Éducationsociété

Festival 4 Chemins | Entretien avec Daphena Rémédor et Février Gertrude-Hugh

(TripFoumi Enfo) – « Mon doux Tezen » : un spectacle pour les petits enfants, une adaptation du conte populaire “Tezen” réalisée dans le cadre d’une formation de l’Association Quatre Chemins en partenariat avec l’ambassade d’Espagne. Nous nous sommes entretenus avec Daphena Rémédor et Février Gertrude-Hugh, deux bénéficiaires du projet. Ils ont répondu à nos questions.

1- Est-ce votre première collaboration ? Comment a été l’expérience ?

Cela fait bien des temps que nous travaillons ensemble, nous avons collaboré sur plusieurs projets comme “kalachnikov” et “Boyin” pour ne citer que ceux-là. Ce sont nos projets les plus récents. Mais à dire vrai, c’est la première fois qu’on est que deux sur un projet. L’expérience en République Dominicaine a été très enrichissante. Nous avions fait un beau travail, la dynamique a été super intéressante, surtout le fait que nous avons le même vocabulaire de travail, nous avons l’habitude de travailler ensemble donc, nous sommes sur la même longueur d’onde. C’était plus simple pour nous dans une courte durée de créer quelque chose ensemble.

2 – Quel est l’objectif de votre pièce ? Est-ce qu’il y a un message que vous voulez faire passer ? Si oui, quel est le message ?

L’idée première, c’était de répondre aux exigences de la formation, trouver une idée pour créer un spectacle pour enfants. Au départ, ce n’était pas facile vu que c’est notre première expérience en dramaturgie de la petite enfance. Alors nous nous sommes tournés vers les contes. Nous avions comme possibilité de créer quelque chose sur les animaux domestiques (chien, chat…) ou encore nous tourner vers le monde aquatique.
Sous influence du thème de la 19e édition du festival Quatre Chemins “Sou lanmè” (sur la mer), nous avons choisi un conte ayant rapport avec la mer. “Tezen”, ce conte très connu des Haïtiens fut notre choix. Nous nous sommes entendus sur le fait que nous n’allions pas reproduire l’histoire comme telle mais effectuer une adaptation. Nous sommes partis avec l’idée du conte, nous avons vraiment utilisé deux éléments du conte qui sont : le poisson et la fille, le poisson qui symbolise le monde aquatique et la fille qui symbolise la terre. L’idée pour nous est vraiment de faire découvrir la mer aux enfants. Leur montrer que la mer est toute une merveille, tout un monde à part, tout un univers et que sur une île, il est donc important que l’on fasse dès la petite enfance une appropriation de tout ça.

3 – Quel dispositif allez-vous mettre en place pour que votre public puisse comprendre, puisse saisir le message ?

Beaucoup d’adultes ne prêtent pas attention aux enfants. Nous pensons toujours, pour que les enfants comprennent, ils sont obligés d’interpréter le monde comme nous. Les enfants interprètent le monde, ils ont déjà leur propre manière d’aborder la vie. L’idée, c’est d’aller dans leur propre monde avec leurs propres éléments pour leur expliquer quelque chose. Vu qu’il s’agit de créer un spectacle pour enfants, dans la mise en scène, nous avons utilisé très peu de parole, nous avons plutôt mis l’accent sur des matériels, des jouets, beaucoup de lumière et surtout nous avons joué avec les couleurs. La formation que nous avions eue nous a beaucoup aidée en ce sens. Elle nous a donnée des outils pour mieux aborder le monde des enfants et trouver comment créer avec eux. Cela demande de faire preuve de beaucoup de créativité.

4 – Quel sentiment vous traverse lorsque vous jouez cette pièce ?

En Haïti, on ne porte pas trop attention aux besoins, surtout affectifs, des enfants. Ce spectacle nous a permis de voyager dans le temps et de revivre nos moments d’enfants, nous nous sommes rajeunis et mis dans leur peau. Nous jouons avec le sentiment de contribuer à quelque chose qui nous dépasse. Le théâtre à ça comme pouvoir, il aide à recréer la vie, il donne la possibilité de regarder le monde sous un autre angle. Cela nous fait un bien fou d’aller dans le monde des enfants et de faire quelque chose avec eux.

5 – Est-ce qu’à l’avenir ce public peut espérer avoir des créations de ce genre ?

Bien sûr ! Nous avons déjà en tête le travail à faire. L’année prochaine, nous avons comme projet de réviser les contes haïtiens, ceux qui ont surtout un rapport avec les enfants, l’eau, les animaux et de faire un catalogue de manière à créer d’autres spectacles pour enfants. Nous pensons à des créations peu volumineuses en termes de durée et qui nécessitent très peu de matériels. C’est une façon pour nous de trouver le financement nécessaire à l’aboutissement de ce projet. Avec ces créations, nous projetons d’organiser des tournées dans plusieurs départements du pays, de jouer dans diverses écoles et espaces pour enfants. Nous aimerions également bénéficier d’autres formations de ce genre, un master sur la dramaturgie de la petite enfance par exemple. Nous aimerions également avoir la possibilité de partager notre savoir et savoir-faire avec d’autres jeunes.

En partenariat avec le Festival Quatre Chemins, la rédaction de TripFoumi Enfo vous propose un ensemble d’entretiens réalisés en prélude à la tenue de la 19e édition de l’événement.

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