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Les enfants de rue (kokorat) qui mendient devant les supermarchés, un fléau croissant en Haïti

(TripFoumi Enfo) – À proximité du stade Sylvio Cator, une situation de peur s’installe. Des dizaines d’enfants de rue surnommés “kokorat” quémandent de l’argent devant la façade d’un supermarché appelé La Province Market. Une pratique qui dérange totalement les clients qui ont peur d’être fouillés par ces enfants qui n’inspirent pas confiance. Malgré les efforts déployés par les responsables dudit Market pour éradiquer ce fléau latent, la conjoncture ne fait que s’empirer. Ces enfants n’aspirent à autre chose que de posséder une arme ou intégrer un groupe de bandits car, selon eux, s’ils possédaient une arme, on n’oserait jamais les chasser et on allait les appeler “Chefs”. 

Il est 4h de l’après-midi, ce vendredi 28 octobre 2022. À La Province Market situé entre les rues Oswald Durand et de l’Enterrement, des clients entrent et sortent. Des enfants de rue s’installent sur la devanture et demandent de l’argent. Des clients généreux font des dons, d’autres sortent rapidement en évitant que ces enfants de rue les touchent. Un agent de sécurité de temps à autre ouvre la porte, en faisant des gestes pour demander aux enfants de laisser passer les acheteurs. Voilà un problème qui s’ajoute aux lots de tourments des acheteurs qui fréquentent La Province Market et tout autre supermarché de la zone métropolitaine.

“Je déteste faire les courses à La Province Market. Ces enfants me compliquent la vie. Ils sont sales, leurs mains ne sont pas propres et ils me touchent. Ils sont tellement effrayants que, quel que soit le montant de la monnaie qui me reste, je leur donne tout dans l’objectif d’acheter ma sécurité”, a confié une cliente à un journaliste de TripFoumi Célébrité.  

Contacté par la rédaction, un employé de La Province Market confirme le doute des clients et la peur qui envahit ses collègues par la présence de ces “kokorat” : « Tout sa m ka di w, yo konn menase nou. Men mwen aprann tou plizyè fwa yo fè pasaj pou kèk moun k ap travay anndan an. Pi gwo pwoblèm mwen se paske anpil moun di yo se toutè pou bandi », a lâché anxieusement l’employé . 

À cause de la démission de l’État haïtien, les enfants de rue sont devenus plus dangereux et moins empathiques que jamais. Ne pouvant pas répondre à leurs besoins, posséder un pistolet devient pour eux un désir ardent. Faire partie d’un gang est leur vision de vie pour se faire respecter. « Pa okipe yo, kite yo pa ban nou vag, m ap plen bouda yo ak plon. Se zam yo wè nou pa genyen ki fè yap ranse konsa. M ap byen manche m pou yo », a relaté l’un d’entre eux. Une triste réalité qui, si elle n’est pas stoppée maintenant, aura de graves conséquences à l’avenir. Qui peut faire face à ce fléau ? On n’en sait rien, surtout quand on sait que l’État brille par son absence dans quasiment tout. Ce petit feu que l’on voit actuellement, il peut embraser toute une forêt demain. À bon entendeur salut !
 

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