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Consultation au Sommet avec les Commandants en Chefs des FAd’H et de la PNH

(TripFoumi Enfo) – Interpellés par les conséquences dramatiques de la crise de sécurité sur la Population en général et les Institutions démocratiques du pays, des citoyens, universitaires et professionnels regroupés au sein du Groupe de Travail sur la Sécurité ont initié du 30 novembre au Ier décembre 2021 une série de rencontres avec les responsables des organismes gouvernementaux co-producteurs de la sécurité. 

Ces rencontres destinées à évaluer l’état situationnel et des besoins de ces Institutions, en rapport avec leur rôle dans la prévention et la répression de l’insécurité criminelle, notamment des gangs armés territoriaux, ont permis au GTS d’avoir une idée très précise de la réalité institutionnelle des Forces armées haïtiennes (FADHs) et de la Police Nationale (PNH).

Au terme de leurs échanges respectifs avec le Lieutenant Général Jodel LESAGE, Commandant en Chef des FADHs et le Directeur général de la PNH, Monsieur Frantz ELBE, le GTS a pu d’abord s’informer sur les forces et faiblesses de ces deux institutions, tant au niveau structurel, organisationnel et opérationnel.

Les discussions avec les deux plus hauts responsables de la sécurité du pays ont permis aussi au GTS d’appréhender les principaux enjeux et défis auxquels les Commandants en Chef de ces deux forces publiques font face aussi bien dans leur environnement interne que dans leur environnement externe.

 En réalité, l’analyse de risque et le rapport situationnel dressés respectivement par le Général LESAGE et le DG ELBE font état d’un ensemble de problèmes à la fois structurels et politiques qui affectent la performance de ces institutions dans la lutte contre cette violence urbaine de nature prédatrice qui ne cesse d’endeuiller les familles haïtiennes depuis au moins trois ans.

Pour ce qui est des FADHs, celles-ci, suivant les dires de son Commandant en Chef, sont sous équipées, sous-entraînées et surtout en sous effectif. Même si, l’Institution militaire est quelques fois sollicitée dans le cadre d’appui à la sécurisation notamment de convois humanitaires ou de dispositifs de déblocage de certaines artères dans le contexte des épisodes de « Pays Lock », elle ne peut actuellement constituer ni une force dissuasive crédible, ni une force de frappe opérationnelle efficace contre les agissements des gangs armés.

Autant dire, dans cette perspective de rechercher une réponse immédiate et une solution purement haïtienne à cette crise de sécurité, la meilleure option pour les analystes du GTS demeure la PNH, en dépit du fait que l’Institution policière soit elle-même caractérisée par deux grandsproblèmes, des déficits structurels et des déficits de gouvernance.

 En effet, du point de vue structurel, la PNH connait un ensemble de difficultés en matière logistique et technique qui limitent considérablement ses capacités d’intervention sur le terrain. A preuve, sur une flotte de plus d’un millier de véhicules, près de 1/3 n’est pas opérationnel, sans oublier que la grande diversité de ses moyens mobiles soit 24 marques et 32 modèles de véhicules ne permet pas à l’Institution de réaliser ni une économie d’échelle, ni une économie de rendement dans la gestion de sa flotte. Ajouter à tout cela, à cause du manque d’entretien et des défauts de réparation, une quantité considérable des armes de dotation collective n’est pas fonctionnelle. Les déficits en matière de radios de communication et d’équipements de protection individuelle vont évidemment compléter ce triste tableau.

Enfin, pour ce qui est de la gouvernance interne, l’Institution policière a été fragilisée durant les deux dernières années notamment par une crise de confiance et de succession qui a impacté négativement tant sur la stabilité et l’autorité du haut commandement que sur le moral de la troupe. Les stratégies déloyales dites de « disqualification » employées par certains Directeurs généraux de la PNH pour neutraliser certains cadres pressentis comme d’éventuels successeurs (en colportant de fausses infirmations contre eux) et les pratiques de clientélisme dans l’octroi des grades et des postes d’affectation ont conduit non seulement à une démobilisation psychologique de la majorité de son personnel, mais aussi à un taux d’attrition extrêmement élevé où des dizaines d’Agents et d’Officiers ayant reçu d’importantes formations spécialisées abandonnent l’Institution.

Cette situation de mal-gouvernance, en plus de détruire le capital de confiance des cadres dans l’Institution policière réduit considérablement, avec le départ massif de personnels qualifiés, la capacité technique de certaines structures clés, tels, les services de planification stratégique, les services de l’Inspection générale, les services d’investigation, etc.  

Bien entendu, avec la nomination récente d’un nouveau titulaire à la tête de la PNH, les membres du GTS ont aussi noté un vent de changement dans les pratiques de gouvernance et surtout une volonté de remobiliser les ressources personnelles vers un objectif commun, qui est la lutte contre l’insécurité générale.

Toutefois, face aux ressources insoupçonnées dont disposent apparemment les gangs armés et à leur maitrise de certaines tactiques de guérilla urbaines, la PNH plus que jamais a besoin de moyens d’intervention substantiels et surtout de beaucoup d’appui au sein de la société civile et de la diaspora haïtienne.  C’est justement ce défit que le GTS se propose de relever.

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