Chine

Xi Jinping en Arabie saoudite, une visite aux enjeux géostratégiques commerciaux majeurs

(TripFoumi Enfo) – Le président chinois Xi Jinping a démarré, le mercredi 7 décembre, une visite de trois jours en Arabie saoudite. Ce voyage inédit, depuis le dernier il y a 6 ans, de l’homme fort de l’Empire du Milieu dans le Royaume saoudien traditionnellement allié des Américains, intervient dans un contexte où les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite sont au plus bas. Une situation surtout provoquée par le refus de Riyad, à travers l’Opep+, d’augmenter sa production de pétrole, contrairement à la demande de Washington.

D’ailleurs, alors qu’il avait promis de mettre le Royaume sur le banc des parias pour des actions similaires à celle de l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi, devant la crise énergétique et pétrolière provoquée par la situation en Ukraine, Joe Biden a dû manger sa fierté et se rendre personnellement à Riyad. Malgré cela, il n’a pas obtenu satisfaction, signe que le temps où l’Arabie saoudite se sentait totalement dépendante de sa bonne relation avec l’oncle Sam est bel et bien révolu.

Devenue entre temps la deuxième puissance économique du monde et particulièrement la plus grande importatrice de pétrole au monde, pendant que les États-Unis n’ont plus besoin du pétrole du Moyen-Orient, la Chine devient automatiquement un partenaire plus attractif pour la région.

“Je suis très heureux de visiter de nouveau l’Arabie saoudite après six ans”, a déclaré Xi Jinping, d’après la chaîne de télévision publique chinoise CCTV. La Chine, d’après les propos de son président, considère le Royaume saoudien comme “une force importante dans un monde multipolaire” et “attache une grande importance au développement d’un partenariat stratégique global” avec ce pays du Moyen-Orient.

La volonté de Riyad de diversifier ses relations

En effet, cette visite coïncide avec la volonté du Royaume de diversifier ses relations économiques et politiques. Déjà, seulement dans la journée du jeudi 8 décembre, elle a permis la signature d’une série d’accords évaluée à 29.25 milliards de dollars américains.

Les accords signés entre les deux pays concernent l’énergie, l’hydrogène, ainsi qu’un autre qui a pour objectif de coordonner le programme saoudien visant à diversifier son économie à travers l’initiative chinoise des “nouvelles routes de la soie”. Parmi ces accords se trouvent également un projet pétrochimique, le développement de logements et l’enseignement de la langue chinoise. Normalement, la plupart de ces domaines font partie des éléments importants dans le contexte mondial actuel.

Par ailleurs, cette visite marque un plus grand rapprochement de l’Arabie saoudite de la Chine au détriment des États-Unis dont l’influence sur ce pays diminue. Cette situation peut s’expliquer également par l’importance que revêt la Chine pour l’Arabie saoudite. Le quart du pétrole saoudien est exporté vers la Chine qui est le plus grand consommateur de pétrole au monde. De son côté, l’Arabie a augmenté ses importations d’armes en provenance de Pékin.

Selon Khaled al-Falih, le ministre saoudien de l’Investissement, c’est une visite “contribuera à accélérer le rythme de la coopération économique” entre Ryad et Pékin. En effet, pour des observateurs, c’est une occasion extraordinaire pour les entreprises chinoises de rafler des contrats liés à de grands projets en cours dans le pays dans des domaines où la Chine excelle comme les nouvelles technologies.

Washington met en garde contre l’influence de Pékin

Sortie bredouille dans sa démarche de forcer Riyad à augmenter le quota de production de pétrole de l’Opep+ afin de réduire l’envolée du prix du baril de pétrole sur le marché mondial, l’administration de Joe Biden met en garde contre l’influence de Pékin qui souhaite, selon elle, “de gagner le monde entier”.

Considérant d’autres événements majeurs de cette visite de Xi Jinping dans cette région qui est historiquement la chasse gardée de Washington, il est aisé de comprendre son inquiétude. En effet, cette visite sera l’occasion du premier Sommet sino-arabe.

D’ailleurs, ce vendredi 9 décembre, c’est à deux sommets distincts que doit prendre part le président chinois. Le premier, avec uniquement les dirigeants des six États du Conseil de Coopération du Golfe riches en hydrocarbures (CCG-Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman) et le second, en plus de ces derniers, avec de nombreux dirigeants arabes tels que les présidents de l’Égypte et de la Tunisie ainsi que les Premiers ministres de l’Irak et du Maroc.

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