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La parentalité en Haïti, est-elle envisageable ?

La famille

La famille constitue la base de toute société. Il s’agit de bien plus qu’un groupe d’individus partageant un espace physique et psychologique commun : c’est un système social naturel avec ses propriétés, son propre ensemble de règles, des rôles prescrits pour chacun de ses membres et un système de pouvoir structuré.

Ses premiers membres sont les parents. Il s’agit d’un couple ayant choisi d’avoir des enfants, que ce soit de manière naturelle ou en adoptant, par exemple. Toutefois, devenir parents peut résulter de faits ne dépendant pas de nos choix.

La parentalité

Les parents subviennent aux besoins physiques de l’enfant, le protègent des nuisances, lui transmettent des compétences et valeurs culturelles jusqu’à ce qu’il devienne indépendant,
généralement après l’adolescence. La parentalité implique toutes les caractéristiques et les responsabilités que requiert le fait d’être parents. C’est un processus qui conjugue les différentes dimensions de la fonction parentale.

La fonction parentale (le rôle des parents)

La fonction parentale désigne tout un processus de préparation et d’apprentissage qui implique des mécanismes psychiques et affectifs à l’œuvre chez tout parent en devenir pour répondre aux besoins de son enfant.

Il comprend différentes formes : matérielle, psychologique, morale, culturelle, sociale.

a) Dimension matérielle

Un enfant a besoin d’un certain confort matériel : être logé et nourri décemment, manger à sa faim, etc…

b) Dimension morale

Les parents sont les premiers guides des enfants. L’aspect moral de leur vie ne doit pas être négligé, car l’enfant adoptera, même de manière inconsciente, des mécanismes de leur système de fonctionnement qu’il reproduira toute sa vie.

c) Dimension culturelle

«La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. »

La transmission culturelle est un transfert, un processus non seulement des biens, des pratiques et des usages, mais également des goûts. Elle se réalise par la socialisation et l’enculturation. L’enculturation est un terme proposé par Margaret Mead pour définir le processus par lequel le groupe va transmettre à l’enfant, dès sa naissance, des éléments culturels, normes et valeurs partagés. Elle traduit la manière de transmission de la culture du groupe à l’enfant.

Les parents jouent ce rôle de transmetteurs des us et coutumes se rattachant à leur (s) culture (s) et qu’ils vont partager avec leur lignée.

d) Dimension psychologique

•L’enfant, comme tout être humain, connaît des états liés à ses sentiments, à son humeur.
Il a besoin de vivre l’empathie de ses parents pour apprendre à mieux se connaître, pour être guidé et bien appréhender son entourage. Il a besoin de se sentir compris et apprécié à sa juste valeur.

Notons que :

• 1 – « L’enfant a le droit d’éprouver de la colère, c’est l’émotion naturelle de la frustration…

•2 – « Une relation bienveillante, empathique, soutenante permet au cerveau de l’enfant de
se développer. »

Dans son ouvrage « Au cœur des émotions de l’enfant », un best-seller, Isabelle Filliozat nous parle du mode de fonctionnement de l’enfant qui doit être compris afin d’éviter le moins de frictions possibles dans les rapports parents-enfants.

Devoirs des parents

Les parents se doivent d’éduquer, de surveiller, de protéger et de garder leur (s) enfant (s). Ils veillent à leur bien-être. Le pouvoir d’éducation concerne tous les domaines. Le pouvoir de garde comprend la garde matérielle et la garde intellectuelle.

La Situation actuelle d’Haïti

Actuellement, Haïti a le statut de pays le plus pauvre de la Caraïbe avec un PIB de $1, 821 en 2021, un taux de chômage de 14,5 % , selon la Banque Mondiale. La pauvreté est généralisée dans le pays puisque 70% de la population vit avec moins de 2 USD par jour et 50% avec moins de 1 USD par jour. Le chômage et le sous-emploi touchent 60% de la population, mais un niveau d’insécurité dans pratiquement tous les domaines : financiers, alimentaires, humains… La
pauvreté y est accrue, les inégalités des revenus sont criantes et les ménages sont de plus en plus vulnérables.

Ainsi, comment envisager une parentalité dans des conditions aussi difficiles ?

Conséquences de la pauvreté

Parmi les conséquences immédiates, on retrouve l’insécurité alimentaire et des conditions de santé précaires. La pauvreté se retrouve en tête de liste des causes qui contribuent à l’insuffisance
de poids à la naissance. Dans les quartiers défavorisés, le taux de prématurité et la proportion des décès enregistrés dans l’année suivant la naissance sont plus élevés.

Conséquences de l’insécurité

a) Financière

Une situation économique difficile fait partie des premières causes d’une démission parentale. En effet, comment répondre aux besoins fondamentaux de ses enfants tout en étant dans une
situation économique précaire ?

b) Physique

L’enfant fait confiance à ses parents et sait qu’il est en sécurité auprès de lui/d’elle. Ce qui n’est plus une garantie de nos jours dans notre société.

Conclusion

La parentalité peut procurer un sentiment de bien-être et d’accomplissement dépendamment de
la manière dont on l’appréhende, car c’est tout un processus qui commence bien avant la venue du bébé au monde. Elle amène des devoirs et des responsabilités auxquels le (s) parent (s) doivent faire face.

La situation actuelle d’Haïti en allant en se détériorant est devenue plus qu’insoutenable. De ce fait, peut-on envisager une parentalité ici et maintenant ?

Quelques conseils pour le plein épanouissement de l’enfant

  1. Les aider lorsqu’ils sont aux prises avec leurs émotions ;
  2. Susciter la coopération ;
  3. Remplacer la punition par la coopération ;
  4. Encourager l’autonomie ;
  5. Utiliser les compliments – la valorisation ;
  6. Aider les enfants à se dégager des rôles qui les empêchent de s’épanouir.

Support aux parents

  1. Ne pas juger ;
  2. Préparer un espace d’accueil et de support (surtout pour les familles en difficulté) ;
  3. Prendre en compte le parent et ses besoins ;
  4. Le mettre en confiance ;
  5. Soutenir la continuité éducative.

Références bibliographiques

1- Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières
découvertes sur le cerveau, Catherine Gueguen, neurologue ;
2- Au cœur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat ;
3- Parler pour que les enfants écoutent,
écouter pour que les enfants parlent » de Adele Faber et Elaine Mazlish ;
4- La discipline positive » de Jane Nelsen(richement inspiré des travaux d’ Adler,
médecin et psychothérapeute autrichien).

Marie Esther Louis
Auteure
Chargée de projet en éducation
Enseignante d’introduction à la philosophie et la psychologie
[email protected]

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