KidnappingSécurité

Le Kidnapping, l’industrie la plus florissante du pays et le regard complice des autorités

(TripFoumi Enfo) – Voilà quelques temps depuis que la population haïtienne fait face à une situation d’insécurité à nulle autre pareille. Le train du kidnapping file à toute allure. En effet, dans la région métropolitaine, une grande quantité de personnes en sont victimes. Qui pis est, tout le monde est ciblé. Fortunés, peu fortunés, classe moyenne, pauvres, même les plus démunis en sont touchés. Les malfrats opèrent, assez souvent sans être inquiétés, sous l’œil complice des autorités étatiques.

Si, dans des pays, les cas d’enlèvement sont enregistrés au sein de la bourgeoisie, aujourd’hui en Haïti, c’est tout un autre cas de figure. Le phénomène transcende les classes sociales : des personnes peu aisées et celles issues de la classe défavorisée en sont quotidiennement victimes. Désormais, plus personne n’est épargnée; une marchande de saucisse a été enlevée à Nazon puis séquestrée contre rançon. Elle avait recouvré sa liberté après plusieurs jours de torture, faute de rançons.

Les indemnités s’élèvent à des centaines de milliers de dollars américains. Certaines familles victimes sont obligées de faire la manche, faire appel à la générosité des gens pour espérer négocier avec les ravisseurs contre la vie de l’otage.

Pour certains, cette industrie prospère à cause d’une carence en sécurité publique. La PNH ne dispose pas de moyens pour y faire face. D’autres pointent du doigt l’irresponsabilité et la complicité de certaines autorités étatiques qui ne font quasiment rien pour freiner véritablement ce terrible fléau qui traîne derrière lui plusieurs dizaines de victimes.

Jusqu’à présent rien, absolument rien de concret n’est fait pour endiguer ce phénomène qui vient empirer la situation d’une population déjà livrée à elle-même. Les autorités policières ne veulent ou ne peuvent toujours pas passer de la parole aux actes ; très peu de tentatives d’enlèvement sont déjoués, les malfrats ont toujours trouvé un chemin libre pour arriver à destination avec les otages.

Par ailleurs, plus d’un se questionne sur le silence et l’inaction complices des autorités face à la remontée démesurée de cette situation alarmante, remettant du même coup en question la mission de l’institution policière. La Police ne protège plus personne et s’adonne à d’autres services.

Le Conseil Supérieur de la Police Nationale, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, la Police Nationale d’Haïti… à quoi servent finalement ces institutions en Haïti si la sécurité de personne n’est garantie. Hélas, l’État ne détient plus le monopole de la violence légitime.

Et pourtant, les effets négatifs que peut causer ce phénomène sur la société est sans appel. Stress, crainte, amertume, désarroi, traumatisme, dépression entre autres, font désormais partie du quotidien haïtien déjà fragilisé par des crises sociopolitiques et économiques.

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