PolitiqueCultureSécuritésociété

Les côtés sombres de 2022

(TripFoumi Enfo) – 31 décembre. Et l’année touche à sa fin. 2022 a été un véritable calvaire pour le peuple haïtien qui se cherche sans jamais se trouver. Retour sur quelques faits qui ont contribué à assombrir le quotidien de la population.

Après une année catastrophique de 2021, Haïti nourrissait le rêve de sortir la tête de l’eau, d’aspirer à de nouveaux horizons, de relever les défis du moment et surtout de croire en la promesse des jours meilleurs. Si aux 3 premiers jours de janvier l’ambiance des fêtes persistait encore, la tendance n’a pas tardé à changer de camp. Le répit aura été de courte durée. Comme quoi, chasser le naturel, il revient au galop. Avant même le douzième anniversaire de la commémoration de la fatidique date du 12 janvier, les hostilités étaient déjà lancées et révélaient du même coup un mauvais présage.

La nouvelle de l’assassinat de John Wesley Amady et de Wilguens Louissaint, le 6 janvier, à Laboule, a jeté un froid. Les deux professionnels de l’information ont été lâchement abattus dans le cadre d’un reportage. De prime abord, les jours s’annonçaient difficiles pour la presse.

Janvier est connu pour ses longs jours interminables. Dans une atmosphère tendue, avec une frange de la population médusée par les meurtres commis sur les deux journalistes, le mois de février emboîte le pas. Il a surtout été marqué par la hargne des ouvriers de la sous-traitance. Ces derniers avaient opéré une grève, gagné les rues pour protester contre les abus dont ils sont victimes et ont réclamé un salaire minimum décent et en accord avec les exigences de l’heure. Dès cette période, l’inflation avait déjà montré le bout de son nez. Ce qui a favorisé la flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché. Sans mentionner que l’ensemble de la population n’avait pas encore digéré le dernier ajustement du prix de l’essence. À bien des égards, ces deux (2) premiers mois couvaient en eux les signes avant-coureurs d’un soulèvement général.

Puis vient le mois de mars. Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince,la violence et la puissance des bandes armées sont montées d’un cran. Du nord au sud, les riverains étaient livrés à eux-mêmes, à la merci des bandits. À Martissant, à Pernier, à Croix-des-Bouquets, les hommes armés imposent leurs lois. Ils dépouillent les familles. Ils violent. Ils assassinent. Et tout cela, au grand jour. Au su et au vu de tout le monde. C’est le règne de l’impunité.

Le peuple haïtien n’avait pas fini de reprendre son souffle que le mois d’avril arrive avec son lot d’insolites. Crash d’un avion à Carrefour. Les passagers à bord sont morts, en plus des personnes se trouvant à proximité dans un tap-tap. Poisson d’avril ? Le mois d’avril a vu commencer timidement les affrontements entre les gangs rivaux de la Plaine du Cul-de-Sac qui se sont soldés par des massacres et des exactions sans commune mesure. Ces luttes pour l’extension de territoires s’étendront jusqu’au mois de mai. Les différents bilans des organismes des droits humains dépeignent une situation horrible, à la limite d’une hécatombe. Des centaines de familles avaient été chassées de leurs logis. Aujourd’hui encore, bon nombre d’entre elles dorment à la belle étoile. D’un autre côté, la corruption gangrène le pays. Romel Bell, ex-DG des douanes, a été épinglé dans un scandale.

Juin. Le début de la période cyclonique. Sauf que pour cette année, les tempêtes, les tornades, les alertes ont été plus d’ordre politique qu’environnemental.

Depuis quelque temps, le mois de juillet s’avère difficile pour l’imaginaire haïtien. Il s’agit du mois des émeutes. C’est également le mois de l’assassinat du Président Moïse en 2021. Pour l’heure, contrairement à la formule habituelle, “l’enquête ne se poursuit pas”. Elle stagne. Par ailleurs, la pénurie en produits pétroliers s’est fait sentir et allait par la suite déclencher une vague de protestation à travers tout le territoire national. Nouvel épisode de “peyi lòk” à la clé.

