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Bannir la Russie du réseau SWIFT, ultime sanction envisagée par les Occidentaux, quelles conséquences ?

 
Avec Numerama

(TripFoumi Enfo) – La Russie de Vladimir Poutine vient de lancer une invasion militaire contre son voisin ukrainien, ce jeudi 24 février. Les Occidentaux, particulièrement l’OTAN a laissé clairement entendre qu’elle n’interviendra pas militairement, au risque de déclencher un conflit majeur avec la Russie pour l’allié ukrainien qui ne fait pas partie de l’alliance. Toutefois, pour punir la Russie de cette intervention militaire, de nombreuses sanctions lui ont été déjà imposées. Elles ne cessent de pleuvoir à partir des chancelleries occidentales et leurs alliés. La plus redoutable d’entre toutes, le bannissement de la Russie du réseau SWIFT qui est étudié par les chancelleries occidentales et souhaité par certains.
 
D’ailleurs, cette option, c’est-à-dire, l’éviction de la Russie de ce système financier international est comparée à une « arme nucléaire » par certains analystes. Car les conséquences seraient néfastes pour l’économie russe. Comment le bannissement de la Russie de ce réseau bancaire peut-il affecté ce pays? Quelles seraient les conséquences d’une telle éventualité pour les pays occidentaux eux-mêmes et pour le système financier international?

C’est quoi le système SWIFT?

Fondé en 1973, le SWIFT ( Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est un réseau bancaire belge, localisé à Bruxelles et qui regroupe des institutions internationales. On y trouve environ 11.000 banques réparties dans 200 pays. Il permet la communication entre les banques et gère les ordres de paiement. Il fonctionne comme un intermédiaire messager lors d’une transaction financière entre deux banques. Ce système financier international gère quotidiennement environ 40 millions de transactions.
 
Néanmoins, il faut souligner que SWIFT ne fonctionne pas seulement pour les transactions internationales ou commerciales, cela peut concerner les particuliers aussi. Par exemple, les transferts d’argent, les virements bancaires de particuliers ou encore, tout simplement, le fait de pouvoir prendre l’argent dans un  distributeur (ATM) différent de celui de sa banque.
 
Les conséquences pour la Russie
 
Déconnecter la Russie de SWIFT, vu l’importance de ce réseau, serait sérieusement néfaste pour son économie. Ne plus avoir accès à ce réseau signifie que les banques russes ne seraient plus en mesure d’envoyer ou de recevoir des messages ou d’instructions aux autres banques. Donc, ils auraient du bâton dans les roues afin de commercer avec d’autres institutions financières. D’ailleurs cette mesure est considérée par certains analystes comme une “arme nucléaire”.
 
Néanmoins, selon des experts, la Russie pourrait trouver d’autres alternatives. Par exemple, le monde énumère des “modes manuels de traitement des transactions” et le développement de “leurs propres canaux de communication”. Sans oublier des logiciels cryptés.
 
Cependant, de telles alternatives seraient lentes par rapport au réseau SWIFT. D’ailleurs, certaines institutions pourraient se questionner sur la sécurité des transactions. Contrairement au réseau SWIFT qu’elles font entièrement confiance.
 
Par conséquent, l’économie russe serait durement touchée par cette lenteur et la difficulté de faire des affaires avec certaines institutions financières internationales.

Les conséquences à long terme et l’effet boomerang

Il est indéniable, de l’avis des analystes, que l’économie russe serait sévèrement touchée par son éviction du réseau bancaire international SWIFT. Mais il le serait beaucoup plus à court terme.

Car, la Russie, après les sanctions occidentales de 2014, a su se préparer pour de telles éventualités. Non seulement pour les autres sanctions, mais aussi son bannissement de SWIFT. 

Ainsi, après avoir racheté l’essentiel de sa dette, faire des réserves conséquentes en dollar et en or, le pays peut avoir recours à d’autres systèmes, sûrement moins importants, mais qui, à long terme, pourraient devenir concurrentiels. On peut citer notamment le CIPS, mis au point par la Chine et le SPFS, développé par la Russie elle-même.

Par ailleurs, l’éviction de la Russie de ce réseau peut être préjudiciable à l’Europe d’abord et ensuite porter atteinte au système financier international.

À l’Europe, parce qu’en matière énergétique, elle dépend à environ 40% de l’importation du gaz russe. Du coup, des pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche et d’autres se trouveraient en difficulté pour payer leurs importations de Russie. En outre, il ne faut pas oublier les différentes entreprises européennes qui sont disséminées en Russie. Elles auront à subir de cette sanction aussi.

En ce qui a trait au système financier mondial, ce serait une forme de bouleversement. La Russie, étant non seulement un des premiers exportateurs de gaz et de pétrole, est également le premier exportateur de céréales au monde. Il n’est pas difficile d’imaginer que plusieurs pays en dehors de l’Europe et des États-Unis commercent avec elle. Donc, sa sortie ferait vaciller l’économie mondiale et attirerait d’autres pays qui désirent faire du commerce avec lui à adhérer à son système de messagerie financier qu’il a développé ainsi que celui des chinois.

En somme, bannir la Russie du réseau bancaire SWIFT à cause de son intervention contre l’Ukraine, sera, sans aucun doute un coup fatal à son économie. D’ailleurs, quand cette sanction avait été suggérée en 2014, le ministre de l’économie russe de l’époque, Alexeï Oulioukaïev, avait estimé qu’une telle initiative ferait perdre à la Russie environ 5% de son PIB. Ce qui n’est pas rien.

Depuis, ce pays s’est préparé afin d’amortir le plus que possible un tel choc. Le développement du réseau SPFS par ce pays et l’alternative que représente le CIPS de la Chine pourraient offrir une porte de sortie non négligeable. En revanche, à long terme, ces systèmes pourraient devenir attractifs pour d’autres pays et institutions financières qui souhaitent commercer avec la Russie, voire la Chine. Une telle réflexion fait débat dans les sociétés occidentales et devrait provoquer même de la crainte chez elles à l’idée que l’ordre mondial ne leur appartiennent, peut-être, plus.

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