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Éditorial | Ariel Henry sur un boulevard

(TripFoumi Enfo) – Après un an à la tête de la Primature, comme seul chef, Ariel Henry se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Durant ses 12 mois au pouvoir, la situation socio-économique et sécuritaire du pays, déjà dégradante pendant la période présidentielle de Jovenel Moïse, s’est empirée. Tellement qu’on se questionne sur la véritable mission de ce neurochirurgien comme chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN). Est-ce pour tout détruire ? Est-ce pour continuer à cracher sur les valeurs haïtiennes ? Sans mot dire, la population continue à gober tous les maux d’aujourd’hui. Donc, le s’il vous plaît Premier ministre et quelques membres de l’ancienne opposition politique, devenus courtiers, se la coulent douce jour et nuit. Ariel Henry toujours, Ariel Henry encore, comme auraient narré nos chroniqueurs sportifs haïtiens.

Il est évident que la zone métropolitaine de Port-au-Prince est devenue un cimétière à ciel ouvert en 2022. Des vies boyées dans l’œuf. C’est aussi ça comme fait. Un peu partout, la mort se dresse comme un poteau. Un poteau, je dis. C’était déjà le cas avant l’arrivée d’Ariel Henry comme chef. C’est devenu pire avec la présence de ce monsieur à la tête du pays, le cynique qu’il est. C’est le jeu qui perd gagne qui se joue sur la table politique. On sort avec la peur dans notre poche. On y rentre avec également. On reste chez soi, la peur peinte sur les murs. On marche dans les rues, la peur encore. Elle nous guette. Et notre quotidien est habité, disons-le tout haut, par la peur. Et Ariel Henry, profitant à bon escient de ce chaos, s’accélère sur le boulevard.

Ariel Henry, le maître des discussions ?

L’accord de Montana, signé entre des acteurs clés de la vie nationale, se veut un processus, le plus proche possible de la démocratie, pour sortir le pays de la crise dans laquelle elle s’enlise actuellement. Entre les tenants de l’accord de Montana, ceux du Protocole d’Entente Nationale (PEN) et ceux du 11 septembre, porté par Ariel Henry, de nombreuses discussions ont été initiées, mais toutes, je dis toutes, se sont soldées par un échec. Ariel Henry, à lui seul, comme le Roi Louis XVI, peut décider de suspendre les discussions et les reprendre quand il veut et il en impose les modalités, alors que la grande majorité de la population haïtienne reste en attente d’une résolution défintive face à la crise afin d’adresser les problèmes pressants et structurels du pays. N’écoutant que lui-même, Ariel Henry ne cessse de peser, de plus en plus, sur l’accélérateur, car le boulevard lui est servi comme la voie ultime, il en profite bien.

Ariel est-il un aveugle ou un cynique ?

La question paraît osée, mais elle est posée suivant les faits constatés durant la présence d’Ariel Henry à la Primature. Certes, il est la dernière volonté du désormais défunt président, Jovenel Moïse, mais, cela saute aux yeux, qu’Ariel Henry est l’un des hommes le moins volubile et le plus taciturne du pouvoir actuel. Point à la ligne. Durant sa présence à la Primature, plusieurs événements malheureux ont eu lieu en Haïti. À la Plaine du Cul-de-Sac, au Bel-air, au bas de la ville de Port-au-Prince, à Martissant, à Pernier et à Cité Soleil, des gangs armés lors des affrontements sanglants ont occasionné la mort de plusieurs dizaines de citoyens. Des viols collectifs sur des femmes, ont rapporté les organismes des droits humains. Des habitants ont fui leurs quartiers pour trouver refuge sur des places publiques. Outre cela, il y a l’industrie du kidnapping qui fonctionne à plein régime dans le pays. Silence de la Primature et du gouvernement en général. Ariel Henry est-il un aveugle ou un cynique ? Une question importante qui mérite une réponse appropriée. Mais, en attendant une réponse définitive, je dois vous dire, il paraît l’homme le plus cynique de son gouvernement.

Quelle est la position du gouvernement sur la vie chère et la décote de la gourde ?

Aujourd’hui, le sujet qui occupe l’actualité est l’augmentation vertigineuse des prix des produits de première nécessité sur le marché national. Pour la première fois, depuis 19 ans, Haïti connaît un taux d’inflation de 29%, selon les données de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). La gourde perd de sa valeur de jour en jour. Plus de 129 gourdes pour un (1) dollar sur le marché formel. Dans l’informel, c’est 150 gourdes au moins pour un dollar. Le manger et le boire, déjà rares en Haïti, bien sûr pour une classe sociale, la masse populaire en l’occurrence, deviennent beaucoup plus difficiles d’accès. Le peuple haïtien semble ne voir aucune issue à cette situation calamiteuse et de misère. Aucun leader, non plus, pour proposer des voies alternatives au malheureux peuple qui souffre dans son fort intérieur. Que disent, que font ceux qui fonctionnent au frais de la République ? Rien. Absolument rien. Ariel Henry, encore seul au volant, maintient le cap.

Il y a aussi ce moment de repli sur soi et de pause stratégique dans le processus de libération. Cette pause, qu’elle soit de longue ou de courte durée, c’est un moment important et décisif pour mieux sauter. Mais, ce n’est pas encore la fin. Il y a aussi ce moment de disgrâce et de désespoir qui vient redéfinir notre réalité. Mais, répétons ensemble, ce n’est pas encore la fin. À chaque étape, il faut de nouvelles stratégies. Ce qu’il faut appréhender, c’est que la lutte n’est pas linéaire. Avoir la maîtrise de la zone d’incertitude, nous dit le sociologue français Michel Crosier, c’est une arme importante dans la lutte pour le pouvoir. Nous devons bien en profiter. Songez-y !

Tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre si le peuple le veut. Tout peut changer s’il le veut. Comment ? Cela peut se faire dans un triptyque comme stratégie de lutte : développer une conscience critique, s’organiser politiquement et culturellement et se mobiliser pour faire tomber le système. Aujourd’hui, le moment est venu pour la masse populaire et tous les acteurs concernés du pays de jouer, chacun, leurs rôles dans le changement de cette situation. N’attendez pas qu’il soit trop tard pour se soulever contre l’ordre économique actuel. N’attendez pas qu’il soit trop tard pour forcer Ariel Henry à arrêter le moteur. Notre destin est NÔTRE. Saisissez-le !

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