Le mois d’août marque l’avortement de la rentrée des classes en raison de l’augmentation du prix de l’essence. Une rentrée qui n’est pas encore effective. Elle se fait « ti pa ti pa ». Les protestataires n’en démordaient pas. Ils bloquaient les axes routiers dans la zone métropolitaine tout comme dans les provinces. Sans transition, septembre pointe son nez, témoin des différents actes de vandalisme et de pillage dans le pays. Bwa kale !

Octobre. Le mois de la honte. De la douleur. Alors que le gouvernement s’acharnait à dire que tout était ” sous contrôle “, les évènements ont dégénéré. Ce qui a poussé les autorités à quémander une intervention internationale musclée et urgente. Entre-temps, à Paris, Mikaben est mort sur la scène de l’Accor Arena lors du concert de retrouvailles des membres de Carimi. Désolation totale. Le pays tout entier a pleuré le départ de ce fils qui a su toujours chérir Haïti. En fin de mois, Éric Jean Baptiste a été crapuleusement été assassiné à Laboule.

Novembre. Mois de pluie. Pluie de sanctions. Le Conseil de Sécurité de l’ONU, le Canada et les États-Unis ont sanctionné des personnalités publiques ayant une part de responsabilité active dans la crise économique et sécuritaire du pays. Ces puissances leur reprochent leur participation ou soutien aux actions criminelles et à la violence des gangs armés, aux trafics illicites, détournements de l’aide humanitaire dans le pays.

Les fêtes de fin d’année se profilaient à l’horizon. La population aspirait à goûter à un peu de répit et espérait voir l’année finir son cours sans encombre. Grâce à l’accord du 21 décembre, Ariel Henry s’accroche au pouvoir et déçoit tout le beau monde qui rêvait de le voir partir.

VISAGE DE L’ANNÉE

2022 aura été un prolongement de l’année 2021, une progression dans le chaos. Nous avions beau formuler tous les meilleurs vœux à l’autre dans l’espoir de vivre autre chose que ce qui nous rebutait en 2021, le malheur a quand élu domicile sur nos terres. C’est avec le cœur lourd que la rédaction de TFE vous offre ici un concentré des évènements tristement marquants de 2022…

Voyons tout cela ensemble.

Dimanche 23 janvier 2022

Décès de Nègès Da, la fille talentueuse de la maîtresse Thoy’Art

Nègès Da, âgée seulement de huit (8) ans, est décédée. Cette fillette très talentueuse qu’on avait l’habitude de voir avec la maîtresse “Thoy’Art” sur Facebook est passée de vie à trépas.

Samedi 6 août 2022

L’ex-Sénateur Yvon Buissereth assassiné et son corps brûlé à Laboule

Yvon Buissereth, ancien représentant du département du Sud au Sénat, Directeur Général de l’Entreprise Publique de Promotion des Logements Sociaux (EPPLS), a été tué à Laboule 12 et son corps calciné par le gang de Ti Makak.

Samedi 20 août 2022

Josette Fils Desanclos, Sarhadjie et Sherwood Sondjie Desanclos assassinées à Tabarre 27

Dans la commune de la Croix-des-Bouquets, des bandits lourdement armés, logés à Cité Doudoune, ont assassiné, à proximité de Tabarre 27, plus de 5 personnes, parmi lesquelles, 3 membres d’une même famille : une mère et ses deux filles.

Samedi 15 octobre 2022

L’artiste Mikaben décédé en plein concert à Paris

Après avoir offert une prestation avec le groupe CARIMI sur la scène de l’Accord Arena, à Paris, l’artiste haïtien, Michael Benjamin, s’est effondré sur le podium. Malgré les tentatives des médecins et secouristes, le chanteur est mort.

