Les stations d’essence en Haïti, de véritables champs de bataille

(TripFoumi Enfo) – Le 7 juillet 2018 a été un tournant pour les Haïtiens. Cette date a changé la donne sur plusieurs aspects de la vie socio-politique haïtienne. Il en est découlé l’indécent phénomène baptisé ‘’les gallons jaunes’’.
Le pétrole, liquide précieux, s’avère un produit transversal. Depuis les premières pénuries observées au cours de l’année 2018, les produits pétroliers attirent la population qui fait tout pour engranger la moindre once de gazoline dès qu’il y en a dans les stations-service.
Ainsi a pris naissance le phénomène des ‘’gallons jaunes’’. En moins de 5 ans, la tendance a gagné tout le pays au grand dam des autorités. Aujourd’hui, les longues files de personnes tenant des bidons jaunes sont monnaie courante. Mais cela ne s’arrête pas là.
Ce phénomène est à la base de grosses bagarres. Pire encore, il favorise le marché noir, car les gens les remplissent à un prix normal et les vendent au prix fort. Voilà pourquoi policiers et civils sont toujours prêts à tuer dans les stations.
En raison de la rareté de carburant, le gallon jaune s’impose comme un outil très important. On les voit à l’arrière des motos, dans les coffres des voitures ou simplement entre les mains des passants.
Munis de cet instrument, les citoyens prennent d’assaut les pompes à essence. Assoiffés, ils descendent dans l’arène, quitte à passer une journée entière à attendre l’or noir. Il faut être brave pour tenir place dans cette marée humaine. Parfois, de solides coups de poing s’invitent à la partie. Les gens sont tellement excités à l’envie de faire le plein qu’ils n’hésiteraient pas à tabasser quiconque voulait les contrarier.
Jeudi dernier, le mouvement a connu une ultime phase. Deux chauffeurs de moto ont trouvé la mort dans une station-service. Ils ont été touchés mortellement lors d’une altercation avec un individu présenté comme un policier de l’UDMO, à la station-service de « kafou Tifou », angle Chemin des Dalles et Bois-Verna, à Port-au-Prince. La station a failli être incendiée par des gens en colère.
Tel est le spectacle au relent de mort qui se déroule dans les pompes à essence. Quand cela va-t-il se terminer ? Ce n’est pas pour demain en tout cas.