Éditorial

Éditorial | En Haïti, la Noël est orpheline et de père et de mère !

(TripFoumi Enfo) – On célèbre la Noël, en Occident, tous les 25 décembre de chaque année. En Haïti, depuis quelque temps, presque plus de célébration de cette fête d’origine chrétienne, constate-t-on. Les jours se succèdent, les calamités également. Nombreux sont les Haïtiens vivant au seuil de la pauvreté. Quant aux actes d’insécurité, ils se multiplient un peu partout sur le territoire national et ceci, sous les yeux passifs des autorités de l’État.

À quelques jours de l’achèvement de l’année 2022, on peut donc se permettre de faire le bilan des mois écoulés : difficile a été le quotidien des Haïtiens. Ces derniers, du moins une bonne partie d’entre eux, croupissent dans la misère, celle la plus abjecte. Des cas d’enlèvement et d’assassinat, la cherté de la vie, la migration massive de nos compatriotes vers d’autres pays et leur rapatriement sans considération aucune, voilà un ensemble d’évènements malheureux à avoir marqué les esprits.

Cette situation a affecté le train de vie de ce peuple noir, au passé fascinant, glorieux et légendaire. Il y a une dizaine d’années de cela, certaines gens ressentaient la fête de Noël depuis septembre grâce aux belles chansons tirées de notre répertoire musical. Des groupes comme D’zine, Bossa Combo, Tropicana, Coupé Cloué et d’autres artistes dont Lionel Benjamin, le feu Mickaël Benjamin, Arly Larivière, Stanley Georges nous ont gratifié de textes qui ne prennent aucune ride.

Mais, aujourd’hui, il fait un temps triste et nostalgique en Haïti. Un temps de douleur et de désespoir, quoi. Des magasins restent fermés quand la nuit arrive. Certaines traditions meurent sous nos yeux. C’est l’urgence que nous gérons. L’urgence pour remplir difficilement notre ventre et de sauver notre peau face aux assauts des criminels lourdement armés, qui tuent, kidnappent et violent. Sauve qui peut ! Alors, l’esprit de noël s’éloigne.

Ni les radios ni les télévisions ne tournent presque plus ces morceaux qui ont bercé notre enfance. Pas de réveillon. Pas de soirée de gala. Pas de sapins. Pas de fanal. La Noël, en Haïti, est comme ces enfants abandonnés à leur sort au Champ de Mars, place publique située à quelques encablures du Palais présidentiel. Ah, on a perdu le goût des fêtes !

Triste constat. Il y a ce fameux personnage du sublime roman “Compère Général Soleil”, Hilarius Hilarion, qui nous rappelle qu’il y avait des gens pour qui la Noël a été toujours orpheline et de père et de mère. Oui, il y avait toujours des infortunés, sans l’amour d’une Claire-Heureuse, qui n’auraient jamais connu la joie dans leur vie. Bref, il est un fait dont on ne peut contester la véracité : en Haïti, la Noël est orpheline et de père et de mère pour beaucoup de personnes !

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