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Ni chaud ni froid : le type fait montre d’un cynisme sans pareil

(TripFoumi Enfo) – « Depuis dix jours, les rafales d’armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, commune la plus défavorisée et la plus densément peuplée de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Deux factions de gangs s’y affrontent pour le contrôle du territoire, et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. », c’est là un extrait d’un article publié, ce lundi 18 juillet 2022, dans les colonnes du quotidien RFI. Il m’est venu à l’esprit de soumettre ces lignes à votre lecture pour vous donner une idée de l’ampleur de ce qui se passe à Cité Soleil. L’écho est parvenu jusqu’à l’international. En revanche, ici, sur notre propre territoire, le Premier ministre Ariel Henry n’en a cure.

Pas un seul jour ne passe sans que des images ne montrent la cruauté du fratricide, peut-être cautionné par les monstres de l’État, qui définit la réalité de la population de Cité Soleil. Via les médias traditionnels, les réseaux sociaux ou nos téléphones intelligents, aucun canal de communication n’est négligé dans l’espoir que les autorités étatiques soient au fait de la situation. Les images, les vidéos et audios relatant les faits et les crimes tels qu’ils sont perpétrés par ces bandits armés qui se livrent une guerre immorale dans le plus grand bidonville du pays, semblent n’offrir rien d’explicite pouvant inciter l’État à agir.

Également, des rapports des organisations de Droits Humains ont alerté les autorités sur la situation de Cité Soleil. En une semaine, au moins 300 morts et 160 blessés ont été enregistrés et une quantité importante de maisons détruites, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Ariel Henry, responsable du Conseil Supérieur de la Police Nationale, chargé de planifier la sécurité du pays, se bouche les oreilles et laisse la population civile en proie à des civils armés réunis dans des associations criminelles dénommées G9 de Jimmy Chérizier alias Barbecue et GPèp de Gabriel Jean-Pierre dit Ti Gabriel.

G9 a bénéficié du support logistique du Centre National des Équipements (CNE), selon un rapport publié par le RNDDH. Cette association de gangs armés de la région métropolitaine de Port-au-Prince est dotée d’engins lourds pour mener cette guerre, détruisant des maisons et creusant des passages vers le fief de la bande rivale, GPèp. Pour cet organisme des Droits de l’Homme, ce qui se passe à Cité Soleil va au-delà d’une simple guerre entre groupes armés pour le contrôle de territoires. Le mutisme des responsables de l’État, dont le PM, face à cette situation laisse la place à la thèse de la complicité des autorités.

Le caïd de Delmas 6 ne jure que par la tête de celui de Cité Soleil. Au passage, il est important de rappeler que G9 en Fanmi e Alye a été formé sous les recommandations de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et de Réinsertion (CNDDR), activée par le défunt Président Jovenel Moïse. D’après Pierre Espérance, Secrétaire exécutif du RNDDH, fédérer les groupes armés est l’œuvre du régime en place. Dans quel but ? Afin de pérenniser la présence du PHTK à la tête du pays et de mater tous les mouvements populaires qui tendent à exiger le départ de ces dirigeants jugés corrompus et incapables d’apporter une solution aux problèmes du pays.

À l’exemple de La Saline, Cité Soleil est un endroit réputé hostile au régime du Parti Haïtien Tèt Kale. En novembre 2018, des habitants avaient été violés et massacrés par des hommes armés présumés proches du pouvoir. Ce massacre a été orchestré après que le Président d’alors, Jovenel Moïse, a été chassé du Pont-rouge. Bel-Air a connu au moins deux massacres. L’association G9 an Fanmi e alye est pointée du doigt dans ces crimes. Ainsi, on est en droit de se demander si le silence d’Ariel Henry sur la situation prévalant à Cité Soleil n’est pas l’expression la plus palpable d’un nouveau massacre cautionné par l’État. Un massacre d’État !

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