ÉditorialPolitique

Editorial | «Ariel en rit encore… Ariel en rit toujours…», chronique d’un match très serré entre Haïtiens et la misère!

(TripFoumi Enfo) – Ce 7 avril 2022 marque officiellement le neuvième mois de l’assassinat crapuleux de l’ancien président contesté M. Jovenel Moïse, en sa demeure privée dans les hauteurs de Pèlerin 5. Cet évènement constitue non seulement un tournant marquant dans notre histoire de peuple, mais il nous rappelle également la grande période où la barbarie et l’anarchie étaient la norme dans certaines formes d’organisations sociales. La plus triste de ses conséquences, c’est qu’il a pavé la voie à l’arrivée au pouvoir d’un neurochirurgien insouciant, insensible, nul en matière de gestion de la chose publique et passionné, comme ses prédécesseurs, de l’idée de voler, piller l’État et renforcer la corruption au niveau de l’administration publique. Parallèlement, le peuple haïtien, déjà logé à l’enseigne de la misère et de la vulnérabilité, continue d’arpenter tous les arcanes de la précarité, de la faim, de l’insécurité, mais aussi et surtout du chômage. Ariel en rit pourtant… Il se fout royalement de cette situation, continuant de faire son beurre.

Aujourd’hui, on est incapable de faire le décompte des difficultés auxquelles chaque citoyen haïtien est appelé à faire face. La faim, le chômage, le kidnapping, la misère, la précarité, le manque de loisirs, le non accès aux soins de santé, sont les quelques-uns de ces obstacles à surmonter au jour le jour par chaque Haïtien. C’est un peuple abandonné, dépourvu de munitions mais pourtant en pleine guerre contre la vulnérabilité. Or, la réalité le montre, ce n’est pas un peuple gourmand à l’instar des dirigeants. Il ne veut qu’un minimum pouvant lui permettre de s’auto-réaliser. D’ailleurs, si l’on se rend dans certains quartiers dits « populaires », on verra que là où l’État est absent, il crée son propre mode d’organisation de la vie. 

La violence de l’État resserre l’étau sur ses droits en tant que regroupement d’humains et sa volonté de se projeter dans l’avenir. L’incapacité des dirigeants à fournir aux citoyens les services sociaux de base est l’expression la plus palpable de la faillite de l’appareil étatique. C’est un État mort. En conséquence, le peuple haïtien, sans armes de défense, sans grand entraînement, doit pourtant affronter quotidiennement son pire ennemi, la misère, mais aussi contre celui qui est le générateur et le gardien de cette misère, l’État. Le match entre ce peuple courageux, mais humilié et rabaissé par ses délégués, est rude et serré. On aurait cru une finale de Ligue des Champions.

Pourquoi Ariel en rit encore et toujours ?

Premièrement, depuis son arrivée à la Primature, un débat occupe l’espace public : allons-nous vers le monocéphalisme exécutif ou le bicéphalisme exécutif ? Près de 9 mois après, aucun consensus n’a été trouvé sur la question et le fait est qu’il est seul au pouvoir, gardant à la fois l’entrée au Palais national et à la Primature. Il en rit !
Deuxièmement, il devait mener le dialogue pour aboutir à un large tandem, où le pays se retrouverait, qui aboutirait à une transition plus légitime et organisée. Aujourd’hui, le fait est que lui et son équipe sont les seuls à décider d’un avenir « malheureux » pour près de 12 millions d’habitants. Il en rit plus fort encore !
Finalement, on sait tous qu’un dirigeant à ce niveau ne doit pas mentir. Faute de capacité d’adresser les problèmes réels, il fait des promesses à répétition, particulièrement dans ses conférences de presse et ses tweets. Aucune promesse n’a été tenue, surtout sur l’insécurité. N’est-il pas en train de nous rire au nez, ce bon vieux Ariel?

La conclusion est simple : Ariel Henry est un gourmand, placé à la tête du pays, avec la complicité de la communauté internationale, qui ne règle que ses affaires de poche et de ventre. Il est un insouciant et un insensible. On croyait qu’il serait en mesure de poser les bases d’une transition capable d’adresser les problèmes et mettre le pays sur les rails du développement, mais il a fait autrement et s’y plaît.

Cette situation est assimilable à un match décisif de Coupe du monde ou de Ligue des Champions, où une équipe souffre d’un but et qu’un joueur, possédé par ses capacités techniques, prend le malin plaisir à dribbler, à faire le show pour la simple satisfaction de ses caprices au détriment de toute l’équipe. Ce joueur, dans notre situation, c’est Ariel Henry. C’est pourquoi, la talentueuse Sheelove Perrin, si elle devait retransmettre ce match, c’est certain qu’elle ne s’arrêterait pas de dire : « Ariel Henry encore… Ariel Henry toujours… Ariel en rit encore… Ariel en rit toujours… ».

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