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Éditorial | Quand les livres vont à l’hôtel en folie, des critiques pleuvent

(TripFoumi Enfo) – Le jeudi 16 juin 2022, s’est tenue en grande pompe la 28ème édition de Livres en folie à l’hôtel Karibe, Pétion-Ville. Un lieu inédit pour cette grande foire du livre qui s’organisait par le passé dans d’autres lieux…plus appropriés. Nous pouvons citer entre autres, le Cercle Bellevue, le Parc historique de la Canne-à-sucre, le MUPANAH.

Après deux ans d’organisation en ligne pour des raisons liées aux restrictions imposées par la pandémie de la Covid-19, la plus grande foire du livre de la Caraïbe a repris ses droits en présentiel. L’occasion idéale pour les auteurs, les littéraires, les lecteurs de se rencontrer dans une ambiance conviviale pour se procurer de nouveaux titres et discuter un peu autour du livre.

En effet, organisée par le quotidien Le Nouvelliste, en collaboration avec plusieurs partenaires, dont la Unibank et le Ministère de la Culture et de la Communication, cette 28ème édition a accueilli 108 auteurs pour 135 nouveaux titres. Et durant la semaine allant du 13 au 19 juin, proposés par 9 maisons d’édition, plus de 1 200 titres avaient été disponibles sur le site officiel de l’événement pour la vente en ligne.

Louis Philippe Dalembert et Pierre Raymond Dumas ont été les deux invités d’honneur de la 28ème édition de cette manifestation littéraire, qui se déroule en Haïti depuis 1994.

Comme toujours, l’affluence était au rendez-vous. Des gens issus de sphères vitales du pays ont fait le déplacement en vue de dessiner leur âme sur la lumière projetée par les auteurs. Des officiels, écoliers, étudiants, artistes, ambassadeurs, personnalités publiques ; on pouvait remarquer la présence des gens venant de toutes les strates de la société pour enfin renouer, après deux ans de nostalgie, avec le plaisir de côtoyer l’humanité qu’offre un tel événement en présentiel. L’euphorie était visible.

Le hic: l’espace réservé à l’hôtel Karibe était trop exigu voire inapproprié pour l’organisation d’un événement d’une telle envergure. L’embouteillage était monstre. Le milieu ne facilitait tout simplement pas la bonne tenue de l’activité. Même avec billets en mains, nombreux sont ceux qui n’ont pas pu arriver à se procurer des ouvrages de leur choix, malgré de longues heures passées à faire la queue pour certains. Le manque de respect à l’égard des acheteurs a été fort palpable.

Le sacrifice était énorme auprès du public. Certains ont été visiblement furieux. Ces derniers estiment que cela aurait pu être mieux au parc historique de la canne à sucre, parc de la Unibank à Tabarre ou encore les Jardins du Mupanah, des espaces plus larges qui, jadis, étaient le théâtre de cet événement.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de participants à la grande foire du livre avaient fait passer leur frustration, ironisant les organisateurs de Livres en folie d’avoir fait le choix de l’hôtel Karibe pour la tenue de l’événement, c’est le cas du citoyen Louibert Meyer qui a publié sur sa page Facebook la phrase qui suit : “Celui ou celle qui a eu cette idée de mettre Livres en folie à l’intérieur d’une salle de Karibe est un génie qui mérite le prix Nobel de cette année”, s’est-il moqué.

En réaction à son post, on pouvait lire des tonnes de commentaires qui abondent dans le même sens, critiquant la personne qui avait eu l’idée de l’organisation de la foire du livre à l’intérieur d’une salle d’hotel. “Je dirais même plus, c’est un génie”. “Tout à fait. Cette personne est un visionnaire”, ont réagi les internautes.

On peut également remarquer sur la toile des réactions comme: “Si chak ane nou pa fou nan Livres en Folie se pa fòt yo”. “Je n’ai pas pu acheter, une atmosphère gason pa kanpe”. “C’est vraiment une folie cette année”. Une personne a même déclaré que c’est une édition à vite oublier.

En 28 ans d’existence, la plus grande activité littéraire du pays doit se faire autrement. Les mêmes problèmes ne doivent pas continuer à se produire et se reproduire. Il faut que la logistique soit au rendez-vous. Les organisateurs doivent travailler afin d’organiser l’événement dans des espaces appropriés qui puissent favoriser son bon déroulement et ce, pour le plaisir des amants du livre.

D’autant plus, l’organisation d’une grande manifestation littéraire ne saurait être considérée en aucun cas comme quelque chose venant de l’improvisation. Depuis la programmation, en passant par la rémunération des auteurs, la logistique des stands ou encore celle des chambres d’hotel à réserver, une manifestation littéraire ne s’improvise pas.

Une foire du livre est centrée sur la littérature, ouverte à la vie des idées et à d’autres disciplines, mettant en avant des choix artistiques mûris, avec l’ambition de les partager grâce à une action de médiation. De ce fait, l’organisateur doit s’engager à aménager au mieux les modalités de la rencontre, de l’échange entre l’auteur et le public. Le plus souvent gratuites, ces manifestations sont portées par des acteurs publics ou associatifs.

Un salon du livre a pour objectif la rencontre avec les livres, principalement par le biais de ventes soutenues par des signatures d’auteurs, et parfois enrichies de rencontres ou débats. Il vise en général une fréquentation maximum, en choisissant des auteurs davantage selon leur notoriété et leur capacité d’attraction que pour leur singularité d’écriture. Voilà pourquoi on croit dure comme fer que les responsables de Livres en folie doivent faire preuve d’un plus grand effort logistique pour rehausser l’éclat de cet événement qui est, osons donc le dire, une tradition qui mérite plus que ce qui nous a été présenté.

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