(Tripfoumi Enfo)- Le peuple haïtien, de façon générale, perd dans la majeure partie des cas son originalité vis-à-vis de tout ce qui faisait de lui une nation différente et riche culturellement. En voulant adopter d’autres manières de vivre et en voulant faire fi de certaines valeurs intrinsèques qui les définissent dans l’ensemble, les Haïtiens deviennent, sans se rendre compte, esclaves pour une énième fois et se noient dans l’eau de l’acculturation. Pour s’en sortir, cela demande du sacrifice et un très grand travail de conscientisation et d’éducation au niveau de toutes les couches de la population dans l’objectif d’aider celle-ci à retourner à son amour-propre, son originalité et ses racines.
En dépit du fait que l’Haïtien se perd dans la culture d’outre-mer, il reste tout de même une frange de la population qui lutte corps et âme pour la consommation de la culture locale dans tous ses aspects. Un exemple fort vient de se donner dans un mariage très spécial aux couleurs autochtones à Jérémie le samedi 9 octobre dernier.
Vêtements et costumes du cortège en Karabela, Sandale artisanale, traine de la mariée avec un design traduisant la réalité des paysans, un décor original teinté de la couleur locale, couronne et bijoux de la mariée en produits locaux, la valorisation de la gastronomie haïtienne, musique locale et engagée…, le goût local et la culture haïtienne étaient bel et bien au cœur de ce mariage inédit organisé dans la métropole de la Grand’Anse, particulièrement dans la localité dénommée Gebeau. Depuis, les mariés (Bantou Rose F. Evashnah et Henry Robert Pierre), en passant par les parents de ces derniers, jusqu’aux invités présents (grands et petits) à cette cérémonie nuptiale, quasiment tout a été fait à l’haïtienne et le respect du protocole a été plutôt strict.
Contrairement à nos frères africains qui conservent certains acquis traditionnels, les Haïtiens perdent de plus en plus leurs pratiques qui font d’eux un peuple unique dans le monde. Toujours attirée par la nature et ayant une très bonne connexion avec l’histoire, les ressources naturelles, l’Agronome Bantou a voulu faire les choses autrement. Ainsi, elle a vivement conseillé à son mari de réaliser le mariage dans une « choucoune » rappelant bien les souvenirs de l’époque esclavagiste, selon ce qu’elle a raconté à la rédaction de Tripfoumi. Les deux tourtereaux ont ainsi réussi leur mission d’inciter les Haïtiens à consommer « haïtien » et à embrasser leur culture.
Devant une telle prouesse qui rappelle bien que l’haïtianité est une richesse très peu exploitée, ce couple a voulu montrer combien il est bon et agréable de consommer local. En vrai, Il a voulu mettre en avant l’identité de cette nation au passé glorieux, laquelle veut s’oublier en refusant de se focaliser sur ce qui est sien pourtant bourré de splendeur et d’énergie. Avec ce mariage, l’Agronome Bantou Rose F. Evashnah et Henry Robert Pierre ont réussi un très grand coup culturellement. Sans même parler, les images envoyées, ont raconté avec toute la force possible ce que bon nombre de gens pensent tout bas dans leur âme.
Contactée par la rédaction de Tripfoumi, Mme Pierre a déclaré : « Je me porte volontaire pour aider, orienter les jeunes attirés par cette aventure bien qu’avec la dévalorisation de la culture haïtienne et le manque de consommation des produits haïtiens, un mariage de ce genre est 4 fois plus couteux qu’un mariage habituel ».
