Le report coutumier de la rentrée scolaire, une pratique mettant à nu le système éducatif haïtien

(TripFoumi Enfo) – « Tant vaut l’école, tant vaut la nation », dit-on. En Haïti, la situation est alarmante. Même l’école est traitée en parent pauvre. Depuis plusieurs années, la date prévue au préalable pour la rentrée scolaire n’est jamais respectée. L’éducation est au plus bas. Son faible budget en est la preuve irréfutable. Qui pis est, l’éducation haïtienne est à deux vitesses et le gouvernement en perd pratiquement le contrôle.
« Qui veut juin prépare septembre », cette phrase célèbre est utilisée généralement dès la rentrée pour encourager les élèves à se mettre au travail à partir du premier jour de classe pour assurer leur réussite à la fin de l’année. Pour l’année académique 2022-2023, ce sera qui veut juin prépare octobre comme c’était le cas l’année dernière. À constater que le mot « juin » dans ce fameux adage reste inchangé. À bien y voir, le calendrier scolaire, en dépit des promesses du ministère, ne pourra pas s’étaler sur le même nombre de jours de classes. Les élèves en sont les principales victimes.
Encore cette année, la rentrée des classes a été repoussée du 5 septembre au 3 octobre 2022 dans le « soi-disant » but de faciliter les parents à mieux se préparer. Le gouvernement va-t-il les accompagner ? La pénurie de carburant sera-t-elle résolue ? Va-t-on pouvoir mettre un terme à l’insécurité ? Qu’en est-il de l’inflation qui ne cesse de grimper?
En France, aux États-Unis, au Canada ou en République Dominicaine plus près de nous, nonobstant un cas de force majeur, la rentrée scolaire est toujours maintenue. Pas question de réviser chaque année le calendrier scolaire ou de reporter la rentrée. Diriger, n’est-ce pas prévoir?
Ainsi, reporter à chaque fois la date, repoussée parfois jusqu’à un mois, est un avilissement pour un système éducatif vraisemblablement dépassé par les événements. Cet énième report prouve l’incompétence des autorités qui ne dirigent plus rien. Pour répéter le feu bâtonnier Dorval, « le pays n’est ni dirigé ni administré ».
Par ailleurs, nombreux sont les parents qui se plaignent des pressions exercées par des directeurs d’institutions scolaires qui veulent débuter l’année scolaire dès ce lundi 5 septembre comme prévu initialement. S’achemine-t-on vers un bras de fer entre le ministère et ces responsables d’écoles?
Que compte faire le gouvernement concrètement pour rendre possible la rentrée, le 3 octobre ? Et si la crise perdurerait et s’aggraverait, le ministère reportererait-il encore une fois la date de la rentrée, « te kwè lekòl pa ka tann » ? Autant de questions qui peinent à avoir des réponses.