Haïti

La famine frappe certaines prisons civiles, un détenu décède à Port-au-Prince

(TripFoumi Enfo) – Plusieurs établissements pénitentiaires d’Haïti n’ont plus de quoi nourrir les détenus, alerte l’avocat Arnel Remy, du Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO), joint au téléphone par la rédaction, ce mercredi 21 septembre 2022. Un détenu dénommé Olritch Toussaint a succombé à la famine, selon l’homme de loi qui appelle à l’aide.

La situation est explosive au niveau des prisons civiles à travers le pays. Ces centres carcéraux manquent de tout. À Port-au-Prince, Mirebalais, Jacmel et Jérémie, la stupeur est à son comble. La situation est exagérée avec ces dernières semaines de tension dans la capitale et dans les villes de province. La famine frappe de plein fouet la majorité des prisons civiles. Les difficultés d’approvisionnement s’expliquent en raison des barricades dressées sur les principaux axes routiers depuis le début de l’opération « Bwa Kale ».

Des détenus sont dans des situations critiques, d’autres ont déjà dit adieu à la vie. « Olritch Toussaint est le nom d’un détenu qui est mort de faim hier soir », informe l’avocat, membre du Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO), rappelant que le collectif avait, depuis plusieurs semaines, tiré la sonnette d’alarme sur la situation. « Dieu seul sait combien d’autres vont mourir », alarme Me Rémy.

La situation qui sévit dans la région métropolitaine impacte grandement sur les conditions hygiéniques des détenus. Certains se sont lavés depuis une semaine. Ils ne sont presque plus alimentés en nourriture. « Ils vivent dans des conditions infra-humaines », décrit-il.

Dans la prison civile de Jacmel, la situation est encore plus catastrophique. De janvier à septembre de l’année en cours, 17 détenus sont déjà morts dans des conditions jusqu’à aujourd’hui méconnues. Le 3 septembre 2022, la Presse a été alertée par des responsables d’organismes de défense des droits humains pour la mort des détenus Tombeau Dieuvè et Ossé Ferdinand. 24 heures auparavant, soit le 2 septembre, les détenus Jean Pierre Duralson et Sanon Lifène avaient succombé à la prison civile.

Difficultés respiratoires, malnutrition sont, entre autres, les causes de la mort de la plupart des détenus, a fait savoir Jean Jeudy, secrétaire général de Société Makaya, militant pour le respect des droits humains, interviewé par la Presse locale.

Pour aider les détenus à rester en vie, une partie de la société civile de Jacmel fait tout son possible pour alimenter la prison en nourriture. Les gens courtisent ceux qui ont chez eux des vivres alimentaires pour alimenter la prison. Selon Jean Jeudy, la majorité des 700 détenus de la prison civile de Jacmel sont malades. Les conditions exécrables d’incarcération, l’insalubrité, la malnutrition rendent vulnérables les détenus qui, pour la plupart, sont en détention préventive prolongée.

Les prisons haïtiennes sont les plus surpeuplées au monde avec un taux moyen d’occupation dépassant les 400%, ne laissant en moyenne que 0,7 mètre carré par détenu, quand les normes internationales recommandent un minimum de quatre mètres carrés par personne. Cette profonde aggravation des conditions carcérales fait craindre le pire aux directeurs de prison.

Les autorités judiciaires ont été alertées de la situation. Cependant, aucune requête n’a encore été donnée aux recommandations des organisations des droits humains.

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