Éditorial

Éditorial | De l’opération bâclée à Village-de-Dieu au dernier drame de Pétion-Ville, la PNH en agonie

(TripFoumi Enfo) – Cette semaine, la Police Nationale d’Haïti a perdu au moins quatre de ses membres lors d’une embuscade qui leur avait été tendue par des individus armés, à Pétion-Ville. Cette nouvelle perte en vies humaines chez l’institution plonge non seulement les autres policiers et leur famille dans une tristesse profonde, mais aussi elle renforce l’incertitude de la population jusqu’à interroger la volonté complice des autorités de l’État dans l’assassinat des fils et filles issus des entrailles des masses populaires.

Le drame, survenu le vendredi 12 mars 2021 à Village-de-Dieu, où cinq agents des unités d’élite de la PNH avaient été assassinés par des voyous armés, a ouvert la voie à la construction d’un autre discours concernant les Forces de l’ordre. Si dans un premier temps, on soulignait le manque de volonté des dirigeants à pouvoir combattre les bandits armés, dans un second temps, l’opération ratée de Village-de-Dieu a permis la construction d’un autre narratif sur le seul corps armé actif du pays. Manque de matériels et de munitions pour pouvoir attaquer les gangs armés. Le temps est révélateur de tout. Les images de la tragédie de Village-de-Dieu s’incrustent dans la mémoire collective. Des corps mutilés et traînés par terre. Des armes saisies. Des blindés pris en otage dont un incendié. L’échec total.

De 12 mars 2021 à aujourd’hui, aucune opération sérieuse, conséquente, n’a été préparée pour pouvoir traquer les civils armés qui prennent la vie en otage dans les différents coins et recoins du pays. Au contraire, ces derniers deviennent de plus en plus puissants dans le pays. Que ce soit à l’entrée Sud de la Capitale haïtienne ou à l’entrée Nord, seuls les civils armés sont capables de décider si l’on doit circuler ou pas.

Pour l’année 2022, 54 policiers ont été assassinés, selon Lionel Lazarre, coordonnateur du Syndicat national des policiers haïtiens (SYNAPOHA). En lieu et place d’une réponse musclée aux criminels qui sèment le deuil au sein de l’institution, les assassins se sont renforcés, et continuent de défier les Forces de l’ordre au quotidien. À titre de rappel, le Collectif Défenseur Plus, dans un rapport publié le 12 septembre 2022, avait révélé que plus de 150 policiers ont été assassinés et plus de 1 200 renvoyés de l’institution policière de 2020 à 2022.

L’acquisition des nouveaux véhicules blindés n’était que de la poudre aux yeux, semble-t-il. Les malfrats contrôlent leurs territoires et maintiennent la pression. Le haut État-major de la PNH continue de transférer des responsables un peu partout, la situation reste la même, disons mieux, s’empire jour après jour.

L’intervention du vendredi 20 janvier 2023 ayant débouché sur l’assassinat de quatre policiers à Pétion-Ville devait être la dernière goutte d’eau, de façon générale, celle qui aurait révolté la société et les responsables au plus haut niveau. Tel n’est pas le cas. C’est une institution policière en agonie où chaque agent attend son tour. L’inévitable mort.

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