entrepreneur Mike Bellot et le chauffeur Eril Dédé ont été enlevés. Les secteurs auxquels ils appartiennent annoncent la couleur, montent au créneau pour dénoncer le kidnapping qui ronge la société depuis tantôt trop longtemps. Des pneus enflammés étaient remarqués à Portail Léogâne, paralysant ainsi la circulation. Une fois le relâchement M. Dédé, tout est rentré dans «l’ordre», comme quoi le problème est déjà résolu.

Ces comportements nous laissent croire que les secteurs se sentent concernés que lorsqu’ils sont eux-mêmes touchés par le problème. Sans quoi, cela ne leur intéresse pas. Pourtant les bandits gagnent du terrain et opèrent en toute quiétude, aggrandissent chaque jour la liste des victimes. À quand un réveil national? À quand une prise de conscience citoyenne collective ? À quand une révolte générale pour qu’une fois pour toute, le phénomène de l’insécurité, du banditisme, de la criminalité soit à jamais résolu?

«L’union fait la force», dit notre devise. Il est donc temps d’unir nos forces autour d’un objectif commun afin de trouver un résultat favorable à tous. «Si nou pa parèt ANSANM, n ap disparèt ANSANM», et ce serait triste d’en arriver là.

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