Haïti-Crise : Des Haïtiens s’approvisionnent en République Dominicaine pour alimenter le marché noir

(TripFoumi Enfo) – Une industrie de contrebande de pétrole illicite évolue à travers les zones frontalières de la République Dominicaine et Haïti suite à la pénurie de carburant qui prévaut dans le pays . Ces produits sont revendus sur le marché informel à des prix plus exorbitants que d’autres, dépendamment de l’endroit.

70% de la capacité totale de stockage de produits pétroliers du pays se trouvent au Terminal Varreux à Cité Soleil. Depuis le 12 septembre 2022, cet espace se trouve bloqué par les membres de la coalition criminelle dénommée G9, dirigée par l’ancien policier devenu chef de gang, Jimmy Cherizier alias Barbecue.

Maintes opérations ont été menées par la Police Nationale d’Haïti et les Forces Armées d’Haïti, mais sans succès. Les unités spécialisées ont été obligées de battre en retraite.

À défaut du Terminal Varreux, des Haïtiens ont eu recours à la République Dominicaine pour s’approvisionner en carburant malgré des interdictions au niveau de la frontière ou du marché binational.

Selon le média dominicain Listin Diario, les Dominicains et Haïtiens achètent du carburant subventionné à 5$ US le gallon dans les villes frontalières de la République Dominicaine et le font passer en contrebande en Haïti, où ils vendent le gallon à $50 US.

« Cela a provoqué des pénuries d’essence, de longues files d’attente dans les stations-service et a fait au moins doubler les ventes d’essence dans la ville frontalière de Dajabón », a déclaré Santiago Riverón, le maire de la ville.

« C’est une situation préoccupante car il n’y a pas que les Haïtiens qui traversent pour acheter de l’essence, maintenant, de nombreux Dominicains font le trafic d’essence et cela représente un danger », a ajouté Riverón.

Le gouvernement dominicain avait annoncé des mesures visant à empêcher ce trafic illicite à la frontière suite à la pénurie de carburant en Haïti majoritairement tributaire du blocage du Terminal Varreux.

« Il y a à peine deux semaines, les forces de sécurité frontalières dominicaines ont déclaré avoir saisi près de 2 700 gallons de carburant introduits en contrebande en Haïti lors d’un seul raid », selon Listin Diario.

Marché noir en Haïti

Ces produits pétroliers, une fois achetés en République Dominicaine, sont revendus en Haïti à prix fort. Dans les régions limitrophes avec la République Dominicaine, la réalité est criante. Au Cap-Haïtien, Ouanaminthe et autres, le carburant coûte les yeux de la tête, car il n’est pas approvisionné en Haïti.

« Le prix varie en fonction de la distance. Autant la région est éloignée de la frontière, autant le gallon est cher », nous explique Job, un commerçant qui se verse dans cette pratique. « Le gallon varie entre 300 à 700 dollars dans les régions limitrophes », ajoute-t-il.

La ville de Port-au-Prince reste là où le bât blesse. Les prix des produits pétroliers sur le marché noir sont beaucoup plus élevés que ceux dans les autres régions. « J’ai acheté un gallon pour ma motocyclette à 5 000 gourdes », confie un chauffeur assurant le trajet Delmas / Pétion-Ville.

Certains des produits pétroliers vendus en République Dominicaine affichent une légère différence par rapport à ceux vendus et consommés en Haïti. « La gazoline vendue en République dominicaine arbore une couleur rouge pâle. La couleur est un peu différente de celle qu’on a ici, en Haïti », précise Job, indiquant que des petits commerçants ont l’habitude de mélanger les produits avec de l’eau.

Nul ne sait à quand la fin du blocage du Terminal Varreux. Impuissant, le gouvernement a déjà demandé de l’aide auprès de la communauté internationale en sollicitant le déploiement d’une force militaire étrangère. Jusqu’à présent, rien de concret.

Entre-temps, des hôpitaux réduisent leurs services. D’autres ferment leurs portes alors que le pays vient de connaître une résurgence de l’épidémie du Choléra.

Jeff Jean