Ils ont créé la bête, maintenant elle se retourne contre eux – Qui sera le prochain à être assassiné ?
(TripFoumi Enfo) – Haïti est devenue depuis quelque temps un mouroir à ciel ouvert. La situation est gravissime voire insoutenable. Voulant s’accaparer du pouvoir à vie, le système en place a créé une bête qui s’adonne à tout : corruption, gangstérisation du pays, trafic d’armes et de munitions, insécurité galopante, affaiblissement de toutes les institutions du pays. La bête, toujours assoiffée de sang, se retourne désormais contre ceux qui l’approvisionnent.
L’insécurité est généralisée en Haïti. Aucune zone n’en est épargnée. Jadis réputées aisées et résidentielles, des zones comme Torcel, Frères, Pernier, Laboule sont transformées en une véritable vallée de l’ombre et de la mort. Que ton véhicule soit blindé ou pas, les bandits armés n’en ont cure. Chacun attend son tour.
Il n’est un secret de polichinelle pour personne. Des hommes politiques, des membres du secteur privé, des hauts cadres de l’administration en place sont de connivence avec des gangs armés. Non seulement étant à l’origine de la situation, ils en profitent et l’alimentent dans leur intérêt mesquin. Ils ignoraient que leurs agissements, leurs relations bénéfiques avec des bandes armées n’étaient que “la façade jolie du bâtiment”, puisqu’à tout moment les bandits sans foi ni loi pouvaient devenir incontrôlables. Et de fait, ils sont devenus incontrôlables.
La nature a horreur du vide, a-t-on appris. Ainsi, les gangs armés conscients de l’inexistence de l’État, agissent comme chef suprême, n’ayant de compte à rendre à personne. On ne vous apprend pas que plusieurs bandits notoires ont déjà pointé du doigt des anciens présidents et parlementaires comme étant à l’origine de ce chaos et du fait qu’ils soient aujourd’hui lourdement armés. On se souvient par exemple du gang de Savien qui avait accusé l’ancien député Prophane Victor de les avoir alimentés en armes et en munitions. Et ce n’est que le moindre des exemples disponibles.
Ironie du sort. Des politiciens sont également victimes du train effréné de l’insécurité, leurs familles sont aussi victimes du kidnapping. Qui pis est, ils sont frappés par des sanctions telles que gel de compte, interdiction de départ, révocation de visas etc.
Toutefois, la bête demeure, plus féroce que jamais, elle amenuise l’espoir de tout une jeunesse, anéantit le rêve de tout un peuple. Brisant tout sur son passage, la lueur d’espoir, s’il y en aurait, résiderait dans une possibilité que la bête finirait par se dévorer elle-même.