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PNH vs population : une inimitié s’est-elle créée ?

(TripFoumi Enfo) – La Police Nationale d’Haïti (PNH), l’institution républicaine ayant la noble mission qui est de “Protéger et Servir”, fait l’objet de nombreuses critiques ces derniers temps par rapport aux comportements agressifs des policiers lors des mouvements de protestation contre le gouvernement de facto d’Ariel Henry. Certaines gens voient dans les actions de la PNH le passage d’une force coercitive à une force répressive. L’utilisation de la violence par les Forces de l’ordre dans les manifestations a créé une sorte d’hostilité entre la population et les agents de l’ordre. On peut remarquer sur les réseaux sociaux des expressions tapissées de haine et d’insenbilité proférées à l’encontre des agents victimes de la machine de l’insécurité. C’est ainsi que la confiance mutuelle, nécessaire à une bonne collaboration entre les deux entités, à savoir la PNH et la population haïtienne, tend à disparaître.

L’insécurité généralisée qui sévit dans le pays depuis quelque temps a mis la PNH en face de sa responsabilité consistant à garantir la sécurité des vies et des biens. Les raisons expliquant l’inefficacité de la PNH sur le terrain sont diverses. La prolifération des gangs armés presque partout dans le pays, le manque de matériels adéquats pour mener des opérations dans le fief des gangs et le manque de volonté politique des dirigeants sont entre autres les causes de la dégénérescence de la situation d’insécurité.

On a connu cette réalité sous la gouvernance de Jovenel Moïse, deuxième version du PHTK, où la Police nationale était utilisée comme une force répressive pour contenir de nombreux mouvements de protestation. Des organisations des droits humains ne manquaient pas de dénoncer les actes illégaux des policiers mais la violence était considérée comme la meilleure réponse du gouvernement aux revendications des citoyens.

Ariel Henry, troisième version du PHTK, arrivé au pouvoir par le biais d’un tweet du Core Group, a pris, malgré son illégitimité, des décisions anti-peuple dont l’augmentation à deux reprises des prix du carburant.

Depuis plus d’un mois, le gouvernement d’Ariel Henry a pris la décision de suspendre la subvention des produits pétroliers longtemps garantie par l’État haïtien. Par rapport à cette décision, le prix du carburant a connu une augmentation de 128%. Des organisations syndicales et politiques ont considéré cette augmentation exorbitante comme une décision criminelle visant à pétrir la masse populaire dans la misère.

Pour protester contre la décision du gouvernement, une mobilisation générale a été déclenchée partout dans le pays. Le blocage des routes, des manifestations sporadiques débouchées parfois sur des scènes de pillage sont des formes de revendication utilisées par la population pour exprimer son ras-le-bol et exiger la démission d’Ariel Henry à la tête de la Primature.

Dans l’idée d’étouffer les revendications légitimes du peuple souverain, le gouvernement de facto a utilisé des corps de la PNH comme milice pour mater les manifestations. Ainsi, cette police, impuissante face aux gangs armés qui sèment la terreur dans plusieurs zones du pays, fait régulièrement usage de la violence contre des citoyens qui protestent paisiblement dans les rues.

Le 17 octobre dernier, jour de la commémoration de la mort du père-fondateur de la nation haïtienne, Jean Jacques Dessalines, une foule immense avec en tête le leader du Parti Pitit Dessalines, Jean Charles Moïse, a été violemment dispersée sous l’effet des coups de gaz lacrymogènes dans les parages de l’Ambassade des États-Unis. Un comportement condamné et dénoncé par plus d’un.

Comme président du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), Ariel Henry a utilisé politiquement la PNH pour consolider son pouvoir. Conscient de son incapacité à résoudre cette crise multidimensionnelle, le PM Henry a fait appel à une force militaire internationale pour maintenir le pouvoir et protéger les intérêts de sa chapelle politique. Pour justifier cette demande, le Premier ministre a évoqué l’incapacité de la PNH qu’il n’a, d’ailleurs, jamais donné les moyens nécessaires pour mettre les bandits hors état de nuire.

En ce sens, la réalité du pays doit interpeller les agents des Forces de l’ordre, eux-mêmes, en tant qu’humains, car ils gagneraient à accomplir leur véritable mission qui est de protéger et servir. Il est temps pour eux de passer outre des ordres illégaux des autorités politiques susceptibles de les transformer en ennemis de la population dont ils font partie. C’est de cette façon que la Police Nationale d’Haïti arrivera à regagner la confiance du peuple et bénéficiera de son soutien pour garantir la sécurité dans le pays.

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