Evans Lescouflair arrêté, quid d’Yves Jean-Bart ?

(TripFoumi Enfo) – Malheur à celui par qui le scandale arrive, met en garde la Bible. Pourquoi ? Le concerné sera sanctionné, d’une façon ou d’une autre. Si l’ancien ministre des sports, Evans Lescouflair, accusé d’abus sexuels sur mineurs, vient d’être arrêté, ce samedi 2 juillet, au Panama, pourtant, l’ex-président de la Fédération Haïtienne de Football, Yves «Dadou» Jean-Bart, faisant l’objet du même chef d’accusation, se trouve encore dans la nature deux ans après l’éclatement de l’affaire.
Dans un article publié fin avril 2020 dans le journal britannique The Guardian, le journaliste d’investigation français, Romain Molina, citant des témoignages de plusieurs jeunes filles, a révélé que Dadou Jean-Bart, âgé plus de 70 ans, aurait violé des joueuses mineures et qu’il les aurait menacées pour assurer son arrière.
Ce papier du journaliste a eu l’effet d’une bombe tant en Haïti qu’à l’étranger. Saisie par ce dossier, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) avait suspendu provisoirement, soit pour une période de 90 jours, le présumé agresseur de toute activité liée au football tant au niveau national qu’international.
M. Molina a indiqué que le septuagénaire a contraint au moins deux mineures à avorter après les avoir mises enceintes. Après une enquête de la chambre de jugement de la Commission d’Éthique indépendante, cette dernière, le 18 novembre, a jugé Yves Jean-Bart, reconnu coupable des faits qu’on lui reproche, lui interdisant à vie de toute activité sportive et le condamnant à une amende 1.000.000 dollars américains.
Contrairement à la commission d’éthique de la FIFA, la justice haïtienne, soit le 19 novembre, a blanchi le désormais ex-responsable de la FHF. En effet, dans un réquisitoire définitif envoyé au cabinet d’instruction par le Substitut du Commissaire du Gouvernement, Rémy Vallon, le juge instructeur Emilio Accimé a tranché qu’il n’y avait ni charges ni indices retenus contre M. Jean-Bart, et qu’il n’y avait donc pas lieu de le poursuivre.
Quant à Evans Lescouflair, ancien ministre de la jeunesse, des sports et de l’action civique, il a été accusé de viol sur Wilio Dor et de pédophilie sur un mineur de 16 ans, des faits datant le 2 janvier 2010. Cependant, le dossier a été classé sans suite par Me Harricydas Auguste, Commissaire du Gouvernement de l’époque près du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince.
M. Lescouflair revient dans les débats concernant d’autres dérives sexuelles. Claude Alix Bertrand, ambassadeur d’Haïti auprès de l’Unesco et ancien élève du collège Saint-Louis de Gonzague, a révélé avoir été abusé et violé par cet ancien dirigeant sportif, alors que Bertrand n’avait que 11 ans. Le présumé violeur aurait pénétré l’adolescent chaque fois que l’occasion se présentait.
Ces tristes faits remontent aux années 1980. Evans Lescouflair était alors professeur de sport à Saint Louis de Gonzague, et Claude Alix Bertrand, élève. « Il avait l’habitude de me toucher. La première fois, j’avais de grandes douleurs et j’avais peur de dire cela à mes parents », a déclaré celui qui avoue avoir demandé à son agresseur d’arrêter.
Visé par une plainte de M. Claude Alix Bertrand pour pédophilie, Evans Lescouflair a été invité à se présenter au Parquet de Port-au-Prince, laquelle invitation avait été carrément boudée. Après ce refus, un mandat d’amener a été décerné contre lui. Il a dû quitter le pays pour se cacher, alors qu’une interdiction de départ avait été également émise contre lui.
Ce samedi 2 juillet, il a été finalement arrêté par Interpol au Panama, pays de l’Amérique latine. Cette arrestation devrait servir un bon prétexte pour relancer le dossier d’Yves Jean-Bart. Entre-temps, la liste définitive de la commission d’éthique de la FIFA concernant d’autres officiels sportifs haïtiens impliqués dans de tels actes est attendue par la population haïtienne. À quand sa publication ?