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USA: La demande de sperme en forte hausse, une véritable complication pour les donneurs

(TripFoumi Enfo) – En proie à une pénurie, les banques de sperme aux États-Unis ne peuvent plus satisfaire la demande, en hausse en cette période de pandémie. Si bien qu’un marché parallèle, via Facebook ou des applications, s’est développé. Le New York Times est parti à la rencontre des “sperm kings: ou “donneurs étalons”.

Nombreuses sont les personnes qui veulent un bébé en ces temps de pandémie, et les banques de sperme ont du mal à suivre la demande. Résultat : les femmes rejoignent des groupes Facebook pour trouver des donneurs. Hors de tout cadre légal.

Les donneurs de sperme d’Amérique sont épuisés. Ils sautent dans des avions pour se rendre aux quatre coins du pays. Ils envoient leur sperme dans des dispositifs de recueil modernes et font des tests ADN dernier cri pour répondre aux demandes des femmes. Oui, ils veulent bien discuter au téléphone, mais ils ont peu de temps, car ils doivent prendre leur voiture pour être à Dallas, Kansas City ou Portland, dans le Maine, à temps pour la fenêtre d’ovulation d’une receveuse. Tout cela en plus de leur vrai travail.

“Les gens en ont marre des banques de sperme”, résume Kyle Gordy, un jeune homme de 29 ans qui vit à Malibu, en Californie. Pour gagner sa vie, il investit dans l’immobilier, mais il consacre le plus clair de son temps à faire des dons de sperme directement à des receveuses (il leur demande uniquement de lui rembourser les frais de déplacement). Il gère aussi un groupe Facebook privé de près de 11 000 membres, Sperm Donation USA, qui aide les femmes à entrer en contact avec un pool de plusieurs centaines de donneurs approuvés. Ses dons ont déjà engendré trente-cinq enfants, et cinq autres sont en route, m’indique-t-il.

Une pénurie inquiétante
Pour les quelque 141 millions d’Américains dont le corps produit du sperme, il s’agit d’un produit abondant et bon marché. Pour les autres, c’est tout le contraire. D’autant plus aujourd’hui, alors que la pandémie de Covid-19 provoque une pénurie. Les banques de sperme et les cliniques spécialisées dans la fertilité s’inquiètent du recul des dons, tandis que la demande enregistre une forte hausse dans certains établissements et reste stable dans d’autres.

“Depuis juin, les ventes atteignent des niveaux historiques dans le monde entier, pas seulement aux États-Unis – nous avons battu nos records en Angleterre, en Australie et au Canada”, explique Angelo Allard, responsable de la conformité à la Banque de sperme de Seattle, une des plus grandes du pays. Il rapporte que les ventes de sa banque ont augmenté de 20 % en un an alors que les dons ont diminué.

Sur nos trois sites, nous avons généralement 180 donneurs. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 117. Il y a quelques mois, leur nombre était même descendu à 80. Rien n’indique que les choses évolueront de manière positive.”

La pénurie inquiète les gens. Beaucoup sont à cran. Le monde du sperme – le monde des personnes qui achètent et vendent du sperme – est sens dessus dessous. Les donneurs vont directement trouver les clients. Ils donnent rendez-vous aux futures mamans dans des logements Airbnb loués pour l’après-midi. Et les groupes Facebook consacrés à cette question, lesquels comptent parfois plusieurs dizaines de milliers de membres, se multiplient.

La raison pour laquelle je sais tout cela est assez simple : je suis une femme de 32 ans qui vit avec une femme, je suis coincée à la maison et je suis à la recherche du meilleur sperme que je puisse trouver.

Le coronavirus a changé la donne
Quand j’ai commencé à me renseigner auprès de banques de sperme à l’automne dernier, elles avaient déjà quelques problèmes d’approvisionnement. Difficile en effet de trouver des personnes fiables dans le monde du sperme. Les chercheurs, qui se fondentsur des données collectées dans les années 1980, estiment qu’entre 30 000 et 60 000 enfants naissent chaque année d’un don de sperme aux États-Unis. Les avocats de cette méthode affirment pour leur part qu’en l’absence de réglementation, il n’existe pas de chiffres fiables. Ce qui est certain, c’est que le secteur de la banque de sperme pesait 4 milliards de dollars en 2018.

Il y a toujours eu des couples hétérosexuels stériles en quête de donneurs, mais avec la légalisation du mariage homosexuel et la multiplication des femmes célibataires qui veulent avoir un enfant, le marché est en plein boom depuis dix ans. Environ 20 % des clients des banques de sperme sont des couples hétérosexuels, 60 % des femmes lesbiennes et 20.

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