Vendredi 28 octobre 2022

Eric Jean Baptiste assassiné à Laboule 12

Eric Jean Baptiste, secrétaire général du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) et ancien candidat à la présidence d’Haïti, a été tué par balles sur la route menant à son domicile, à Laboule 12.

Dimanche 30 octobre 2022

« Romelson Vilcin a été tué par balle à l’intérieur du Commissariat », maintient Rénald Petit-Frère, témoin de l’événement

Beaucoup de confusion autour de la mort du journaliste Romelson Vilcin survenue le. Selon une note de la Police, il est mort dans un centre hospitalier après avoir été blessé au Commissariat de Delmas 33. En revanche, son confrère Rénald Petit-Frère, témoin de l’événement, dément et précise. Intervenant sur Magik 9, ce lundi 31 octobre, il persiste et signe que la victime a été touchée par balle et a rendu l’âme sur la cour du poste de police.

Vendredi 4 novembre 2022

Joseph Lambert et Youri Latortue sanctionnés par le Canada pour trafic de stupéfiants et financement de gangs armés

En effet, la communauté internationale, notamment le Canada, ne cesse de prendre des mesures contre certaines personnalités haïtiennes qui seraient à la base du chaos que vit le peuple depuis quelque temps. Le président du Sénat haïtien Joseph Lambert et l’ancien président du Sénat Youri Latortue sont visés par ces sanctions, en réponse à la conduite inacceptable de ces politiciens, qui apportent un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés, selon les agences de renseignements du Canada et des États-Unis.

Dimanche 20 novembre 2022

Michel Martelly, Laurent Lamothe et Jean-Henry Céant sanctionnés par le Canada.

De nouvelles personnalités de l’élite politique haïtienne sanctionnées par une puissance occidentale pour des affaires louches. L’ancien président Michel Joseph Martelly et les anciens Premiers ministres haïtiens, Laurent Salvador Lamothe et Jean-Henry Céant sont les nouvelles figures importantes de la politique haïtienne sanctionnées par le Canada.

Vendredi 2 décembre 2022

Hervé Fourcand et Rony Célestin sanctionnés par les États-Unis pour trafic mondial de drogue

L’Office Foreign Assegs Control (OFAC) a annoncé avoir pris des sanctioms contre deux personnalités politiques haïtiennes. Il s’agit de Rony Célestin et Hervé Lénine Fourcand. D’après l’organe du Département du Trésor des États-Unis, ils sont tous deux accusés, et sanctionnés, dans le trafic mondial de drogue. Et selon la structure internationale, le Sénateur du Centre a utilisé sa position politique pour faire transiter de la drogue en Haïti, en provenance du Vénézuela vers les États-Unis et les Bahamas.

Lundi 5 décembre 2022

Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah sanctionnés par le Canada

Plusieurs membres du secteur économique haïtien sont sanctionnés par le Canada. C’est ce qu’a annoncé Mélany Joly, Ministre canadienne des Affaires étrangères, dans un communiqué publié, ce . Il s’agit de Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah qui sont, tous les trois, interdits d’entrée sur le territoire canadien. Ils sont accusés d’avoir apporté un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés.

Vendredi 9 décembre 2022

D’autres Haïtiens, dont Romel Bell, et leurs proches sanctionnés par les États-Unis pour corruption

Les États-Unis ont à nouveau sanctionné des Haïtiens. Il s’agit de Romel Bell, ancien Directeur de l’Administration Générale des Douanes (AGD) et un membre de sa famille, mais également du Sénateur Rony Célestin et plusieurs de ses proches. Ils sont tous accusés d’avoir utilisé leur position pour se livrer à des activités de corruption qui ont porté atteinte à l’intégrité du gouvernement haïtien, selon ce qu’a rapporté le Département d’État américain.

Adblock Detected

Please consider supporting us by disabling your ad blocker