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De l’aide à l’occupation, please help us « mister blanc » !

Halo ! Halo ! Manno Charlemagne ! C’est un appel placé depuis le pays des survivants, depuis Haïti. Désolé de vous réveiller de votre profond sommeil, mais la situation est urgente. À l’instar de Jovenel Moïse, vous avez perdu beaucoup de choses en si peu de temps. Les nouvelles ne sont pas bonnes, Haïti est sur le point d’être occupée encore une fois.

Manno, de là où vous êtes, nous savons que vous avez encore le mal du pays comme au temps où vous chantiez :

« Quand les princes du port gardent en main le sort
De milliers d’exilés malgré l’mal du pays
Quand tu rêves la nuit, exilé de ton île
Entends-tu tous ces cris, ces rumeurs de ta ville ?
Les musiques dans les cours, les jazzeries des commerces ?
Les enfants de carrefour et les vagues de la mer ?

Toi, tu traînes ta vie et ton mal du pays, ami
Le longs de ces hivers, tellement loin de la mer
Reviendras-tu là-bas chanter la liberté
Pour que meurent les rois qui l’avait trafiquée.
Pour que chantent à nouveau les espoirs de ton îles ?

Quand tu rêves à chez toi, n’entends-tu plus ces voix, ami
Qui criaient dans la nuit en fuyant les soldats ?
Les rumeurs de batailles, les accords de mitrailles ?
Les violons de la peur qui font grincer le cœur ?
Les cagoules dans la nuit accompagnées de cri
De familles séparées de leurs fils bien-aimés ? »

Comment oublier de telles paroles qui ont inspiré des milliers de coeur jadis ? Manno, aussi bizarre que cela puisse paraître, disons de préférence aussi paradoxale que cela puisse paraître, ce sont les dirigeants du pays qui ont appelé « Mister Blanc » pour nous occuper. Ce sont eux qui ont réclamé la présence des forces onusiennes sur le sol d’Haïti. Imaginez une seconde, près de dix-neuf ministres ont signé pour livrer le pays. Pas un seul n’a osé dire NON à cette trahison, pas même un seul n’a levé le petit doigt pour dire NON, on ne fait pas ça a un pays.

Autre bizarrerie, Manno, Haïti a beaucoup d’autres artistes qui sont encore en vie, mais qui n’ont pipé mot devant la gravité de la situation. Le plus drôle dans tout ça, bon nombres de ces artistes ont chanté par le passé au nom de la patrie, au nom de la souveraineté. Tandis qu’aujourd’hui le pays a besoin de chants et de textes  inspirés pour affronter l’adversité. Mais hélas ! Ces artistes ne sont pas là pour ça. Ils sont en ce moment trop occupés là-bas à payer leurs taxes pour penser à Haïti. C’est triste, mais on ne peut pas les  condamner, car “qui change de camp doit aussi retourner sa veste”. Aussi simple que ça.

Manno, désolé encore si vous êtes contrariés de ce que nous faisons appel à vous. Sans vouloir vous détourner de votre voie, faîtes passer pour nous le message de là où vous êtes, dites à Dessalines, s’il n’est pas trop loin, qu’il s’est sacrifié en vain, dites-lui de réunir ses fidéles Généraux au plus vite et nous faire un signe de là-haut. Faites passer le message aux autres, comme vous qui avez œuvré pour la cause d’Haïti, peut-être qu’ils feront quelque chose encore pour nous aider.

Manno, merci d’avoir pris le temps à contre-pied et recevoir cet appel. Que votre âme de patriote engagé repose en paix !

Jules Nicolas Michel

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