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Corruption-Petit-Goâve : plus de 12 millions de gourdes détournés par l’ancien maire Limongy Samson JEAN

(TripFoumi Enfo) – L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) vient de soumettre à la justice le résultat de dix (10) enquêtes menées concernant certains directeurs et des personnalités politiques dans le pays. Selon l’un de ces rapports, l’ancien maire de Petit-Goâve, M. Limongy Samson JEAN, est accusé d’avoir détourné plus de 12 millions de gourdes durant son passage à la tête de la Mairie de la cité de Faustin Soulouque. Dans le but de permettre à son lectorat de prendre connaissance de l’essentiel de ce rapport, la rédaction du journal TripFoumi Enfo se fait le devoir de le revisiter.

Dans ce rapport de quatre pages dont la rédaction a eu une copie, l’ULCC a indiqué que, le 10 janvier 2019, elle avait reçu une alerte selon laquelle le maire principal de la municipalité de Petit-Goâve, M. Limongy Samson JEAN, aurait détourné des fonds destinés à l’exécution de plusieurs projets dans cette commune située dans le département de l’Ouest, à moins de 70 kilomètres de Port-au-Prince. Après cette alerte, des enquêteurs de l’ULCC avaient décidé d’ouvrir une enquête sur ce sujet et ils ont effectivement découvert que M. JEAN avait détourné un montant total de douze millions sept cent soixante mille (12, 760, 000.00) gourdes.

Dans un premier temps, un montant de cinq cent mille (500,000.00) gourdes décaissé, lit-on dans ce rapport, par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT), à l’occasion de la fête Notre-Dame de l’Assomption, le 15 août 2016, a été plutôt utilisé, selon les déclarations du comptable de la mairie, M. Hervé MARCELIN, pour l’achat des matériaux dans le cadre de la restauration de la place d’Armes de Petit-Goâve, qui, selon les enquêteurs, venait à peine d’être rénovée. De plus, poursuit le rapport, l’ULCC a observé que le montant global des fiches de vente ou des pièces justificatives est de l’ordre de cinq cent quarante mille huit cent quarante (540, 840.00) gourdes par rapport au montant de la copie du chèque de cinq cent mille (500, 00.00) gourdes. « D’où une différence de quarante mille huit cent quarante mille (40, 840.00) gourdes non justifiées », ont conclu les enquêteurs dans la première partie de ce document.

Dans un deuxième temps, expliquent les enquêteurs, le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, à l’occasion de la fête du drapeau, en mai 2017, a effectué un deuxième virement de cent mille (100,000.00) gourdes dont l’utilisation n’a jamais pu être justifiée par le comptable de la Mairie. L’ULCC a révélé qu’une troisième enveloppe de quatre millions (4, 000.000.000) de gourdes allouée à la Mairie par la MICT lors de la solennité de la Notre-Dame de l’Assomption, le 15 août 2017, a servi à payer les arriérés de salaires des employés de l’exécution d’un projet d’assainissement. « S’agissant du payroll des employés, l’ULCC a constaté un écart de trente-quatre mille trois cent une et 02/100 (34, 301.02) gourdes entre les mois de janvier et mars 2017. « Cela voudrait dire que ces employés auraient travaillé aux mois de janvier, mars et non au mois de février », lit-on dans ce document titré « Résumé exécutif de l’enquête conduite par l’ULCC sur la gestion de M. Limongy Samson JEAN, ancien maire titulaire de Petit-Goâve.

D’un autre côté, pour une quatrième fois, en aout 2018, le maire principal de la cité soulouquoise d’alors, M. Limongy Samson JEAN, a obtenu du MICT une autre enveloppe de deux millions cinq cent mille (2, 500.000.00) gourdes pour les activités socioculturelles et le paiement des employés. À en croire les enquêteurs, M. JEAN a distribué, en liquide, cinquante mille (50,000.00) gourdes aux Maires adjoints et il a gardé soixante-quinze mille (75, 000,00) gourdes pour son compte personnel. Il a ensuite débloqué un montant de cinq cent (500.00) dollars américains pour la réalisation des festivités de la Notre-Dame. Le comptable MARCELIN, cité par l’ULCC, a déclaré que la balance a été pour le paiement de dix (10) chefs d’équipe, de deux (2) chauffeurs de motocyclette à charge. De plus, selon l’ULCC, la Mairie a effectué l’achat de carburant à la station d’essence « National » pour la somme de cent soixante-six mille et 68 (166, 666.68) gourdes. Ainsi, le total des dépenses a atteint la barre d’un million neuf cent quatre-vingt-treize mille six cent soixante-dix et 68/100 (1, 993, 666,68) gourdes. « Il en ressort donc un solde de cinq cent six mille trois cent trente-trois et 32/100 (506, 333,32) gourdes non clarifié par le comptable », ont constaté les membres de la commission de l’enquête.

