Éditorial

Éditorial | Et si la religion était responsable de nos malheurs ?

(TripFoumi Enfo) – Si vous aviez lu Karl Marx, vous n’auriez eu aucun problème à comprendre que « la religion est l’opium du peuple ». Depuis la nuit des temps, les hommes ont essayé de comprendre, de dominer ce qui les dépasse. Et pour ça, ils se sont inventés un certain nombre de dieux.

Des dieux qui les protégent parce qu’ils avaient très peur de certains éléments de la nature tels le feu, la foudre, les animaux sauvages, les astres etc. Donc, ils avaient besoin d’un dieu protecteur, d’où une religion qui prône qu’il ne faut pas avoir peur, car Dieu (leur dieu protecteur) donne la sécurité.

Et ils avaient aussi besoin d’un dieu tout-puissant, l’image de leur toute puissance. Des dieux qui leur permettaient éventuellement de gagner des batailles. Des dieux qui permettaient aussi à certains rois d’asseoir leur pouvoir dominateur. Des rois qui imposaient leur pouvoir par ce dieu intermediaire et de là, ils se faisaient craindre. Tel était le cas du Roi Louis XIV qui possédait des colonies d’esclaves, dont Saint-Domingue (Haïti d’aujourd’hui).

À l’opposé, quelques hommes croient en un Dieu unique qui n’a pas été inventé par les hommes. Qui est transcendant, contrairement aux dieux que les hommes se fabriquent, et qui est créateur de toute chose. Ce Dieu, par contre, même si on voit ses œuvres, il est invisible. On ne peut pas le représenter ni avec des images ni avec des concepts. Depuis Abraham, on sait que ce Dieu se révèle aux hommes par la foi, la confiance. Ce Dieu parle à son peuple et lui fait des promesses, il entend aussi ses prières.

Une chose qui surprend toujours, c’est que l’homme préfère manifestement les dieux qu’il a fabriqués lui-même. Cela, au moins, c’est du concret, ça se voit, ça peut se toucher, même si ces statues fabriquées en or ou en argent ou en quoi que se soit d’autres sont sourdes et muettes. Bien qu’aujourd’hui l’or et l’argent soient aussi des statues que nous pouvons appeler : grosses voitures, belle maison, compte en banque, jet privé, etc. C’est du pareil au même.

Avec ces dieux, quels qu’ils soient, créés ou non, l’homme fait des sacrifices probablement pour les apaiser, jusqu’à offrir parfois ce qu’il a de plus cher. Alors, s’il y a un Dieu qui est tout-puissant, créateur de toute chose, il doit au moins être juste. Pourquoi autant d’injustice ? La réalité semble bien contredire ce que dit la Bible et ses religions inspirées au sujet de ce Dieu.

Aujourd’hui encore, les innocents payent pour les coupables. Les journalistes qui font leur travail sont tués. Les opposants aux régimes totalitaires sont privés de leurs droits, sont discriminés, torturés, assassinés. Alors que le Dieu de la Bible est tout-puissant parce qu’il a fait sortir son peuple d’Égypte à coups de miracles. Mais il n’a pas daigné lever le petit doigt pour les esclaves de Saint-Domingue, pourtant, en son nom les colons français ont réduit des hommes et des femmes en biens meubles possédés par un groupe d’hommes disant agir au nom de Dieu.

Croire que le Dieu de la Bible est juste et aimable, est difficile. Même avec le Jésus qu’on a proposé comme le sauveur, la justice a été rendue juste après sa mort. Alors, comment obtenir justice de la part de ceux qui nous ont fait croire que Dieu est bon à travers une bible ? Cette même bible qui précise dans le livre d’Éphésien, le chapitre 6 le verset 5, nous citons : « Esclaves, obéissez à vos maîtres avec crainte et profond respect, avec sincérité de cœur, comme à Christ ». Comment est-ce possible ?

Aujourd’hui, nous pratiquons les religions de nos anciens maîtres tandis que ces religions avaient toutes pour but de nous maintenir dans l’esclavage, de nous faire croire que le maître est semblable à Dieu et que nous mêmes, esclaves, nous sommes des serpillières à son service. N’avait-il pas raison quand Freud avait déclaré que « ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme mais c’est l’homme qui a créé Dieu ». La religion semble plus à un système d’obéissance très efficace qui perdure de nos jours qu’à autre chose. Elle enchaîne nos pensées et nous invite à croire en des hommes au lieu de croire en nous-mêmes.

Si c’est Dieu qui a fait sortir les Israélites, son peuple sur terre, d’Égypte, selon la Bible, pourquoi n’est-il pas venu à notre rescousse quand nous étions sous la domination des colons français ? Pourquoi a-t-il permis l’esclavage ? Ce qui est sûr, c’est que nos ancêtres ont pris l’indépendance sans l’aide de ce Dieu. Mais hélas ! En adoptant le Dieu de ceux qui nous ont traités comme des moins que rien, nous déshonorons la mémoire de nos vaillants guerriers.

C’est triste, au lieu de compter l’un sur l’autre, la religion nous enseigne que le salut est personnel. Au lieu de se donner la main, elle nous dit qu’il n’y a pas de rapport entre la lumière qui symbolise les chrétiens et les ténébres pour les païens. Au lieu de travailler pour le bien-être de notre pays, la religion nous fait croire que notre patrie n’est pas ici-bas, mais dans le ciel, elle nous dit que nous sommes dans ce monde, mais nous ne sommes pas de ce monde. Au lieu d’accepter que nous sommes du même sang, nous sommes frères et sœurs, la religion engendre des clans, chacun a sa vérité, chacun possède le monopole du savoir. Au lieu de travailler et de prendre soin de notre pays, la religion nous dit qu’il faut attendre le paradis.

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