Célébrité

” Saisons sauvages ” ou les affres du désespoir

(TripFoumi Célébrité) – Auteure de ‘’Fado ‘’, Kettly Mars se passe de présentation dans le milieu littéraire haïtien. Ses livres, pour la plupart, surgissent du terroir national. ‘’Saisons sauvages’’ s’impose comme le parfait exemple.

À travers cet ouvrage, Mme Mars a gagné le pari consistant à lier l’insupportable au réel. D’une plume alerte, elle a trouvé les mots justes pour relater l’injustice qui régnait au temps de Papa Doc. Si le titre peu évocateur cache le contenu du roman, il n’en demeure pas moins réel qu’il donne froid dans le dos. Écrit dans une langue moderne, l’auteure joue avec les signes de ponctuation, surtout la virgule. Elle s’en sert pour laisser, des fois, respirer le lecteur et tantôt pour le tenir en haleine.

Cet ouvrage propose un long voyage où le lecteur attentif ne tardera pas à découvrir des histoires enchevêtrées. Malgré les exactions de François Duvalier dont il est question dans la narration, la lecture ne demande qu’à être poursuivie, laissant de côté toute hésitation.
C’est un livre qui dit la violence et l’amour à la fois.

Ayant pour toile de fond la dictature et l’amour, le récit captive. Gabriel Garcia Marquez l’aurait titré ‘’L’Amour au temps de la dictature”. Et notre cher Trouillot ‘’L’Amour avant que j’oublie’’. Le livre s’ouvre sur une incarcération arbitraire ou presque. Daniel Leroy, intellectuel réputé, a été appréhendé par les sbires du dictateur et jeté en prison. À travers son journal, ce dernier s’en prenait ouvertement au monstre naissant. Agissant de la sorte, Leroy ne calculait pas la portée de ses actes. Et sa famille allait en pâtir.

Désespérée, sa femme Nirvah, jolie mulâtresse, va se lancer dans une course contre la montre pour tenter de sauver la peau de son mari. Une de ses démarches l’a conduit auprès du secrétaire d’État Vincent, un parvenu et bras droit de Duvalier, qui n’a pas tardé à succomber à ses charmes.

Cette rencontre peu fortuite a entraîné une foule de maux et de bonheur à sa suite. Alors que le ciel assombri de Nirvah a recouvré sa clarté, un orage inattendu allait le rendre plus sombre que jamais. Comme quoi on ne peut pas tout avoir. Daniel l’a appris à ses dépens. Tombé en disgrâce, Vincent ne jouissait plus des faveurs de Papa Doc. Il s’est perdu par amour.

La lecture de « Saisons sauvages» est pareil au fait d’escalader une montagne. L’on éprouve de la satisfaction lorsqu’on arrive au sommet et que l’on contemple le chemin abrupt parcouru. Mars a pris le soin de boucler l’histoire en laissant au lecteur le privilège d’imaginer une fin à la hauteur de sa faim. Finement joué.

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