Le 16 janvier 2019, à l’occasion des fêtes de fin d’année, un cinquième montant évalué à trois cent mille (300, 000.00) gourdes a été envoyé au profit de la Mairie de Petit-Goâve pour la soupe traditionnelle du Nouvel An. Ce montant, selon le comptable de cette mairie, M. Hervé MARCELIN, cité, encore une fois, par l’ULCC a été utilisé pour financer des travaux d’assainissement de la ville ainsi que la réparation de deux (2) camions à bascule contrairement à ce qui avait été prévu. De plus, un sixième montant de cinq millions (5, 000, 000, 00) de gourdes a été transféré sur le compte de la Mairie le 27 décembre 2018, pour la construction d’une gare routière. Ledit montant a été détourné par la Mairie pour financer le payroll des arriérés de salaire au cours de l’exercice 2017-2018. Toutefois, selon le rapport d’enquête, le comptable n’a pas pu communiquer à l’ULCC ni la feuille de payroll ni les copies des chèques. Les enquêteurs ont conclu que les cinq millions de gourdes (5,000,000.00) de gourdes ont tout simplement été détournés.

Un autre montant, qui serait un 7e, évalué ​à quatre cent soixante mille (460,000.00) gourdes, qui devait destiner à la réalisation du projet « TIGWAV BEL » a été détourné aussi. Lors de son audition, M. Hervé MARCELIN a remis à la Commission le mandat d’engagement des dépenses, le bordereau de décaissement, le document dudit projet, les fiches de carburant et les deux copies de chèques. Ces deux chèques, selon l’ULCC, ont été émis en faveur de l’assistant comptable, M. Chariot YVNER et la station d’essence « National » pour le paiement respectif des ouvriers et des chefs d’équipes ainsi que l’achat du carburant lors des travaux d’assainissement en prélude des fêtes de fin d’année, en décembre 2018. La feuille de paiement n’a pas été communiquée par le comptable à la Commission afin d’évaluer l’effectif des ouvriers, des chefs d’équipes et la manière dont ils ont été rémunérés.

Après avoir analysé les relevés bancaires de la Mairie de Petit-Goâve, les enquêteurs ont révélé qu’effectivement plusieurs montants ont été transférés sur le compte de cette institution, domicilié à la Banque Nationale de Crédit (BNC). Toutefois, M. Limongy Samson JEAN [ancien député de la circonscription de Petit-Goâve devenu maire (NDLR)] et le comptable Hervé MARCELIN n’étaient pas en mesure de justifier l’utilisation de ces fonds, Par conséquent, l’Unité de lutte Contre la Corruption (ULCC) recommande la mise en mouvement de l’action publique contre les sieurs Limongy Samson JEAN pour détournement de biens publics, abus de fonction et de prise illégale d’intérêt conformément aux articles 5.4, 5.5 et 5.13 de la loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption et Hervé MARCELIN pour complicité de détournement de biens publics conforment à l’article 5.4 de la loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption de l’article du Code pénal, ont conclu les enquêteurs.

En avril 2015, après s’être rendu aux États-Unis, Limongy Samson JEAN a été retenu par les autorités américaines, plus précisément en Floride. Dans le document présenté par les autorités, Limongy Samson JEAN a été accusé de trafic de cocaïne, mais il a été relâché peu de temps après. Dès son retour dans sa ville, après son relâchement, il a été ovationné par une grande partie de la population de cette municipalité. Quelques mois plus tard, il a été élu Maire de la Cité de Faustin Soulouque. En outre, en 2016, l’un des maires adjoints, en l’occurrence Delor Desgranges, avait dénoncé le maire titulaire qui, selon lui, prenait des décisions tout seul sans consulter les autres membres du cartel.

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